La mort de Ben Laden : les incertitudes sur les risques terroristes et l’avenir d’Al Qaida

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Les ambassades de France situées en zone sensible sont en alerte et, selon nos sources, Air France et ses escales, seraient invitées à la grande prudence ces prochaines semaines. Dans sa dernière lettre d'information, Geos, sous la plume de Louis Caprioli, Directeur Sécurisation du Développement à l'International, évoque les risques liés à la mort du Leader d'Al Qaida. Nous reproduisons ci-dessous son texte.

Les conséquences de l’élimination de Ben Laden par les Américains inquiètent les experts, les observateurs ou l’opinion publique. La principale crainte porte sur les éventuelles représailles, certes contre les intérêts US, mais chacun redoute d’être une cible directe ou collatérale. En l’état actuel, seules des supputations sont possibles et n’éclairent en rien sur la volonté des « héritiers » du fondateur d’Al Qaida. Le principe de précaution doit être la règle, d’autant plus pour la France que notre pays a été cité et menacé dans les deux dernières interventions audio de Ben Laden en octobre 2010 et en janvier dernier. Il nous reprochait, comme son adjoint Ayman Al Zawaheri, la loi sur la burqua et précédemment sur le « voile » ainsi que notre présence en Afghanistan, alors qu’il y a plus de 40 pays membres de la coalition dans ce pays. Il a adoubé l’émir d’AQMI en septembre 2006 et son adjoint avait déclaré dans une vidéo le 11 septembre que cette organisation terroriste allait être une épine dans la gorge des Américains et des Français. AQMI n’a cessé aussi de nous menacer et détient, depuis le 16 septembre 2010, 4 Français en otages, dont le sort avait été mis entre les mains de Ben Laden.

L’avenir de l’organisation, son unité ou son éclatement dépendra de la décision, qui sera prise par le successeur de Ben Laden, désignée par une assemblée de responsables d’Al Qaida. Il ne sera pas évident de trouver un personnage aussi " charismatique " qu’Oussama et les rivalités ou antagonismes pourraient surgir, entrainant la disparition d’un leadership.
Avant de se lancer dans une nouvelle stratégie, les dirigeants d’Al Qaida devront tirer les enseignements de cette élimination, notamment en ce qui concerne la détention de documents récupérés par les Américains à Abbottābād, leur exploitation constituant une menace si des renseignements sensibles y figurent.

Si la mort de Ben Laden préoccupe les démocraties, cette disparation est aussi un défi et une menace pour la mouvance jihadiste. La peur a changé de camp.

Louis Caprioli