Le prix des billets de train qui augmente, c’est logique!

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C’est un marronnier. Celui de l’augmentation des tarifs de la SNCF. Il fleurit ainsi périodiquement, bon an mal an. Quand ce n’est pas en janvier, c’est en général vers le mois de juillet ou août.

 Souvenez-vous. Les tarifs devaient augmenter en août 2014. Mais ils n’ont pas augmenté. Le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable (Ségolène Royal déjà dans le gouvernement Valls 1), par l’entremise de Frédéric Cuvillier, Secrétaire d’Etat aux transports, n’avait pas voulu de cette augmentation.  
 
Promesse tenue. Il n’y a pas eu d’augmentation en août.  Bah, en janvier alors ?
 
Oui, mais non. Ou plutôt, non mais oui !
 
Oui, Alain Vidalies, le Secrétaire d’Etat aux transports du gouvernement Valls 2, est favorable à cette réévaluation nécessaire (sic)
 
Oui mais non, la Ministre de l’Ecologie et du Développement Durable (Ségolène Royal), n’est pas d’accord  !
 
Bon, le coup était déjà parti ! Les tarifs ont donc quand même augmenté de 2,6 % en moyenne, tel que dûment homologué à la date du 31 décembre 2014. Voir ici : volume 6 « recueil de prix » des Tarifs Voyageurs (conditions générales).
 
Mais la Ministre d’y aller de son courroux et de promettre de réformer par décret la façon dont l’Etat contrôle les prix du train « parce que les choses ne sont pas claires, c’est compliqué, c’est confus  ».
 
Un décret, pourquoi pas ? Tant que SNCF est une entreprise publique (pourvu que ça dure !) l’Etat est maître chez elle. Quoique SNCF se comporte de temps en temps comme un Etat dans l’Etat avec quelques coups en douce mettant devant le fait accompli sa tutelle (nous tous finalement par le biais de nos gouvernants et représentants). Nous eûmes l’occasion de le décrypter il y a deux mois quand l’entreprise profita manifestement d’une baisse de garde (remaniement ministériel oblige) pour fourguer une petite modification de son calendrier voyageur concoctée de derrière les fagots.
 
Mais cette fois-ci, sauf à imaginer une trêve des confiseurs à rallonge, tout le monde était à son poste ! En application de l’article 17 du Cahier des charges, les nouveaux tarifs ont donc été présentés pour homologation au moins 15 jours avant leur mise en application. La tutelle avait 8 jours pour les refuser. Ce qu’elle n’a pas fait.  A décharge pour la Ministre et ses services, c’est court ! Et à décharge pour SNCF, son augmentation des tarifs lui avait été refusée en août 2014. Pouvait-il être sérieusement question de lui réitérer ce refus en ce début d’année ?
 
La FNAUT, principale fédération d’usagers, peut bien s’indigner d’une hausse tarifaire injustifiée et dangereuse, que ça ne règle pas le problème de notre chère SNCF.
 
A laquelle, à nous tous donc (voyageurs, usagers, consommateurs, clients, contribuables, cheminots aussi), il manque aujourd’hui un milliard d’euros par an pour ne serait-ce que couvrir les coûts de l’infrastructure !
 
Laquelle SNCF a malgré tout été privée de 550 M€ de ressources par l’abandon de l’écotaxe. Et que dire encore de l’augmentation de la TVA de 7 à 10 % le 1er janvier 2014, non répercutée dans les prix ? A la louche, 90 M€ supplémentaires décaissés rien que pour TGV®.
 
Il est tôt pour commencer la rétrospective 2015  comme nous l’avions faite ces dernières semaines pour 2014, mais on peut déjà garder sous le coude cette augmentation des prix mal digérée par la Ministre.  Et se souvenir des tirs conjoints et croisés de la FNAUT, de la CGT, des entreprises, des voyageurs d’affaires, qui d’autre encore ? Reste à voir ce qu’il en sortira, s’il en sort quelque chose. Il n’y a que la CFDT pour tenir un discours, désagréable et douloureux certes, mais a priori davantage réaliste. Pas facile d’être de la deuxième gauche !
 
Qui vivra verra. Faute d’ajouter des zéros aux chiffres qui en manquent, un décret viendra t’il changer les règles ? Pour plus de clarté et moins compliqué et moins confus ? Pour plus de lucidité aussi tant qu’à faire ! Une prise de conscience collective et un effort de pédagogie comme les Assises du Ferroviaire en avaient formulé le vœu en 2011 (cf. 3.1, page 4). C’était sous une autre majorité. Mais document toujours disponible sur le site du Ministère du Développement Durable, continuité de l’Etat oblige.
 
Tiens ! En application de l’article 17 du Cahier des charges déjà cité plus haut, SNCF est censée présenter avant le 31 janvier à son ministère de tutelle « un compte rendu de la politique tarifaire mise en œuvre l’année précédente… avec toutes données ou pièces justificatives de nature à vérifier l’exactitude et la portée des informations fournies ». La confiance règne !
 
De quoi répondre, on l’espère, aux souhaits de clarté de la Ministre. Le 31 janvier, c’est dans quelques jours. Il n’y a pas de temps à perdre chez SNCF pour venir au rapport. Ni aux services du Ministère pour éplucher ça et nous rendre compte à nous aussi ensuite. On se donne rendez-vous d’ici là ?
 
Et comme ne l’a pas encore dit Guillaume Pepy, mais ça va venir, la bonne nouvelle c’est que tout le monde va regarder tout ça de très près !
 
PAT