La presse, victime collatérale des économies d’Air France !

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Air France achète chaque jour plus de 130 000 exemplaires des principaux quotidiens français pour agrémenter les voyages de ses passagers. Le passage au numérique, décidé par la compagnie, ne supprime pas cette manne dans un premier temps. Mais la tentation justifiée de l'économie pourrait provoquer un petit séisme économique dans la presse...

C'est Erwan Gaucher, spécialiste média de Libération, qui lève ce lièvre. Air France achète chaque jour environ 130 000 exemplaires de presse. Une paille : cela représente 14 % des ventes de Libération, 12,5 % de celles des Echos, 11,7% de celles du Monde, 10,2 % du Figaro, 7,3 % de l'Equipe et 1,9 % des ventes de La Croix (source OJD 2011). C'est donc une manne directe pour les comptes de la presse, mais aussi une ressource indirecte puisque ce tirage est mis sous les yeux de lecteurs particulièrement captifs et a priori d'un bon niveau social-économique, ce qui attire les annonceurs et leurs agences. Pour l'heure, Air France n'a pas décidé de supprimer ces achats mais elle estime que 75% de ses clients sont équipés de smartphones et 40% de tablettes, ce qui la conduit à proposer à partir du premier trimestre 2013 le téléchargement des journaux du jour. "Une façon d'élargir notre offre à la presse internationale", précise un porte-parole. C'est d'ailleurs le même raisonnement que la SNCF, qui travaille actuellement sur cette option aussi. Le téléchargement sera t-il gratuit ou payant ? La question ne semble pas encore tranchée, on peut imaginer que cela dépendra des classes de transport. La presse gardera sans doute ainsi un débouché et une visibilité qui peut séduire ses annonceurs. Mais elle perdra sans doute à terme tout ou partie des ventes papier, puisqu'on n'imagine pas que la compagnie va poursuivre ad vitam eternam un service gratuit aussi onéreux pour elle. A moins qu'elle ne devienne, à son tour, distributeur ? De quoi garder les lecteurs qui, de fait, ne pourront pas consulter la presse numérique au décollage et à l'atterrissage, puisque les tablettes et smartphones sont éteints. Et la dépense deviendrait ainsi recette !

Annie Fave

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