Les souffrances du Voyage d’affaires

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Le réseau Afat Voyages le reconnait, la période est difficile pour les agences qui vendent des déplacements professionnels. Entre la conjoncture difficile et la pression des grands groupes, les plus petits acteurs ont du mal à tirer leur épingle du jeu. Elles ont cependant des atouts.

Les souffrances du Voyage d'affaires
Premier réseau Français d'agences de voyages (636 points de vente), Afat Voyages s'adresse à une clientèle loisirs mais se bat aussi dans le secteur du voyage d'affaires, avec une clientèle constituée de PME-PMI pour l'essentiel. Un secteur très concurrentiel puisque les poids lourds comme Carlson ou Amex, après avoir constitué des clientèles de grands comptes, ont décidé de s'attaquer au marché des plus petites entreprises. Comment se situe le secteur en période de crise ? "Il faut bien le reconnaitre, la billeterie aérienne que reflète le BSP est dans une situation dramatique", souligne Jean-Pierre Mas, le Président d'Afat Voyages, en volume le recul a été de 20% en janvier mais aussi de 20% en février, des chiffres jamais vus, même en 2001, et encore moins deux mois de suite. Pour notre réseau, le recul est moins fort, à -16%, tout simplement parce que nous nous adressons à des PME et PMI qui ont moins taillé dans leurs dépenses que les grands groupes. Heureusement pour nos entreprises qui sont désormais rémunérées à la transaction, le nombre d'achat, lui n'a reculé que de 10%, ce qui réduit l'impact. Mais le fait est que la situation est grave".
Les compagnies aériennes en difficultés
Jean-Pierre Mas le reconnait, ce ne sont pas les agences qui souffrent le plus mais les compagnies aériennes elles-mêmes: "Le prix moyen du billet a baissé depuis le mois d'août, non pas à cause des réductions des surcharges carburant mais parce que le passager va vers l'arrière de l'avion. Les classes éco sont surchargées, au point qu'il faut très souvent surclasser des passagers. Ce qui veut dire que les voyageurs fréquents Platinium n'ont quasiment plus intérêt à acheter de la business, ils seront pratiquement systématiquement up-gradés. Pervers!". Jean-Piere Mas s'inquiète clairement pour l'avenir des compagnies: "L'impact des restrictions des entreprises dans leur politique voyage a un effet direct sur leur rentabilité et leur gestion. Une baisse nette de 20%, cela rend l'exercice délicat qui rend nerveux". Et s'occupant de la Commission de l'aérien au SNAV, le Syndicat des Agents de Voyage, le Président de l'Afat s'inquiète un peu de ce que les compagnies vont tenter d'imaginer pour restreindre leurs coûts dans la distribution. "Après avoir reporté leurs achats d'avion ou tenté de restreindre leur masse salariale, c'est forcément sur la distribution qu'elles vont essayer de gratter, même s'il n'y a plus grands chose à essorer".
Un effet report sur le train
Les modifications des politiques voyages conduisent de plus en plus les voyageurs d'affaires dans le train, "C'est un fait avéré", constate Jean-Pierre Mas, qui ne remarque pas, en revanche, de mouvement à l'intérieur même des rames, de la Première vers la Seconde. "Mais il faut reconnaitre que la SNCF se sort plutôt bien de la situation. Elle n'augmente pas ses volumes, mais elle ne les baisse pas non plus dans le voyage d'affaires, car le non voyage de certains est compensé par l'arrivée de nouveaux voyageurs, ceux qui désertent l'avion".
Inquiet pour l'avenir? "Oui et non", explique Jean-Pierre Mas, "Nous souffrons moins que d'autres car nous sommes des distributeurs et généralement des petites entreprises, souples et mobiles. En réseau, nous partageons des outils pour aller chercher le client, nous mutualisons les coûts". L"AFAT s'est doté d'un cercle restreint, ABC (Afat Business Club) qui regroupe 65 agences particulièrement axées sur le voyage d'affaires. "Nous récupérons aujoud'hui des sociétés qui ne sont pas satisfaites d'un service de grands groupes, avec une politique de proximité qui nous rend efficaces et attractifs", souligne Jean-Luc Dufrenne, membre actif de l'ABC.