Le 787-9 d’American Airlines sur Paris Dallas

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Faire évoluer une flotte n’est pas chose simple. Le choix d’un nouvel appareil est souvent guidé par la rentabilité et la concurrence. C’est ce constat qui a conduit American Airlines à mettre en place son 787-9 entre Paris CDG et Dallas dans un premier temps, puis sur Chicago à l’été 2017. Avec l’arrivée du Dreamliner sur ces deux destinations, la compagnie américaine prend une longueur d’avance sur ses compétiteurs. Sa nouvelle business séduit et force est de constater que la promesse faite par la compagnie d’une expérience « voyageur » améliorée est tenue.

Oubliée la tablette posée sur les genoux ou le siège peu confortable du 767-300, avec la mise en place du 787-9, American Airlines frappe un grand coup. Mais elle risque aussi de décevoir ceux qui l’utilisent sur New York car si AA dit "réfléchir à l’évolution de cette ligne", aucune date précise n’est communiquée.

Le vol vers Dallas, l’un des plus anciens d’AA en France, vise deux types de clientèle d’affaires : celle qui n’ira pas plus loin que la capitale économique du Texas et les vols en correspondance pour la côte Ouest américaine de Las Vegas à Phoenix via Frisco ou Los Angeles. Au départ de Dallas, pas moins de 80 correspondances sont ainsi proposées aux voyageurs avec des délais souvent assez courts : moins de 80 minutes en moyenne. A en croire la compagnie, l’équilibre est quasi atteint entre les deux groupes de passagers: 45 % restent sur Dallas et 55 % sont en correspondance.
Un nouvel appareil, outre le cérémonial du premier atterrissage (pompiers, discours et buffet), c’est souvent une nouvelle implantation de la cabine. AA ne faillit pas à la règle et propose une étonnante Premium Economy de très grande qualité. 21 Sièges en cuir, accoudoirs et repose pieds personnels sont la norme avec un service totalement repensé.

Certes, elle n’atteint pas la qualité de la business (ce qui se comprend commercialement) mais permet raisonnablement d’envisager un aller dans une classe et un retour dans l'autre. Une tendance naissante dans les politiques voyage des entreprises du CAC 40. Nouvel avion signifie aussi nouveaux services au départ de Paris, comme le wifi, une nouvelle trousse de toilette signée Cole Haan, la télévision en direct à bord, une carte des vins repensées et une offre de repas retravaillée.

L’embarquement

Assuré au 2A de CDG, American a soigné l’accueil de ses passagers en classe affaires. L’enregistrement est rapide et le passage prioritaire permet de rejoindre le salon situé à la liaison des Terminaux 2A et 2C, juste après le passage en zone sous-douane. Il est situé à proximité de la zone commerciale principale mais assez éloigné des portes d’embarquement… La fameuse soucoupe que l’on voit en arrivant sur CDG 2.

La refonte des salons de la compagnie, engagée en 2016, a déjà eu lieu à Roissy. Le lieu est lumineux, aménagé en zones de confort pour les voyageurs en couple, en groupe ou les passagers individuels qui profitent de sièges face à la piste. Idéal pour ceux qui apprécient le ballet des avions. Le vol étant programmé le matin, un soin tout particulier est apporté au petit déjeuner servi dans le salon. Mélange de plats chauds, de viennoiseries et de boissons énergétiques pour ceux qui veulent travailler dans l’avion. Equipé du wifi, le lounge propose une presse français et anglaise variée.

Notons qu’à l’occasion du premier vol, la compagnie avait équipé son personnel de chapeaux texans, très cow-boy en goguettes. Une attention appréciée des clients. Dernier point, la compagnie propose un service brunch aux voyageurs de passage dans son salon Admirals de CDG. La formule est disponible en self-service pendant toute la durée de l’ouverture du Club, soit dès 6h du matin et jusqu’à 13h30 (pendant la saison estivale).

Welcome on board

L’accès prioritaire à l’avion permet de porter un regard général sur la cabine. Le 787 a été suffisamment étudié sous toutes les coutures pour en connaître les grandes lignes. Globalement, l’appareil d’AA diffère peu des autres avions testés. Premier ressenti : la cabine donne un sentiment de cocooning. Le choix des sièges décalés, pas forcément en épi mais suffisamment bien orienté pour assurer une intimité aux passagers offrent tous un accès direct au couloir. Le premier contact de l’œil avec le gris et le bleu profond qui équipe le siège est reposant, tout comme le jeu de lumière qui accompagnera le vol.

Autre point fort retenu, la place proposée pour le rangement de ses objets personnels. Là aussi, AA a repensé l’ergonomie générale. Des casiers fermés pour poser des lunettes, un téléphone voire une tablette. Bien vu. Un casque Bose est proposé et les prises (1 électrique et 1 Usb) sont intégrées dans le coffre à portée de main. Notons qu’il renferme aussi la télécommande tactile équipée d’un écran (très mode iPhone), particulièrement utile pendant le vol pour suivre la géolocalisation. Une bouteille d’eau et la trousse de toilettes sont disposées sur la couverture épaisse installée sur le siège.

Un siège ergonomique

Autre belle idée, la position du siège conduit l’écran à être positionné en légère diagonale ce qui dégage la place devant soi. Ce n’est pas grand-chose mais l’ensemble donne accès à une tablette rétractable totalement intégrée. Un autre écran, placé sur l’accoudoir, gère le positionnement du siège. Par défaut, trois positions sont proposées : lit plat, méridienne ou position assise, obligatoire pour le décollage ou l’atterrissage. En complément, le passager peut adapter les lombaires, ainsi que le repose pied. Notons que la souplesse du système permet une adaptation très personnalisée de l’ensemble. Seul petit reproche, le moteur reste un peu bruyant pendant les manœuvres.

