Les compagnies aériennes face à leurs contradictions

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Rares sont les jours où nous ne recevons pas de mails nous indiquant que telle compagnie aérienne choisit les vins les plus fins ou peaufine sa gastronomie et son accompagnement. Et pourtant, l’alcool est première source d’incident à bord et l’Iata envisage de l’interdire !

Boire, mais avec modération. Voilà qui n’est pas évident et d’autant plus difficile à gérer à bord que de nombreux passagers sont convaincus qu’un petit verre - mais surtout deux ou trois… - pourront les aider à s’endormir plus facilement. Quitte à y ajouter une petite pilule pour la nuit ce qui, additionné aux effets de la pressurisation et de l’altitude, peut constituer un cocktail détonnant. Il n’empêche, la plupart des compagnies aériennes avant offrent le champagne dès l’arrivée à bord des classes First et Business et poursuivent avec des vins fins qui, accompagnant le repas, sont destinés à améliorer « l’expérience » du vol. Autrement dit la réputation et le confort global. La carte des vins est devenue un argument marketing et de nombreux transporteurs précisent le nom du sommelier qui l’a constituée, preuve de leurs talents.

La réalité est plus dure au quotidien. Comment refuser de servir non stop le client exigeant qui souhaite faire renouveler son verre plus que de raison ? Même avec beaucoup de diplomatie, l’exercice est délicat, et tous les passagers n’ont pas le verre sympathique. L’iata le souligne dans un récent communiqué.

De nombreux incidents à bord sont liés aux excès de table et les compagnies pourraient envisager de supprimer purement et simplement l’alcool en vol. Pour avoir un règlement derrière lequel abriter ses équipages ? Le fait est qu’il est quelque peu contradictoire de recevoir le même jour l’info de l’association des compagnies et un nième communiqué de presse vantant les talents de la carte du bord….

Hélène Retout