Le voyage d’affaires va t-il aussi perdre son triple A ?

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La crise économique qui s'annonce, et qui risque bien de s'amplifier, peut-elle modifier le triple A du voyage d'affaires : Anticipation, Adaptation, Amélioration ? La question est complexe car si la peur prend le pas sur la réalité économique, on risque bien de se retrouver dans une situation comparable, voire pire, qu'en 2009.

Plus que jamais la question du retour sur investissement d'un déplacement professionnel se pose. Dans les entreprises soucieuses de savoir si les investissements se font à bon escient, et conscientes du besoin d'aller sur le terrain, il est tout naturel de chercher à rentabiliser le voyage d'affaires. On sait tous, pour l'avoir lu, que le déplacement professionnel est un investissement et non une dépense. Facile à dire quand tout va bien... Plus complexe à analyser lorsqu'il faut faire des choix budgétaires. A priori, l'une des premières réponses apportées à cette question du ROI nous vient des États-Unis. Scott Gillespie, spécialiste reconnu du monde des achats dans le voyage d'affaires, n'a jamais caché que l'innovation devait prendre le pas sur l'habitude : « Il ne faut pas chercher à construire ses déplacements en fonction des besoins estimés de son interlocuteur mais bien en fonction des seules innovations que l'on peut lui apporter » précise Scott qui n'hésite pas à dire qu'un grand nombre de voyages se font dans l'urgence (donc à prix fort) faute d'avoir su anticiper les attentes de son interlocuteur. Et de poursuivre "Il faut étonner intelligemment, avec de vraies réponses et de bonnes solutions". Même vision pour Henry Mintzberg, spécialiste canadien des achats et du "change management" qui précise toujours que le retour sur investissement « est le résultat concret de ce que l'on attend d'un déplacement professionnel et de l'objectif que l'on s'est fixé ».
De fait, si l'anticipation reste l'une des qualités premières de l'acheteur voyages, sa capacité d'adaptation et les efforts qu'il fera pour l'amélioration des déplacements de ses voyageurs sont autant de points forts qui lui permettront, sans doute, de limiter le volume au bénéfice de la qualité et du résultat. Tout cela pour dire, et malgré les études réalisées sur le sujet ces derniers mois, que le retour sur investissement du déplacement professionnel est loin d'exister comme on l'entend dans l'univers industriel. Impossible derrière un coût d'avion, d'hôtel ou de voiture de location d'associer directement un résultat profitable pour l'entreprise. L'immatériel, contrairement à ce que pensent certains acheteurs, a parfois autant d'importance que le matériel. Il se mesure dans le temps et non pas dans l'instantané. Combien d'acheteurs garderont eux aussi leur triple va en matière d'efficacité ? Nous le saurons une fois la crise terminée.

Marcel Lévy