Les voyageuses d’affaires sont scandaleuses

71

Les femmes d'affaires et a fortiori les voyageuses d'affaires sont choquantes. Songez donc, bravant effrontément la Loi, elles s'autorisent à circuler au vu et au su de tous... en pantalon. Or depuis la loi du 26 Brumaire an IX de la République "Toute femme désirant s'habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l'autorisation...". Depuis le texte, s'il a été aménagé, n'a jamais été abrogé !

L'élection présidentielle est l'occasion pour beaucoup de lobbyistes de faire entendre leur voix et demander aux candidats de prendre position sur tel ou tel sujet. L'association Ni putes ni soumises entend demander l'abrogation de la fameuse loi du 17 novembre 1800, parmi 16 autres revendications à remettre aux candidats à la présidentielle. Aujourd'hui les femmes n'ont plus à faire comme George Sand ou Rosa Bonheur et se rendre en Préfecture pour demander humblement l'autorisation. Michèle Alliot-Marie a institué le tailleur-pantalon à la Chancellerie, et certaines professions font même obligation à certaines de porter le pantalon ! La désuétude a tué la loi, et c'est tant mieux. Aux voyageuses d'affaires de choisir la tenue qui leur semble la plus confortable, ouf!

Il reste que bien des questions se posent sur le droit et/où les obligations de chacun vis à vis de la bienséance ou, plus largement, l'obligation de représentation de son entreprise. C'est tout le sujet de la chronique juridique de notre avocate préférée. Spécialiste du Droit du travail et de la protection sociale, Jacqueline Cortès nous a déniché une Circulaire de 1983 qui, sauf à prouver la légitimité de sa demande, limite largement les possibilités d'une entreprise à contraindre ses salariés à porter une tenue spécifique. On peut penser que le costume s'impose pour aller visiter les clients, mais que pourrait bien dire une entreprise à un jean et une veste fantaisie, mais corrects ? En tous cas si le "col Mao" de Jack Lang à l'Assemblée avait fait scandale, le pantalon de Madame, lui, ne provoque plus de commentaires. Les temps changent, avec ou sans la loi.

Annie Fave