Le retour du cost killing dans les entreprises

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Voilà quelques mois, je consacrais un édito à la fin annoncée du travel manager et au retour des acheteurs dans l'univers du voyage d'affaires. Il ne s'agissait pas là d'une vision établie dans du marc de café ou née du frottement actif d'une boule de cristal, mais le constat que faisaient les pays anglo-saxons de l'évolution d'un métier, fraichement créé, qui n'a jamais su trouver ses marques professionnelles.

Jugée comme une fonction trop "culturelle" par des américains pragmatiques, le TM va lentement s'effacer pour laisser sa place aux mobility managers, acheteurs de formation et souvent habitués à travailler en binôme avec des cost killers. C'est sans doute la petite révolution annoncée de ces prochaines années. Notre acheteur, placé sous le regard d'un analyste financiers et d'un cost killer rompu à la négociation commerciale, va s'intégrer tout naturellement aux directions des achats ou aux services financiers car son métier, quoi qu'il en pense, tient plus de l'investissement que de la dépense. Rappelez vous cette étude qui disait que "Un dollar investi en voyage doit rapporter 5 dollars en business", elle est plus que jamais d'actualité.
Pourtant, et les analyses publiées ces dernières semaines le démontrent, la crise qui n'est que la continuité de celles déjà vécues ces dernières années, a changé la vision des entreprises. Le retour du cost killing pour chercher où sont les niches d'économies n'est pas du aux seuls effets de la conjoncture. Beaucoup de sociétés sont désormais persuadées qu'un professionnel travaille souvent par habitude, en insérant parfois une trop forte dose affective dans ses relations commerciales. C'est ce qui explique le trio évoqué plus haut. L'acheteur voyage est le spécialiste du domaine, le cost killer le généraliste qui ira chercher à valider les choix proposés. Il ne s'agit pas de rogner en permanence sur le coût du déplacement au détriment de la qualité du voyage, mais de juger si la dépense est juste, adaptée aux déplacements de l'entreprise. Une sorte de globalisation affinée à l'humain. C'est nouveau. Plusieurs grandes entreprises américains se sont lancées dans cette approche économique. IBM, Boeing ou Coca Cola sont persuadés que cette optimisation sera favorable aux voyageurs. Une meilleure redistribution des moyens pourra garantir un meilleur voyage. Mais pour l'heure, tout cela n'est qu'un vœu pieu. Les premiers résultats sur le terrain et première mesures économiques ne seront pas analysables sans un recul de deux ou trois ans. D'ici là...

Marcel Lévy