Le Baromètre Mondial Assistance – DéplacementsPros.com septembre & octobre 2012 : coup de blues sur le voyage d’affaires

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Si les chiffres ne sont pas catastrophiques, ils restent assez bas pour une période de l'année traditionnellement active pour les déplacements professionnels. Effet de la crise annoncée, peur de l'avenir dans un climat quotidiennement bousculé par les annonces de plans sociaux ?

Le Baromètre Mondial Assistance – DéplacementsPros.com septembre & octobre 2012 : coup de blues sur le voyage d’affaires
Pour Alain Joyet, sociologue d'entreprise, "La peur de la crise étant souvent plus dangereuse que la crise elle-même, on constate un frein sur les dépenses au bénéfice d'autres outils de prospection. Autre nouveauté, la préparation est désormais plus poussée. On ne part pas pour aller voir, mais on part pour agir très concrètement et répondre à une situation, qu'elle soit économique ou technologique". Enfin, ce Baromètre s'intéresse à la santé du voyageur. Si la sécurité est devenue un panier où l'on peut tout mettre - de l'incident climatique à l'insécurité urbaine voire aux enlèvements politiques - la santé reste un souci principal. 92 % des voyageurs interrogés affirment que c'est leur plus grande crainte en voyage. Là aussi, les réponses qui leur sont apportées sont courtes.

Diriez-vous qu'en septembre/octobre 2012, et par rapport à septembre/octobre 2011, votre volume de voyage a été ?

  • à la baisse : 24 %
  • quasiment identique à l'an dernier : 58 %
  • supérieur à l'an dernier : 18 %
Alain Joyet : Bizarrement, les mois qui suivent la période de vacances sont généralement propices aux déplacements professionnels. 2012 est une exception car si septembre à été très mauvais, et octobre un peu meilleur, il aura fallu attendre novembre pour mesurer une mini reprise. La crise a donc des effets directs sur les déplacements professionnels. On le voit bien avec les résultats des PME/PMI en légère baisse au premier semestre. Dans les groupes, les annonces de suppressions d'emploi pèsent autant sur le moral que sur l'efficacité commerciale. Peugeot est un bel exemple du besoin d'économies des géants français de l'automobile, quasiment tous en crise.

Quelle a été la durée moyenne de vos déplacements en septembre/octobre 2012 ?

  • 1 jour : 62 %
  • De 2 à 4 jours : 27 %
  • Plus de 4 jours : 11 %
Alain Joyet : C'est sans doute la hausse la plus spectaculaire de l'année, celle qui concerne les voyages d'une journée qui, en deux ans, auront quasiment doublé en France. Il est vrai que l'offre low cost, la puissance du train, en France comme en Europe, et le renforcement sensible de nos relations commerciales avec nos voisins expliquent cette hausse. Pour autant, si les voyages intermédiaires (2 à 4 jours) s'effondrent, ceux de plus de 4 jours, traditionnellement à l'international, se maintiennent assez bien. Des chiffres qui collent parfaitement avec les données du commerce extérieur pour le premier semestre 2012.

En septembre/octobre 2012, vous avez pris l'avion en :

  • Classe Eco : 56 %
  • En Premium : 16 %
  • En business : 28%
  • En first : 0%
Alain Joyet : Rien de bien surprenant dans ces chiffres qui confortent la notion du voyage d'un jour qui se fait, le plus souvent, dans les classes économiques. On retrouve pourtant une petite poussée de la Premium qui confirme que l'on peut voyager loin tout en limitant le coût d'une classe business. Notons cependant que la classe avant se tient plutôt bien alors que l'on aurait pu imaginer son effondrement, en raison du prix élevé du billet. Sans doute le résultat d’un triple effet : les contrats négociés, la prise de conscience par certaines entreprises des besoins d’efficacité à l’arrivée sur le long ou très long courrier, et les compagnies ont mené de véritables offensives tarifaires pour remplir les classes Avant.

Côté rail, en septembre/octobre 2012 vous avez :

  • plus utilisé le train : 34 %
  • utilisé le train ni plus ni moins que l'an dernier : 52 %
  • moins utilisé le train : 14 %
Alain Joyet : Incontestablement, le ferroviaire tient le haut du pavé depuis le début de l'année. Si les chiffres des voyageurs habituels du train sont stables d'une année sur l'autre, on remarquera que la hausse est sensible pour une partie de la population, moins habituée à ce moyen de transport et en alternative au train. A contrario, ceux qui utilisaient peu ou pas le train sont de moins en moins nombreux, preuve qu'il est entré dans les habitudes du déplacement professionnel.

En train, vous avez voyagé :

  • En seconde : 61 %
  • En première : 39 %
Alain Joyet : Pas de surprise, ici aussi l'économie se fait sentir sur le prix du billet de train même si les déplacements en première se tiennent plutôt bien. Faut-il aussi y voir la montée en puissance de la qualité TGV, qui aurait tendance à limiter les différences entre les deux classes ? C'est une remarque souvent entendue chez les acheteurs qui cependant, pour des trajets supérieurs à 3 heures, et éventuellement achetés à l'avance, affirment faire le choix d'une cabine première.

Globalement, pour 2013 en termes de déplacements professionnels, vous êtes ?

