Le Cap et ses espérances

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Tout au bout du bout de l’Afrique, il y a une perle. Une ville inattendue à laquelle l’histoire a confié une mission exemplaire : être, par l’exemple, le symbole d’un pays retrouvé, unifié, magnifié.

Il y a quelques décennies, lorsque le Professeur Barnard tenta et réussit la première greffe du cœur, le monde entier applaudit, évidemment, mais regarda aussi ce qui se passait en dehors des salles immaculées de l’hôpital du Cap (ici, prononcer Cape Town). Et découvrit qu’un combattant pour l’égalité des races en Afrique du Sud croupissait dans la prison de toute proche de Robben Island, que les autobus qui circulaient en ville n’étaient pas forcément autorisés aux gens de couleur et qu’à l’école, les classes étaient différentes selon la couleur de peau des enfants. C’était hier. Le 27 avril 1994 ont lieu les premières élections multiraciales en Afrique du Sud. L’Apartheid est mort, le pays n’est plus au banc des nations, Nelson Mandela devient le père de ce nouvel âge, avant de recevoir le Nobel de la Paix.
Alors, c’est entendu, bien naïf qui penserait que vingt années de lumières suffisent à effacer un siècle d’habitudes et de raideurs.

Le Cap et ses espérances
A faire, à ne pas faire…
* La nuit, méfiance. La criminalité n’atteint pas ici les taux record enregistrés à Johannesburg, mais incontestablement, elle monte…
* Pour les affaires, négocier en rands. Ce n’est pas une monnaie de référence au plan international mais elle a l’avantage d’être clairement comprise dans le pays et de ne pas être parfaitement stabilisée. Or, la tendance est actuellement baissière par rapport au dollar et encore plus face à l’euro.
* Les Français ont une excellente réputation au Cap. Une opinion positive transcendée si vous parlez en plus un anglais au-dessus de tout éloge.
* Côté vêtement, ce sont en revanche les Anglo-saxons qui imposent leur loi : costume et cravate pour les messieurs, tailleur pour les dames.
* Autre conséquence, la ponctualité fait partie des mœurs locales. Tout comme les séances de travail qui commencent tôt (8h) mais cessent à compter de 17h, histoire que chacun puisse aller faire son golf, tailler son jardin ou faire une virée en bateau.
* C’est également le droit britannique qui sert de modèle aux contrats locaux. Il est donc judicieux de confier ses intérêts à un cabinet d’avocats local.
* A l’occasion du week-end, il n’est pas rare d’être invité dans la résidence secondaire de ses partenaires. Accepter de bon cœur. Alors, il sera bon d’exceller dans les loisirs de vos hôtes (golf, tennis, équitation, voile, chasse…)
* Parmi les sujets qui fâchent : la montée de la violence, la capacité de mener à bien l’organisation de la Coupe du monde de foot 2012, le côté « bûcheron et buveur de bière » de l’Afrikaner de base, l’étonnement devant tant d’années d’apartheid officiel, sans que personne ait trouvé à y redire…
* Heureusement, beaucoup d’autres sujets promettent le sourire : le rugby, Charlène, la nageuse qui pourrait bien devenir princesse de Monaco, les safaris exceptionnels que promet le pays, le vin, la voile et les plaisirs du yachting, le héros Mandela…
Le Cap et ses espérances
L’Afrique du Sud a été installée sur les mappemondes le 6 avril 1652, par un Hollandais, mais la République n’a été constituée qu’en 1910. Entre les deux, une possession batave donc, puis britannique, sur un territoire qui, contrairement à ce qu’on imagine souvent, n’avait pratiquement aucune population. Asiatiques (Malais en particulier) et Noirs sont venus peu à peu des contrées du Nord, souvent à l’appel du colon dont la mentalité n’incitait guère à la démocratie. Sauf au Cap. La ville (3 millions d’habitants aujourd’hui) a été tout à la fois le guide et le fer de lance de cette révolution africaine. Paradoxalement du reste, après avoir été le ferment culturel et politique de la nouvelle Afrique du Sud, Le Cap s’est depuis repliée sur elle-même. Sa population savante, formée à l’école britannique, s’est sentie menacée par l’afflux des sans grade et du coup, ce sont les conservateurs (Alliance démocratique) qui ont infligé à l’ANC, le parti de Mandela, sa principale défaite électorale en 2006. Helen Dille, le maire actuel, est une femme blanche… Détail, car Le Cap va devoir affronter une échéance majeure, aux côtés de sa grande rivale, Johannesburg : l’organisation de le Coupe du Monde de football en 2012. Un drôle de défi pour une nation qui se mobilise surtout pour ses springboks, son XV de rugby. La circonstance va obliger tous les Sud-Africain à resserrer les rangs et, si l’on ose, à ne faire qu’une seule équipe. Sur ce terrain, Le Cap excelle, comme elle l’a montré au moment de la bascule politique du pays. En fille de l’océan, elle sait tenir la barre et choisir la bonne route. Normal, elle qui est posée à deux pas de l’endroit où se rencontre océan Indien et Atlantique doit avoir aussi vocation à réunir les mondes. Ce lieu s’appelle le Cap de Bonne-Espérance. Il doit bien y avoir une raison.

