La nouvelle guerre du Golfe est engagée par Air France

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La reprise du transport aérien donne des ailes à Air France qui veut, en s'associant à d'autres compagnies européennes, saisir la commission de Bruxelles pour freiner le développement des compagnies du Golfe comme Emirates ou Etihad.

La nouvelle guerre du Golfe est engagée par Air France
On peut dire qu'il s'agit d'une constance pour les dirigeants d'Air France que de viser les compagnies de sixième liberté en les présentant comme les fossoyeurs du transport aérien. Il y a quelques années à Cannes, Jean-Cyril Spinetta s'était déjà attaqué à Tim Clark, le patron d'Emirates, en l'accusant de toucher des subventions déguisées et des aides financières non déclarées pour exploiter sa compagnie aérienne. A la tribune du forum APG, le président Spinetta avait exigé d'Emirates qu'elle ouvre ses comptes à des contrôleurs indépendants. Une demande classée sans suite par Dubaï.
C'est toujours ce que reproche aujourd'hui Pierre-Henri Gourgeon, le nouveau patron opérationnel d'Air France, à la principale compagnie des Emirats Arabes Unis. Selon lui, "Ce sont quelque 3 milliards d'euros qui sont ainsi accordés en avantages divers et variés". Il reste qu'à ce jour, et malgré la crise financière qu'a traversé Dubaï il y a quelques mois, Emirates semble être l'une des seules compagnies à avoir tiré son épingle du jeu au moment même où les turbulences économiques se faisaient sentir dans les compagnies aériennes du monde entier. Pourtant, en s'appuyant sur une règle établie dans les années 80 sur le financement des achats d'avions, les compagnies aériennes menées au « combat » par Air France veulent obtenir des avantages qui leur permettraient de lutter à armes égales avec Emirates ou Etihad. Non pas en argent sonnant et trébuchant mais par des taxes appliquées aux compagnies qui utiliseraient des subventions ou des avantages non commerciaux. Une approche plus maline.

Pour beaucoup d'experts, cette offensive d'Air France devrait trouver une oreille bienveillante chez d'autres grandes compagnies européennes comme British Airways ou Lufthansa. D'autant, et Bruxelles l'a toujours rappelé, qu'elle considère encore à ce jour que les aides apportées par les états à leurs compagnies aériennes il y a quelques années (notamment Air France) sont à la limite de la légalité. Si la guerre est bel et bien engagée, la première bataille est loin d'être gagnée.