Le Japon force l’admiration… et revoit sa croissance

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La terre a une façon très particulière de marquer ses anniversaires. Un mois jour pour jour après la secousse du 11 mars, un séisme de magnitude 7,1 a été ressenti hier lundi dans le nord-est du Japon, près d'Iwaki. Une fois encore les murs ont tremblé à Tokyo, une fois encore la fameuse centrale nucléaire de Fukushima a été évacué et a inspiré l'inquiétude. Une fois encore les entreprises européennes se sont inquiétées pour leurs voyageurs d'affaires et leurs expatriés. Et une fois encore, les Japonais forcent notre admiration.

Il n'y a pas foule dans les avions qui, les uns après les autres, reprennent la route directe de Tokyo. Mais la vie reprend et la panique du départ, la sidération cède incroyablement le pas à l'habitude et le déblaiement a commencé. De petite chronique en blog comme celui-ci, on en apprend aujourd'hui bien plus que dans les récits un peu rapides de nos voyageurs d'affaires partis suivre des contrats. Sur la solidarité d'un peuple qui a érigé la coopération en modèle de société car la culture du riz, difficile et fragile, ne peut pas se faire hors communauté. Sur sa capacité de résilience aussi, même si rien ne se fait sans larmes. Et apparemment cette capacité est ancienne puisque la formule “Si tu tombes 7 fois, relève-toi 8 fois”, viendrait de l'Hagakure, un guide pour les guerriers (11 tomes...) écrit en 1700 !!

Au delà de ces valeurs, ces blogs et ces chroniques laissent entrevoir ce vers quoi s'oriente l'économie japonaise et ce n'est pas négligeable dans l'économie mondiale. Dès maintenant, les entreprises nippones ont repris leur activité mais travaillent à petit rythme. Non pas parce qu'elles ont toutes été démolies mais parce que l'absence ou la pénurie d'électricité désorganise totalement la production. Et parce qu'elles ont moins de temps pour produire et que cela ne va pas s'arranger avec l'été, les industries abandonnent les fantaisies pour se recentrer sur le basique. Sur l'essentiel. Le Japon, pays de la mode, va t-il abandonner le luxe, le show-off, comme un pays traumatisé par une guerre ? Sa lutte contre les éléments va t-il le conduire à revoir son modèle, à réfléchir à sa croissance ? Bien difficile à dire aujourd'hui mais les chroniqueurs de la vie quotidienne le laissent entendre et l'anticipent. De quoi réfléchir à ce que nos voyageurs d'affaires iront leur vendre...

Hélène Retout