Les pilotes s’opposent au co-avionnage

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Avec la crise, les voyageurs d'affaires et les entreprises sont partis à la recherche d’économie et de bas prix. Ces besoins ont développé un nouveau type d'offres : le co-avionnage. Comme le covoiturage, le passager partage l'avion et les frais d'un pilote privé. Mais les pilotes se montrent critiques envers cette pratique. L'Union Syndicale du Personnel Navigant Technique estime que ce transport de passagers présente un "caractère inquiétant".

L'Union Syndicale du Personnel Navigant Technique a envoyé début août une lettre à la Ministre de l’Écologie du Développement Durable et de l’Énergie pour lui faire part de l’apparition et le développement en France d’une forme illicite de transport de passagers par avion, ULM et hélicoptère, par le biais de passerelles internet dites de co-avionnage.

Dans un communiqué, l'USPNT considère que "Ces vols, contournant la réglementation française et internationale relative au Transport Public de Personnes, présentent un caractère inquiétant". Elle remarque que "Ils peuvent en effet être effectués par des pilotes privés peu expérimentés, avec un suivi médical pouvant être quasi inexistant, à bord d’avions dont ils ne sont pas forcément propriétaires, parfois immatriculés à l’étranger, en s’affranchissant des contraintes et limitations réglementaires (limitations d’heures de vol, exigences de maintenance spécifique au transport public de passagers par aéronef, obligation de détenir des manuels d’exploitation)".
Selon le syndicat, ces vols "portent atteinte à la sécurité aérienne et à la sûreté nationale, au vu de l’absence de contrôles pour les passagers et leurs bagages. Ils offrent des possibilités de contournement des contrôles douaniers et d’affranchissement des taxes et contributions destinées aux budgets et aux régimes collectifs. En cas d’incident ou d’accident, la couverture des contrats d’assurance est exposée aux clauses d’exclusion".

Le syndicat met également en avant que ces pratiques se font au détriment des pilotes professionnels français, dont un grand nombre est à la recherche d’emploi. "Alors que nous devons déjà faire face au dumping social et aux attaques sur le transport aérien français, par les subventions déguisées des compagnies aériennes du Golfe, les pratiques des compagnies low-cost jouant à la marge des règles, utilisant des pavillons délocalisés, obligeant leurs pilotes à travailler de manière précaire via des contrats d’auto-entrepreneurs dans des pays à faible protection sociale, payant leur formation et leurs uniformes, voire les obligeant à payer pour travailler («pay to fly»), l’USPNT ne peut accepter les dérives du co-avionnage", conclut-il.

L’USPNT conseille ainsi "vivement" aux passagers de ne recourir aux services des pilotes privés que pour des vols de découverte ou des baptêmes, dans des aéroclubs et écoles de pilotage exerçant dans un cadre non commercial, qui ont promu et fait vivre l’aviation générale depuis un siècle en France. "Les passagers souhaitant emprunter des trajets aériens doivent se tourner vers les différentes compagnies d’aviation d’affaire et d’aviation taxi françaises exerçant dans un cadre réglementaire, garantissant tous les critères de sécurité".

Le syndicat demande aux services de l’Etat d’agir rapidement pour, comme l’autorité de l’aviation civile aux USA, faire fermer ces sites de co-avionnage et ainsi faire cesser leurs pratiques préjudiciables.