Par Marc La Vaissière
Le Cap et ses espérances
A voir si vous avez….

Une heure
Allez, folie ! Elle coûte un peu (minimum 100 € par personne, le tarif dépendant du nombre de passagers) mais offre l’un des plus beaux spectacles qu’on puisse imaginer : le survol du Cap et de la fameuse montagne de la Table (1 087 m), en hélicoptère. Les appareils décollent du Waterfront, le nouveau quartier qui bougent, et tourbillonnent jusqu’au plateau que tous les marins rêvent d’apercevoir un jour.

Une journée
En matinée, viser la Table également. En hélicoptère donc, ou bien, quand on aime prendre son temps, en téléphérique. Depuis le sommet, vue panoramique grandiose sur l’agglomération. Attention, ne pas inverser le programme car à la mi-journée, les nuages s’invitent souvent entre montagne et ville… Ensuite, prendre la route baptisée Chapman’s Peak Drive. Elle longe la côte, alterne plages et falaises, mais toujours en majesté. Pause sur la plage, elle est encombrée de pingouins miniatures, visite de l’îlot aux otaries (odeur prenante…) qui se trouve juste en face. Et poursuite jusqu’au Cap de Bonne-Espérance, une pointe rocheuse devant laquelle deux océans s’affrontent avant de se confondre. En fait, le vrai point de rencontre est un peu plus vers l’Est. Mais ne chipotons pas devant ce cadre grandiose qui suggère de laisser filer l’imagination.

Un week-end
Ajouter à ce qui précède une grande soirée à Waterfont. Ce nouveau quartier branché jouxte le vieux port de pêche. Galeries marchandes, restaurants à la mode, bars, clubs… C’est ici que Le Cap devient fille du jour et du monde. Le lendemain, voiture de location et route qui conduit à Franschhoek. C’est la région viticole qui produit les meilleurs crus d’Afrique du Sud, ceux qui, dans les concours internationaux, rivalisent avec nos bordeaux. Les domaines se visitent et la dégustation se fait sur place.
Le Cap et ses espérances
Pratique

* Y aller : South African Airways (www.saa.com et Air France (www.airfrance.fr desservent Le Cap au départ de Paris. Le vol dure 11 heures. L’aéroport international est à 22 km du centre ville. Le trajet dure près de 45mn et coûte 30 € en taxi.

* Formalités. Les Français ne sont pas soumis à la procédure du visa. Mais passeport valable 6 mois après la date du retour, exigé.
* Décalage horaire. En hiver, quand il est midi en France, il est 11h au Cap. En été, il est la même heure.
* Langue. L’afrikaner. Mais tous les Sud-Africains parlent également l’anglais.
* Argent. Le rand vaut actuellement 0,08 €.
* Se renseigner. Office du tourisme sud-africain (01 45 61 64 44 et www.sud-afrique.com.

Notre hôtel
Faire tradition chic en prenant ses quartiers à l’hôtel Table Bay. Superbe architecture victorienne, cette maison posée sur le front de mer est une référence au moins pour la qualité de son service (admiré dans tout le monde anglo-saxon) si ce n’est pour sa table, le Grill Atlantic, une des meilleures du Cap. Compter autour de 400 € la chambre double.