Mais à quoi jouent les pilotes ?

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C’est par un communiqué largement diffusé ce vendredi 7 février que les pilotes du SNPL France Alpa ont dévoilé leur menace : ils appellent tous les pilotes de ligne français à la grève du 3 au 30 mai 2014. Rien que ça.

Sûr de son bon droit et du bon sens de ses revendications, le SNPL France Alpa souligne que depuis Mai 2012 il a «fait part au gouvernement de ses préoccupations sur des sujets importants qu’il souhaite voir traiter». Il énumère dans la foulée des négociations pour une convention collective nationale des pilotes, l’abrogation de la loi Diard (mise en place par le gouvernement précédent), la mise en place d’une facilitation des pilotes en zone réservée ou encore la mise en place de conditions de concurrence loyale pour les entreprises de transport aérien françaises (voir PDF ci-dessous)
Sur ce dernier point, on peut certes comprendre l’inquiétude des pilotes pour les marges de manœuvre économique de leurs entreprises mais, de la même façon que les ouvriers de l’automobile ne se mêlent pas du Code de la Route, on se demande si c’est vraiment à eux de s’en charger, et pas leur patron.

On peut aussi comprendre leur agacement vis-à-vis de la loi Diard qui réduit leur propre marge de manœuvre en cas de grève, ou encore partager leur questionnement pour une convention collective nationale. Encore que, vue la pénurie de pilotes, est-ce que c’est bien la peur de l’avenir qui les anime ? Ou simplement la volonté de préserver des avantages acquis dans un contexte où le dumping de certaines low-cost est patent ? Là encore, est-ce à eux ou à leurs employeurs d’appeler l’attention des pouvoirs publics sur ces points ?

En tout état de cause, on pourra remarquer qu’en voulant protéger le pavillon français, les pilotes le fragilisent. Les compagnies françaises ont-elles besoin de la menace d’un mois de grève ? Les voyageurs d’affaires ne vont-ils pas tout simplement et dès maintenant programmer purement et simplement leurs déplacements via des compagnies étrangères, qui ne vont pas manquer de renforcer une fois de plus leurs capacités dans l’Hexagone. Et qui les en blâmerait ?

Autrement dit, menacer de faire grève un mois entier, c’est peut être une bonne stratégie pour démontrer la fermeté de ses intentions. Les pilotes laissent 3 mois au gouvernement pour entamer des négociations, et le fait de déposer un préavis d’un mois permet de contourner la fameuse loi Diard. Mais la menace risque de faire sérieusement boomerang.

Annie Fave