Les nomades numériques, voyageurs des temps modernes?

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Avec pour seuls outils de travail un ordinateur portable et une connexion Wi-Fi, les nomades numériques voyagent tout en maintenant une source de revenus en travaillant à distance.   À la croisée du voyageur d’agrément et du voyageur d’affaires Leur travail ne nécessite pas de voyager, mais il ne les contraint pas non plus à […]

Avec pour seuls outils de travail un ordinateur portable et une connexion Wi-Fi, les nomades numériques voyagent tout en maintenant une source de revenus en travaillant à distance.
 

À la croisée du voyageur d’agrément et du voyageur d’affaires

Leur travail ne nécessite pas de voyager, mais il ne les contraint pas non plus à rester au même endroit. Par leur usage des technologies informatiques, ces nomades numériques, ou encore « technomades », ont créé une nouvelle manière de travailler. Ils choisissent de voyager quelques mois, quelques années, voire leur vie entière, tout en travaillant à partir de leur ordinateur et en conservant les relations professionnelles établies dans leur lieu d’origine. Ces expatriés, qui détiennent un visa touristique, sont des salariés d’une entreprise favorisant le télétravail, des travailleurs autonomes ou encore des entrepreneurs du Web. 
Ils choisissent de voyager quelques mois, quelques années, voire leur vie entière, tout en travaillant à partir de leur ordinateur
Liz Elam, fondatrice de Link Coworking, un club privé d’espaces de travail partagés, attribue cette tendance aux États-Unis au fait que les travailleurs, en particulier ceux de la génération Y, recherchent davantage d’indépendance et de flexibilité, un meilleur équilibre travail-vie privée et ont la volonté de voyager toujours plus.

Travailler à distance, mais encore?

Un nomade numérique séjourne plus longtemps dans une destination qu’un voyageur d’affaires traditionnel. Il recherche donc un lieu de travail moins achalandé qu’un café public, mais aussi moins isolé qu’une chambre d’hôtel. Les espaces de travail partagés répondent à ce besoin. Deskmag en recensait 6000 à travers le monde à la fin 2014, accueillant près de 300 000 personnes. Propices au réseautage, à la collaboration et à la stimulation entre pairs, ces espaces sont très populaires dans les centres urbains.
Par exemple, celui d’Hubud, à Bali, est fréquenté par environ 200 expatriés et propose des formations de quelques jours sur des thèmes aussi diversifiés que les technologies, le marketing, l’entrepreneuriat, la créativité et le développement personnel.
 

Des lieux de vie urbains en communauté

Bien souvent, les nomades numériques en processus de création d’entreprises se rendent dans des villes connues pour leur créativité et leur foisonnement de start-ups. Montréal, qui vient de se classer dans le top 20 des plus grands écosystèmes d’entreprises en démarrage, selon Compass, a acquis sa notoriété notamment grâce à l’événement International Startup Festival et à la maison Notman, qui offre des espaces de travail partagés.

Toutefois, une nouvelle offre cible les « technomades » : un lieu qui combine un espace de travail partagé et un hébergement de courte ou de longue durée. Il présente un avantage fort intéressant pour ces travailleurs, puisqu’ils ont accès à une aide et un accompagnement dans leurs projets, comme il y en a dans un incubateur de start-ups.

Startup Basecamp, déjà présent à San Francisco, a ouvert en juillet dernier un premier établissement à Montréal. Le tarif d’une chambre partagée oscille entre 26 et 35 $ US par jour, selon la durée du séjour. Ces lieux de vie sont accessibles dans plusieurs villes des États-Unis et sont créés par des start-ups telles que The Embassy Network , Pure House et Krash.

La naissance du coworkation

Les nomades numériques sont aussi attirés par des destinations où le coût de la vie est moins élevé. De véritables communautés se sont formées en Thaïlande, en Indonésie, au Vietnam et plus récemment en Europe et aux États-Unis dans des villes moins chères ou en milieu rural.
Des start-ups ciblent cette clientèle et leur proposent des co-working holidays ou coworkation
Des start-ups ciblent cette clientèle et leur proposent des co-working holidays ou coworkation. Elles se nomment HackerParadise, The Blue House, Project Getaway (voir la vidéo plus bas), Surf Office ou encore Refuga et s’assimilent à des entreprises touristiques. 
Leur intention est d’offrir un environnement de travail favorable à la création. Les résidents travaillent sur leurs projets, apportent du support aux autres membres, visitent la région, participent à des événements, des activités, des formations et des ateliers organisés sur place, qui vont d’une soirée réseautage au cours de surf, d’un atelier sur le développement personnel à la formation marketing.
Par exemple, Tribewanted propose des séjours à Bali au sein de la communauté Hubud. Les nomades numériques ont le choix de participer à des projets environnementaux dans une ferme écologique où ils peuvent se loger. Le tarif est de 350 $ US par semaine ou de 550 $ pour le premier mois sans l’hébergement (puis 350 $ pour les mois suivants).