Enfin, le wifi, annoncé à bord via un logo positionné à l’entrée de la cabine est malheureusement décevant et ne mérite pas les 19 $ demandés pour la totalité du vol. Particulièrement lent, il est à l’image de toutes les liaisons testées sur les 789 : mauvais ! Nous n’avons pas essayé le streaming annoncé dans le magazine de bord car le programme de films et séries nous suffisait. Notons que plusieurs titres récents figurent au menu même si deux d’entre eux étaient exclusivement proposés en anglais.

Une note méritée !

Une longue liste technique ne suffit pas à faire un vol ! Quel constat en tirons-nous ? Pour le siège, la note de 9/10 me semble méritée même si l’on n’est pas forcément dans le délire de certaines compagnies du Golfe. Passer plus de 10 heures en vol sans en ressentir les effets les plus négatifs, c’est un bon point. Deux de mes voisins en déplacement professionnel vers Dallas ont pu travailler, dormir et se divertir en me faisant remarquer que "globalement la cabine d’à peine 30 sièges est agréable à vivre et plutôt confortable".

Selon eux "Ce vol est une bonne surprise car l’ancien appareil était loin d’être comparable au 787-9". Ils l’affirment, ils reviendront. Sans doute l’effet nouvelle business class. Seul point noir, l’avion lui-même est globalement bruyant et l’usage des bouchons d’oreille pour s’endormir est fortement conseillé.

Des repas repensés

Le rajeunissement de la flotte ne pouvait pas s’accompagner d’un service restauration par trop classique. La première nouveauté se voit dans les menus illustrés d’une grande photographie très colorée de fruits et légumes. Les entrées sont un peu légères avec un seul choix, une salade Caprese. Sur le vol aller, quatre plats chauds sont proposés : du bœuf grillé, du Canard, du poisson et un plat végétarien à base de Riz Thai à la menthe. Oublions le bœuf dans un avion. Les amateurs de bonnes grillades le savent. Ne l’ayant pas goûté, pas question d’en parler. Le poisson (accompagné de coquilles Saint Jacques), notre choix, était remarquable et le rizotto plutôt bon quand on connait les outils pour réchauffer un plat à 36000 pieds.

Notons que sur tous ses vols, AA propose un repas express, un peu simple mais efficace : un plat chaud au choix accompagné d’une salade. Côté dessert, nous sommes bien sur un vol américain avec les glaces Ben&Jerry’s. Mais on trouve aussi du fromage et un gâteau caramélisé à l’orange.

Avant l’arrivée une collation est proposée : assiette de charcuterie ou pain plat aux légumes grillés. Ce dernier est particulièrement gouteux malgré une apparence un peu surprenante.

Une carte des vins allégée

C’est une tendance qui se développe dans la majorité des grandes compagnies aériennes : une carte des vins rétrécie qui privilégie la quantité à la diversité de l’offre. Cette carte est identique à l’aller comme au retour avec un choix de deux vins blancs, deux rouges, et un Porto pour le dessert.

Côté blancs, AA fait le choix d’un vin néozélandais, de bonne facture. Un sauvignon Waipara Hills de Malborough au goût un peu trop fruité pour nous. Le second, un blanc français, un Chablis de la bonne maison Jean Marc Brocard. Plus sec, il est aussi plus goûteux.

Pour le vin rouge, on n’échappe pas à l’excellent californien William Hill, un merlot de la Nappa Valley ou un Jaboulet qui représente les vins français, un Crozes Hermitage, très réussi et, soyons chauvins, que nous avons préféré. Sans doute une affaire de « palais nationaux ».

Drôle mais vécu, quelques passagers se sont prêtés au jeu de l’étiquette, notant consciencieusement le nom du nectar dégusté.

Un vol retour conforme à nos attentes

Si le vol retour ne modifie pas le constat apporté sur l’appareil, son déroulement via le salon d’AA à Dallas mérite que l’on s’y arrête un instant. Premier constat, comme tous les salons de compagnies américaines, seuls les sodas et les jus de fruits sont servis sans restriction. Aucun plat, sandwich ou autres zakouskis n’est proposé aux voyageurs qui devront se contenter de quelques biscuits et tranches de carottes. Toujours aussi light ! On est loin des lounges européens et asiatiques. Pas question donc de manger avant d’embarquer.

Pour le retour, avec une pressante envide de dormir, nous faisons le choix d’un plat express. Une entrée et une assiette de fruits, servis très rapidement, le plateau est débarrassé tout aussi vite. Commence le service traditionnel… Nous dormons déjà, décalage horaire oblige. Un tour au snack dans la nuit permet de constater que les assortiments proposés tiennent plus de la dent creuse : gâteaux secs et barre chocolatée ainsi que quelques fruits. Mais là encore, la promesse est tenue. On peut aisément dormir ses huit heures sur le vol retour.

Las, le petit déjeuner n’est pas à la hauteur (seule une machine expresso à bord satisfera les plus exigeants). La quiche lorraine est indigeste. Nous aurions dû faire le choix de la salade de fruits. Viennoiseries classiques et pain chaud accompagnent le tout. Rien à dire sur cette partie.

Globalement, American Airlines tire remarquablement son épingle du jeu des business sur les vols transatlantiques. L’offre est équilibrée, bien pensée et devrait séduire les voyageurs. Il faut dire que pour ce vol inaugural, le personnel était ultra compétent et convivial. Un atout de plus pour les clients.

Test réalisé à l'occasion du vol inaugural le 10.01.2017 par Marcel Lévy