Les TIC créent du stress au travail et pour les voyageurs d’affaires

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Si l'informatique et les technologies mobiles améliorent le voyage d'affaires, leur usage peut être source de stress au travail, c'est ce que confirme un rapport du Centre d'Analyse Stratégique publié ce 29 février.

Les TIC créent du stress au travail et pour les voyageurs d'affaires
Regroupant les techniques utilisées dans l’informatique, Internet ou les télécommunications, les TIC ou technologies de l’information et de la communication ont investi le monde du travail depuis plusieurs décennies et l’ont transformé. La plupart des domaines d’activité les ont adoptées. La proportion des salariés qui n’y ont pas accès se réduit régulièrement, constate le CAS dans son dernier rapport, à télécharger ci dessous. Pour lui, la puissance, la variété de leurs fonctions et la possibilité de les intégrer dans un même ensemble confèrent aux TIC une importance stratégique qui dépasse de très loin celle de simples outils. Leur impact est quasi systématique sur les organisations du travail que, bien souvent, elles modèlent et structurent.

Leur rôle apparaît déterminant pour l’activité quotidienne des salariés (y compris ceux qui ne sont pas utilisateurs), pour l’organisation de l’entreprise, pour ses décisions stratégiques et les changements qu’elle connaît.

Ce rapport délivre une précieuse analyse alors qu'un facteur important pénalise encore la réflexion : la prédominance d’un discours massivement promotionnel autour des TIC, synonymes de progrès, de modernité et vecteur majeur de croissance économique, reconnues comme telles par les instances nationales, européennes, mondiales, ce qui laisse peu d’espace pour une approche centrée sur leurs effets sur les utilisateurs.

Pour identifier les impacts des TIC sur les conditions de travail, il a été nécessaire au préalable d’étudier la diffusion des technologies (chapitre 1), en lien avec les facteurs et acteurs qui l’ont orientée (chapitre 2), d’examiner les évolutions auxquelles elles ont abouti sur le contenu du travail et d’identifier les salariés concernés ainsi que leur ressenti face à ces changements (chapitre 3).

Trois problématiques principales ont émergé :

• Dans quelle mesure et sous quelles conditions les TIC participent-elles à l’intensification du travail, à la mise sous tension de leurs utilisateurs par l’effet de contraintes qu’elles génèrent ou décuplent ? Il apparaît nécessaire de rechercher des équilibres entre la charge de travail et le besoin de se retirer, de se déconnecter pour faire un travail de qualité, entre la standardisation et le maintien de marges de manoeuvre pour créer les conditions de l’engagement au travail, et entre l’autonomie et le contrôle (chapitre 4) ;

• Quels sont les liens et les effets des TIC sur les collectifs de travail ? Cette question a été abordée sous deux angles différents. Le premier traite des liens entre ces collectifs et les TIC et de la participation, parfois étroite, de ces technologies à leur renouvellement (chapitre 5) ; une démarche exploratoire spécifique a été adoptée pour aborder ce sujet. Le deuxième angle s’attache à répondre à la mise en cause des TIC comme facteur d’isolement et à analyser leurs impacts sur les échanges informels au sein de l’entreprise (chapitre 6) ;

• Quelles conséquences ont pour les salariés la relativisation des cadres traditionnels des espaces et du temps de travail induites par les TIC ? L’analyse met en évidence un brouillage des frontières entre travail et hors-travail, à l’échelle de l’individu, des organisations du travail et des entreprises (chapitre 7).

Le CAS formule plusieurs recommandations et notamment :

- de considérer les systèmes d’information comme un outil d’aide au travail des salariés ;

- de développer des dispositifs de régulation interne des usages des TIC dans les entreprises ;

- d’intégrer des utilisateurs des TIC et les DRH dans les divers projets ;

- ou de renforcer l’effort des entreprises en matière de formation continue de leurs salariés.

Les travaux ont été coordonnés par Tristan Klein, économiste, chef de projet "Prospectives des métiers et des qualifications" au département Travail-Emploi du Centre d’analyse stratégique, et Daniel Ratier, chargé de mission à Direction générale du travail.

Téléchargez le rapport en PDF ci dessous