Le secteur du transport aérien vent debout contre l’écotaxe sur les billets d’avion

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L'Union des Aéroports Français dénonce une taxe franco-française. Air France déplore fortement une taxe qui va nuire à sa compétitivité.

Le gouvernement français a décidé de mettre en place une écotaxe de 1,50 à 18 euros sur les billets d’avion pour les vols (domestiques comme internationaux) au départ de France, sauf vers la Corse, l’Outre Mer et sur les vols en correspondance. Les réactions des professionnels du transport aérien ne se sont pas fait attendre. L'Union des Aéroports Français a dénoncé un mauvais coup porté à la connectivité des régions françaises. «Faute d’avoir pu convaincre les autres Etats européens de la mise en œuvre d’une taxe européenne, il s’agira, une nouvelle fois, à l’instar de la taxe de solidarité, d’une taxe purement franco-française qui frappera avant tout le transport aérien français ainsi que l’attractivité des régions françaises», regrette l’organisation professionnelle qui réunit 150 aéroports français.

Air France, pour sa part, déplore fortement ce projet de nouvelle taxe, laquelle pénalisera fortement sa compétitivité, alors qu'elle a besoin d'accélérer la réduction son empreinte environnementale, notamment dans le cadre du renouvellement de sa flotte. Au niveau du groupe, cette taxe représenterait un surcoût de plus de 60 millions d'euros par an pour le groupe, soit l'équivalent des mesures prises dans le cadre des Assises du Transport Aérien qui avaient vocation à renforcer la compétitivité du pavillon français. La compagnie estime que cette mesure serait pour elle «extrêmement pénalisante» : la moitié de son activité est réalisée au départ de l'Hexagone, souligne-t-elle. Et les pertes sur son réseau domestique ont atteint plus de 180 millions d'euros en 2018.

Le Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL France ALPA) n'est pas plus tendre, rappelant que cette nouvelle écotaxe vient s’ajouter à la longue liste des charges qui pèsent sur les compagnies aériennes et pénalisent la compétitivité du secteur : création de la taxe de l’aviation civile en 1999, mise en place de la taxe de solidarité en 2006, augmentation des redevances de navigation et des redevances aéroportuaires, accroissement des dépenses de sûreté, maintien du budget annexe « Contrôle et exploitation aériens » (BACEA) hors du champ d’application de la TVA, etc.

«Après l’échec patent des assises du transport aérien, le gouvernement vient d’annoncer brutalement et sans concertation aucune, la levée d’une nouvelle taxe sur les compagnies aériennes - déjà asphyxiées par les taxes - au profit notamment du ferroviaire, qui est déjà très largement subventionné. De plus, il n’est pas démontré que le train soit moins polluant que l’avion, puisqu’il fonctionne à l’électricité produite par des centrales à charbon ou des centrales nucléaires», argumente le SCARA, le Syndicat des Compagnies AéRiennes Autonomes, regroupant 40% des compagnies aériennes françaises dont Air Austral, ASL Airlines, Air Tahiti Nui et Air Corsica.

«Nous condamnons toute décision qui ne sait apporter qu'une nouvelle taxe comme solution aux problèmes d'environnement alors que le transport aérien s'est résolument engagé dans une démarche volontariste, portée par l'arrivée de nouvelles technologies et les engagements de compensation de son empreinte carbone (CORSIA)», déclare pour sa part la FNAM, principale organisation professionnelle du secteur aérien, représente plus de 95 % du transport aérien. Au travers de 8 groupements professionnels dont la CSTA (Chambre Syndicale du Transport Aérien) et la CSAE (Chambre Syndicale de l’Assistance en Escale).

«La coupe est pleine», note enfin Jean-Pierre Sauvage au nom du BAR (Board of Airlines Représentative) France. "Que fait par exemple le gouvernement pour développer les bio-carburants, pour rechercher les substituts aux énergies fossiles ? Tout cela semble bien loin des préoccupations actuelles», regrette le président de l'association créée en 1949, la plus ancienne défendant les intérêts des compagnies aériennes.

Vincent de Monicault

 

Les EDV dénoncent aussi l'écotaxe

Les Entreprises du Voyage ne sont pas les moins critiques. L'organisation professionnelle estime que l'écotaxe est contre-productive : elle cède à la démagogie d’un mouvement de haine de l’avion ; elle ne réduira en rien les effets sur le rechauffement climatique car elle financera un mode de transport concurrent ; elle rend moins accessible le transport aérien aux moins fortunés, à ceux qui doivent voyager pour raisons famliales... Les professionnels français du tourisme militent pour une « contribution planète » basée sur la production de CO2 du vol considéré (type d’avion, durée du vol…) et directement affectée à des projets certifiés d’absorption du CO2, rappelle les EDV.