Le Baromètre Amex, l’occasion d’une leçon d’économie

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La présentation du baromètre du voyage d'affaires ce lundi 14 novembre au salon EVP a donné l'occasion d'une intervention de l'économiste Christian de Boissieu, professeur d'économie et Président du Conseil d'Analyse économique qui conseille le gouvernement en la matière. L'occasion de livrer sa vision du marché du voyage d'affaires et, plus globalement, des perspectives économiques de 2012.

Le Baromètre Amex, l'occasion d'une leçon d'économie
La présentation du baromètre du voyage d'affaires ce lundi 14 novembre au salon EVP a donné l'occasion d'une intervention de l'économiste Christian de Boissieu, professeur d'économie et Président du Conseil d'Analyse économique qui conseille le gouvernement en la matière. L'occasion de livrer sa vision du marché du voyage d'affaires et, plus globalement, des perspectives économiques de 2012.

A l'aise devant l'amphithéâtre plein comme devant les étudiants de la Sorbonne où il enseigne, Christian de Boissieu a d'abord énuméré ce qui l'avait frappé dans le Baromètre publié par American Express Voyages d'Affaires :
• La capacité du secteur à encaisser les chocs. Une résilience fort utile depuis la crise d'août 2007 et celle de la zone Euro dont il date la naissance à la fin 2009. Pour des raisons d'effets de volume et d'effets prix, la croissance de ce marché est au dessus de celle des pays les plus avancés.

• 2012 s'annonce compliquée, l'écart entre l'économie globale et ce secteur d'activité va donc se resserrer.

• La structure des activités du voyage d'affaires reflète la structure de l'économie en général. Le centre de gravité se déplace donc vers les pays émergents dont l'Aise mais aussi l'Afrique (dont la croissance est en moyenne de + de 5 %). Et les marchés sont bien différents selon qu'il s'agisse de grandes entreprises ou de PME-PMI.

• Fils d'un membre de la Cour des comptes, Christian de Boissieu ne pouvait manquer de noter qu'il est difficile de classer les dépenses de voyages pour l'entreprise. En consommation ou en investissement ? Pour lui, ce sont nettement des investissements immatériels, comme la logistique ou la publicité: quand une entreprise dépense en voyage d'affaires, elle investit et doit se préoccuper du rendement de son investissement. Une piste de croissance selon lui, pour les entreprises clientes comme pour les TMC.

• Christian de Boissieu est par ailleurs frappé par le besoin d'intégration que reflète ce marché, en amont ou en aval, pour mieux traiter les éléments de dépenses et en analyser le ROI. Selon lui, la mondialisation mène globalement à cette intégration dans tous les secteurs économiques.

Les perspectives économiques

- Sommes nous à la veille d'une récession, comme en 2009 (pour la 1ère fois depuis 50 ans, croissance de -0,6 % de la production mondiale en volume) ? C. de Boissieu attend des performances "qui ne seront pas géniales" : + 1,5 de croissance de PIB en 2011 aux US, + 1,8 en 2012. L'Europe devrait avoir en 2012 une croissance de o,5%. "Ce n'est pas une récession", souligne t-il. La France est attendue à + 0,6%.
Sa remarque: on fait trop de prévisions ! On court toujours après les événements et on s'installe dans un cercle pessimiste, en engendrant ce que l'on craint!". "J'ai tendance à dire, continuons à travailler sur une perspective plus optimiste à 1% de croissance plutôt que de revoir des tendances qui créent du bruit et empêchent d'avoir le recul nécessaire". Selon lui, la tendance est au ralentissement mais "Globalement les grands pays émergents vont tenir le coup", avec une croissance de l'Inde à 7,5 %, et une progression de la Chine à 7-8 % environ. "Il faut aller cherche la croissance où elle est, et s'appuyer dessus!".

- L'Europe et la France
"J'ai une très grande confiance dans le Président du Conseil italien que je connais depuis plus de 30 ans". Il considère que Mario Monti est en capacité de restaurer la confiance des marchés avant d'entamer les nécessaires réformes structurelles du pays. Pour la France, "Nous sommes sous pression du taux italien de crédit, l'allègement de cette pression italienne peut nous arranger".
Cette crise n'est pas une crise des dettes des Etats (dette souveraine) mais de dette tout court, privée également. "La question est de savoir comment retrouver de la compétitivité dans l'utilisation de l'arme des taux de change". "Si la Grèce quitte l'Euro, elle va sombrer dans un cyle inflation/dévaluation de la Drachme catastrophique". Il faut rester ensemble et réduire la dette dans tuer ce qui reste de croissance. Un vrai défi.

Les autres défis:
• Utiliser la développement durable pour aller chercher la croissance dans la lutte contre la production de CO2.

•- Trouver à relancer la croissance pour faire baisser le chômage (en moyenne à 9% de la population active en France, mais il atteint 23 à 24 % chez les jeunes en France, 43 % des jeunes en Espagne !).

•- La mise en place de règles pour les Banques sans fermer le crédit aux PME-PMI et sans renoncer aux investissements de long terme. Il suggère de relancer le capital risque, d'orienter l'épargne des ménages qui représente aujourd'hui en moyenne 17 % du revenu des ménages après impôts (sans créer trop de nouvelles niches fiscales).