La fin des idées reçues sur l’avion d’affaires

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Jet privé : à ce mot, travel managers ou voyageurs professionnels alignent les zéros dans leur tête en même temps que s’affichent des images de richissimes passagers et de paillettes. Mais si l’aviation d’affaires représente un budget important, cette alternative de transport offre plusieurs avantages qui font de l’affrètement de ces appareils de véritables outils de travail.

Le recours aux jets d’affaires pour les déplacements professionnels est beaucoup plus intégré dans la culture des entreprises aux USA qu’en France et en Europe. D’ailleurs au pays de l’Oncle Sam, les sociétés ne parlent pas d’avions privés mais de «Business Tool». En effet, pour saisir les avantages de ce type de transport, il ne faut pas penser en terme de valeur faciale mais plutôt en retour sur investissement.

Simplicité

Les entreprises inquiètes face aux tarifs et à l’inconnu n’osent pas toujours faire la démarche de la demande. Mais «C’est comme un taxi volant», assure Bernadette Deschamps, Ventes and Sales Manager d’Air Partner, spécialiste de l’affrètement aérien. «C’est très simple. Nous pouvons établir un devis en 30 minutes, et même faire une première estimation par téléphone si nécessaire pour les projets les moins complexes». Moins soumis aux problèmes de disponibilités et de capacités que les compagnies aériennes traditionnelles et low-cost, il est également possible de réserver le matin pour l’après-midi ou encore de changer de destination à quelques heures du départ (et parfois même pendant le vol). Autre avantage de ce mode transport, il ne souffre pas des mêmes désagréments que les transporteurs aériens grand public : les passagers peuvent se présenter à l’aéroport moins de 15 minutes avant le départ et leur avion ne décollera jamais sans eux. Ainsi les voyageurs d’affaires n’ont plus à stresser s’ils sont bloqués dans un bouchon ou que leur rendez-vous se prolonge, ils ne peuvent pas louper leur vol.

Economie

La fin des idées reçues sur l’avion d’affaires
Si l’heure de vol est plus onéreuse que sur une low-cost ou une compagnie traditionnelle (bien qu’elle soit assez compétitive pour les lignes moyen-courriers), les jets d’affaires permettent de faire de nombreuses économies au sol. En effet, la flexibilité des horaires et des dates de ce mode de transport donne la possibilité d’effectuer ses déplacements dans la journée, évitant les dépenses hôtelières. De plus, l’offre des destinations est également plus importante puisque les avions ont la possibilité de se poser sans escale sur leur aéroport de destination et sur des aéroports plus petits. «L’Europe profite d’un maillage très important. La France, par exemple, dispose de plus de 400 aérodromes. C’est mieux que les USA», souligne Corentin Denoeud, Président Directeur Général de Wijet. Avoir accès à des aéroports moins grands permet également d’être au plus près de son avion aussi bien au départ qu’à l’arrivée. «Si l’usine à visiter est retirée, l’entreprise économise bien des coûts de transferts ou de location de voiture», ajoute t-il. Il faut également penser que le prix du vol est à diviser entre le nombre de passagers à bord (plus ou moins important selon le type de l’appareil choisi pour le trajet) et au final, il n’est pas rare de constater qu’un vol affrété sur une destination précise est moins onéreux qu’un déplacement complexe par les voies traditionnelles.

Temps de travail rentabilisé

La fin des idées reçues sur l’avion d’affaires
Généralement les entreprises affrètent ou réservent un avion d’affaires pour leurs salariés à haute valeur ajoutée. En plus d’optimiser leurs trajets par des liaisons directes sans correspondance et des mises en place vers l’aéroport moins longues, les voyageurs profitent d’un espace totalement dédié au travail ou au repos pendant le vol. «L’A380 est tellement silencieux que les passagers en première ou Affaires remarquent qu’il est difficile de travailler avec un collègue sans craindre d’être entendu par des oreilles indiscrètes. Je me suis fait la même réflexion lors d’un déplacement en Thalys. J’entendais la discussion de mes voisins qui préparaient une réunion. Dans un avion privé, les salariés n’ont pas ce problème. Seuls à bord, ils ont la possibilité de se pencher sur leurs dossiers sans problème de confidentialité», remarque Corentin Denoeud. Petit plus, cet avion réservé uniquement pour la société peut se transformer en moment de convivialité et de détente entre collègues. Pas de pleurs d’enfants, pas de voisins bruyants… Les utilisateurs de jet d’affaires qui n’ont pas besoin de travailler peuvent aussi profiter du trajet pour se reposer pendant le vol. Sans le stress du retard ou des files d’attentes à la sécurité, les voyageurs d’affaires arrivent ainsi frais et dispo pour leurs rendez-vous. Des conditions de déplacement confortables permettront peut-être d’avoir le supplément d’énergie pour parvenir à la signature du contrat ou d’effectuer efficacement les tâches assignées. Un vrai plus.
Plus simple, souvent économique, l’aviation d’affaires a le vent en poupe. Lufthansa a mis le cap sur les USA avec NetJets, Singapore Airlines a étendu son partenariat avec JetSuite. En France, Directfly vient ainsi de se poser à Lille, démontrant qu’un Lille-Genève, impossible à réaliser en aller-retour à la journée par les moyens traditionnels, est rentabilisé dès le deuxième passager. Globalement la tendance est au turbo-propulseur qui, avec un vol à 1200 €/heure, est plus économique que la plupart des jets plus rapides, mais plus chers. Les aéroports ne s’y sont pas trompé : la plupart disposent d’un espace dédié à l’aviation d’affaires et leur confort s’améliore en permanence, preuve de l’apport de ces plates-formes pour les entreprises qui les fréquentent.

Sophie Raffin