  • Optimiste, la crise semble être passée : 9 %
  • Inquiet, je ne vois pas d'amélioration : 56 %
  • Pessimiste la crise s'amplifie : 35 %
Alain Joyet : Jamais, jusqu'à ce jour, le pessimisme n'aura été manifesté aussi clairement dans cette photographie du moral des voyageurs d'affaires. L'inquiétude règne en maître et l'absence de visibilité conforte la peur de l'avenir ! Mais attention, si un bout de reprise pointait son nez, il est clair que la tendance commencerait rapidement à s'inverser, comme nous l'avions constaté fin 2010.

Parmi les 5 risques suivantes, lequel vous semble prioritaire à traiter :

(choix multiples possibles, reclassés par ordre d'importance)
  • Le problème de santé : 92 %
  • L'accident de voiture : 89 %
  • Le blocage sur place suite à un incident climatique ou une grève : 61 %
  • La perte ou le vol de mes papiers ou de mes moyens de paiement : 56 %
  • L'annulation d'un rendez vous important : 22%
Alain Joyet : Rien que du très classique dans l'ordre d'importance des problèmes à traiter en priorité. La santé et l'accident (avec ses conséquences physiques) sont des peurs naturelles qu'un voyageur ne saurait traiter seul si les conséquences sont graves.

En cas de souci de santé lors d’un déplacement à l’étranger, savez-vous comment contacter les organismes de secours d’urgence sur place ?

  • Oui : 18 %
  • Non : 82 %
Alain Joyet : Comme pour la sécurité, on a le sentiment que le problème de santé sur place n'arrive qu'aux autres ou que, le plus souvent, il est bénin. Mais attention, en ne retenant que la notion de gestion des organismes de secours sur place, nous avons volontairement fait l'impasse sur les process médicaux déjà mis en place dans les entreprises ou assurés par des sociétés d'Assistance. La question suivante démontre qu'une fois sortie de l'urgence, le voyageur a des notions arrêtées de l'aide qu'il peut obtenir.

En cas de problème de santé moins urgent, savez-vous quel est le processus sur place pour contacter un médecin francophone ?

  • Oui : 57 %
  • Non : 43 %
Alain Joyet : Lorsqu'il ne s'agit plus d'urgence, le voyageur a une petite idée de ce qu'il peut faire pour se soigner. Mais là aussi, attention aux interprétations. En cas de bobos mineurs, on voit vite monter en puissance l'automédication. Preuve que la faible durée des séjours sur place ne nécessite pas, dans l'esprit du voyageur, une intervention massive et rapide. La bobologie ne semble pas faire partie des craintes premières.

En cas de souci de santé lors d’un déplacement à l’étranger, vous :

(réponses multiples replacées dans l'ordre d'importance)

  • vous auto médiquez : 84 %
  • vous attendez que les symptômes disparaissent : 71 %
  • vous attendez votre retour en France :68 %
  • vous appelez un proche sur place : 65 %
  • vous appelez un proche en France : 61 %
  • vous consultez un médecin local : 22 %
  • vous appelez votre médecin en France : 18 %
  • vous contactez votre DRH en France : 9%
Alain Joyet : La lecture des résultats suffit à elle seule à conforter les process développés par nos voyageurs face aux soucis de santé. Rien que du très logique, encore faudrait-il mesurer ce que "situation grave" veut dire en matière de santé. Chacun n'a pas la même perception du souci médical. Surtout les hypocondriaques !

En cas de souci de santé lors d’un déplacement à l’étranger, seriez-vous intéressé par la possibilité de contacter par téléphone un médecin qui vous indiquerait la démarche à suivre en fonction de vos symptômes ?

  • oui, très intéressé : 48 %
  • oui, assez intéressé : 36 %
  • non, assez peu intéressé : 14 %
  • non, pas du tout intéressé : 2 %
Alain Joyet : Logique non ? Et pourtant, 16 % de nos voyageurs ne voient aucun intérêt à être assistés par un médecin francophone, fut-il à distance. On peut analyser ce refus par l'existence déjà active d'une telle solution. Sinon, souffrir fait partie de leur travail de volonté sur eux mêmes et de résistance face à la douleur !

Lors d’un déplacement à l’étranger, si vous deviez consulter un médecin pour un souci de santé, vous sentiriez-vous à l’aise pour comprendre le diagnostic du médecin local ainsi que sa prescription ou préféreriez-vous un échange à distance avec un médecin français ?

  • J'irais voir un médecin local : 7 %
  • Je préférerais échanger avec un médecin français : 93 %
Alain Joyet : Que dire de plus ?
Méthodologie

Étude septembre/Octobre 2012 réalisée à partir de 289 réponses. Le Baromètre Mondial Assistance/Déplacements Pros des voyageurs d'affaires n'a pas pour ambition de restituer une mesure exacte et précise de ce qui fait quotidiennement le voyage d'affaires, mais d'évaluer les attentes de celles et ceux qui se déplacement pour leurs entreprises. Si quelques questions "repères" sont identiques d'un mois à l'autre, de nouvelles apparaissent à chaque parution pour nous permettre une meilleure mesure du marché français du voyage d'affaires. Cette "photographie" permet d'analyser les évolutions professionnelles et les attentes des voyageurs d'affaires.