La mécanique des flux appliquée à l’aérien

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Tous les voyageurs d'affaires en ont fait l'expérience: l'embarquement à bord tient, selon les vols et les compagnies, du parcours du combattant ou de l'installation rapide, comme des grains de sable trouvant d'emblée leur place dans le sablier. Sauf que dans cet exercice, les grains sont plus ou moins gros et plus ou moins mobiles ! Une émission de télé vient de le montrer, en améliorant nettement les résultats.

On se souvient avec le sourire des multiples tests d'évacuation, pour certains filmés, organisés pour l'A 380 notamment à Hambourg. Le record avait été battu avec des employés d'Airbus volontaires, qui avaient réussi à évacuer 853 passagers et 20 membres d'équipage en 90 secondes. Pour compliquer le test, l'opération 'était déroulée dans le noir, avec 8 sorties sur 16 bloquées sans que les passagers sachent lesquelles. L'exploit avait coûté une jambe cassée à un volontaire, mais le test avait permis à l'Agence européenne de la Sécurité aérienne et à son homologue américaine la FAA de préparer les homologations.

Moins d'enjeu mais plus de fun pour le jeu organisé dans l'autre sens par le producteur du jeu "This vs That": 72 volontaires d'âges variés et chargés de bagages à main, y compris des parents accompagnés d'enfants, ont été invité à tester différentes possibilité de chargement d'un avion 757. C'est donc un mono-couloir avec 2 sièges de chaque côté qui a été testé. Cinq scénarios ont été essayés: l'embarquement purement aléatoire, l'embarquement en "blocs" de l'arrière vers l'avant, l'embarquement un à un de l'arrière vers l'avant, la méthode dite Wilma (passagers côté fenêtres avant passagers couloirs) et la méthode Steffen. Cette dernière est celle d'un astrophysicien, Jason Steffen, intrigué par la question depuis plusieurs années. Il a imaginé d'embarquer les passagers du fond de l'appareil vers l'avant, lui aussi, amis en sautant une rangée sur 2. L'idée est de permettre de ranger ses bagages sans se marcher sur les pieds avec les voisins. Résultat du test: sa méthode permet de gagner 50 % du temps : 3'36 contre 6'54 ou 6'11 aux chargement de l'arrière vers l'avant. 4'44 pour le chargement aléatoire (comme le font les compagnies low-costs qui n'attribuent pas de siège) et 4'13 pour Wilma. Pas de doute: les compagnies qui espèrent embarquer plus vite leurs passagers ont encore des leçons à prendre, y compris du côté de la téléréalité... et des ingénieurs !

Hélène Retout