Les entreprises européennes s’inquiètent pour l’avenir des affaires en Chine

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Voici un texte qui ne peut qu'intéresser les voyageurs d'affaires en Chine : cet article, publié par les services économiques de l'Ambassade de France en Chine, donne un éclairage plus qu'intéressant sur la vision du marché par les européens. Son auteur, François Blanc, évoque l'arrivée d'un environnement moins favorable pour les entreprises étrangères en Chine.

Les entreprises européennes s’inquiètent pour l’avenir des affaires en Chine
Le Business Confidence Survey 2010, réalisé par la Chambre de commerce européenne reflète une inquiétude croissante de la communauté d’affaires européenne vis-à-vis d’un environnement moins favorable en Chine pour les entreprises étrangères, alors que des difficultés soulevées depuis des années n’ont pas trouvé de résolutions. Sans remettre en cause le fait que la Chine restera une destination majeure d’investissements, d’autres destinations pourraient néanmoins être considérées comme des options plus favorables.

La reprise rapide et vigoureuse de l’économie en Chine a permis aux entreprises, notamment européennes, d’y réaliser de bonnes performances en 2009. Le maintien de la croissance à un rythme soutenu en 2010 devrait inciter celles-ci à l’optimisme. Et pourtant, c’est une tout autre tonalité qui ressort du Business Confidence Survey 2010, réalisé par la Chambre de commerce européenne (European Chamber of Commerce in China - EUCCC).

L’EUCCC se veut la voix de la communauté d’affaires européenne auprès des autorités chinoises ; les divers groupes de travail, constitués par secteur ou pour une thématique donnée (la propriété intellectuelle, etc.), par les entreprises réalisent, pour ce faire, divers rapport et études :
• ponctuellement, des études sur un sujet d’importance ou d’actualité particulière ;
• chaque année, un rapport sur les difficultés rencontrées par les entreprises et les moyens de les résoudre (le « Position paper ») ; il constitue un état complet et documenté des difficultés rencontrées par les entreprises étrangères – mais aussi nationales – en Chine ;
• un Business Confidence Survey, dont la version 2010, réalisée auprès de 500 entreprises, vient d’être publiée.

Il révèle une communauté d’affaires optimiste quant aux perspectives économiques du pays, mais préoccupée du climat des affaires et d’un environnement règlementaire qui manque de prévisibilité.

Ainsi, la confiance dans la solidité de la croissance chinoise – sur laquelle la plupart des analystes s’accordent – n’implique pas forcément que la Chine offrira un environnement durablement porteur et fiable. Au contraire, c’est la montée en puissance des préoccupations vis-à-vis de normes règlementaires pénalisantes qui domine cette version 2010, par-delà les provinces et les secteurs économiques : 36 % des entreprises estiment que la politique des autorités s’est durcie vis-à-vis des entreprises étrangères depuis 2008 (pour 8 % d’avis contraire, 24 % sans changement et 32 % sans opinion). Pire, il est craint par 39 % des entreprises interrogées que cette tendance s’aggravera dans les deux prochaines années. Seuls 10 % anticipent une amélioration. De même, seules 34 % des entreprises sont optimistes sur leur profitabilité, alors qu’elles étaient 47 % en 2008.

Les problèmes mis en avant demeurent les mêmes au fil des ans : une mise en œuvre discriminatoire de la règlementation, notamment en matière d’autorisation d’activités, de protection de la propriété intellectuelle et de l’application des normes nationales (dans l’environnement, par exemple).

L’absence de résolutions de ces difficultés et l’incertitude quant à l’avenir pourraient remettre en cause les projets d’investissement en Chine : ainsi, si 30 % des entreprises considèrent que la Chine est leur destination prioritaire d’investissement, ce nombre se réduit à 21 % quant aux perspectives à cinq ans. Certes, la Chine demeurera dans les trois premières destinations d’investissement, pour 47 % des entreprises (vs. 34 % aujourd’hui) ; et l’observation actuelle indique une forte attractivité de la Chine ; mais il n’en demeure pas moins que cette situation n’est pas acquise et gagnerait à la mise en place d’un environnement des affaires plus lisible et prévisible.

Ces préoccupations ont été exposées par des directeurs de grandes entreprises allemandes au Premier Ministre Wen Jiabao – qui s’est empressé de minimiser la réalité de ces soucis – lors de la visite de la Chancelière Angela Merkel. Elles ont aussi été exprimées, sans animosité mais sans complaisance, par les dirigeants de l’EUCCC au forum sur les relations commerciales, organisé en juillet par l’Union européenne sur le Pavillon de l’Expo de Shanghai 2010, qu’elle partage avec la Belgique et ouvert par le Commissaire européen Karel de Gucht et le vice-ministre chinois du commerce M. Gao Hucheng. A cette occasion, l’enquête a été mise en cause par la salle pour sa subjectivité, basée sur la perception des entrepreneurs et non sur des faits. Le vice-président de l’EUCCC y a répondu que les perceptions pouvaient avoir plus de poids, ou au moins autant, sur les décisions d’investir que les faits ; et que, par ailleurs, le rapport incluait nombre d’exemples illustrant la réalité de ces perceptions.

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Le site d'information : http://www.ambafrance-cn.org/