L’essor du coworking rural

Les lieux de travail inusités ne sont pas réservés aux destinations exotiques. En Europe, des initiatives voient le jour et offrent des séjours dans des lieux reculés. En Hollande, Kantoor Karavaan loue des caravanes, des yourtes ou encore des terrains de camping dans l’arrière-pays, pouvant accueillir des groupes de travail.

Le concept de Mutinerie Village séduit à l'étranger. Cette maison est située dans une ferme à 1 h 30 de Paris et fut créée par la Mutinerie, un espace de travail partagé à Paris. Pour 40 euros par jour, les nomades numériques profitent d’un séjour tout inclus et participent à l’entretien de la maison et aux activités de la ferme. Ils y font l’expérience d’une vie en autarcie dans un esprit communautaire. Ouvert depuis plus d’un an, 400 personnes y ont été accueillies.
Pour les start-up, le regroupement peut aussi se faire pour les déplacements professionnels
Un peu dans la même veine, il existe au Québec une initiative qui permet aux entrepreneurs montréalais de partir à la rencontre de leurs pairs en région. La Tournée des Entrepreneurs est une série de voyages durant l’été qui allie conférences, réseautage d’affaires et tourisme. Ces rencontres sont un beau moyen de sortir du cadre habituel de travail et de stimuler la créativité.
Ainsi, des acteurs québécois ont déjà mis la table pour faire du Québec une destination attirante pour les nomades numériques, cette clientèle qui redéfinit à la fois la façon de travailler et de voyager.

Les sources de l'article

Source(s)

– Brault, Julien. « Les nomades numériques redéfinissent le voyage d’affaires  », lesaffaires.com, 20 juin 2015.
– Cashman, Anna. « Coworking holiday: Coworking spaces on small islands  », deskmag.com, 13 mars 2012.
– Cassely, Jean-Laurent. « Le “nomade numérique” est-il l’avenir du routard?  », slate.fr, 24 mars 2015.
– Compass. « The 2015 global startup ecosystem ranking  », blog.startupcompass.co, 27 juillet 2015.
– Deskmag. « These major coworking events will take place in 2015  », deskmag.com, 5 janvier 2015.
– Lévesque, Elyse. « Technomades, les expatriés volontaires  », affaires.lapresse.ca, 25 janvier 2015.
– Mohn, Tanya. « Co-working on vacation: A desk in paradise  », nytimes.com, 19 janvier 2015.
– Razavi, Lauren. « ‘We’re all going on a co-working holiday’ – workaholics welcome  », theguardian.com, 28 janvier 2015.
– Schwartzberg, Lauren. « How Krash and other startups are taking coworking home  », fastcompany.com, édition de juillet/août 2015.
– Sell, Georges. « BridgeStreet reveals “digital nomad” research  », servicedapartmentnews.com, 12 juillet 2015.
– Startup Juncture. « Rural coworking: not just for hippies  », startupjuncture.com, 20 juillet 2015.
– Startup Juncture. « Startup co-living: 3 big trends for the digital nomad  », startupjuncture.com, 29 mai 2015.

A propos de l'auteure

Cet article a été publié sur le site du Réseau Veille en tourisme
 
A propos d'Aude Lenoir
La Bretagne, terre de ma jeunesse, a soufflé sur moi un vent de passion pour le tourisme et j’ai très vite surfé sur la vague de l’inconnu. J’exerce alors différents emplois dans l’industrie, en France et au Québec, sans pour autant négliger mes études. Une fois diplômée d’une maîtrise en Tourisme, spécialité gestion hôtelière, je m’installe à Montréal et j’occupe un poste de supervision dans un hôtel. Le rythme effréné ainsi que l’interaction avec les clients et les employés me plaisent beaucoup, mais l’envie de plonger davantage dans le monde de l’industrie touristique me tenaille. Ce fut une grande opportunité pour moi que de joindre l’équipe du Réseau de veille en tourisme en 2010.

Je me passionne pour le réseau de distribution, en particulier l’hôtellerie et les agences de voyages, et je cultive un vif intérêt pour l’e-tourisme. Selon moi, développer un produit ou aménager un lieu touristique, c’est réaliser que cette richesse, ce patrimoine doit être connu et reconnu. Les acteurs québécois, de par leur foi en leurs régions et leur dynamisme, ont créé une offre diversifiée et de qualité. Les enjeux auxquels ils font face nous préoccupent, c’est pourquoi notre rôle est de les aider à mieux comprendre l’évolution du tourisme, son actualité et les tendances à travers le monde.

« Au delà de ce qui est nécessaire, il y a ce qui rend heureux » (proverbe Breton)