Mais que veut la CGT d’Air France qui s’insurge des 1,5 millions d’euros versés à l’ancien PDG, Pierre-Henri Gourgeon ?

90

Faut-il voir, dans le long tract syndical émis par la CGT Air France, les prémices de la bataille sociale qui pourrait bien s'engager dans la compagnie ? Dans son texte, le syndicat rejette l'idée de voir le personnel devenir le bouc émissaire d'une réorganisation qui passerait par des licenciements ou des pertes de salaires. Une attaque en demi teinte contre les prochains plans d'économie qui seront prochainement annoncés par la compagnie.

Mais que veut la CGT d'Air France qui s'insurge des 1,5 millions d'euros versés à l'ancien PDG, Pierre-Henri Gourgeon ?
Le document transmis à la presse par la centrale syndicale dresse tout d'abord les faits : "Depuis la mi‐novembre, la direction de l’entreprise a changé, subitement et violemment. Exit Pierre‐Henri Gourgeon, Alexandre de Juniac s’est installé aux commandes d’Air France tandis que Jean‐Cyril Spinetta reprend les rênes du groupe Air France/KLM. Le but de ce changement est clair : restaurer la compétitivité d’Air France et regagner la confiance des marchés financiers qui ont fait dévisser l’action AF/KL". Puis l'organisation commente (à sa façon) les conséquences de ces changements "Les victimes collatérales et la variable d’ajustement économique de ce changement de direction seront comme à l’accoutumée les salariés. Monsieur Gourgeon s’est fait débarquer avec une prime de départ de 1,5 millions d’euros, les salariés eux attendent avec inquiétude les premières décisions de la nouvelle direction annoncées pour la mi‐janvier... Nous imaginons que cette prime de départ ne fait pas partie du futur plan d’austérité".

Autre cible de ce texte, le management de proximité accusé depuis une quinzaine de jours de "faire comprendre aux salariés, au travers de réunions, que l’heure est grave et qu’il va falloir se serrer la ceinture de plusieurs crans....Un salarié saisi par la peur est un salarié plus malléable et plus réceptif au changement". Et l'organisation de donner les détails sociaux des prochains mois : "Le Président de la République a été clair, il ne veut pas de plans de licenciements qui pourraient compromettre sa réélection au mois de mai 2012 ! Le « redressement » d’Air France devrait donc se faire en deux temps : 1. Une phase dite « légère » annoncée pour la mi‐janvier, comportant des mesures telles que la poursuite du blocage des embauches et des salaires, l’arrêt des contrats précaires.... 2. Une phase plus lourde attendue pour l’après mai 2012, dont le contenu n’a pas encore été dévoilé mais dont nous avons toutes les raisons de nous méfier...."
Enfin, la CGT revient sur la situation financière et précise que sont montrés du doigt, chez Air France, l'endettement de 6,5 Milliards d’euros (contre 1,6 pour Lufthansa et 0,6 pour British Airways/Iberia), le résultat d’exploitation (‐28 millions d’euros ce semestre) et la valorisation financière inférieure aux fonds propres. De fait, tout le texte n'est qu'une simple prise de position face à l'arrivée du nouveau PDG car la CGT évoque " Le dernier Comité Central d’Entreprise, ou Alexandre de JUNIAC s’est présenté aux syndicats afin de diriger sa première session et donner sa vision de l’entreprise et des résultats trimestriels et semestriels. Celui‐ci estime que «L’entreprise est dans une situation extrêmement tendue et, actuellement, ne développe pas les moyens d’assurer sa propre survie ». Il estime cependant qu’Air France possède de nombreux atouts pour s’en sortir, à savoir « des personnels qualifiés et dévoués, une flotte relativement jeune, le meilleur réseau du monde ainsi qu’un hub performant».

Selon des sources internes, les syndicats se prépareraient au pire en pensant que c'est l'emploi qui devrait pâtir des décisions que prendra le nouveau PDG. Un rapport externe, considéré comme confidentiel, évoquerait le fait que 5 000 emplois ne seraient plus totalement justifiés aujourd'hui au sein d'Air France. Faut-il y voir les bases d'un mouvement social d'envergure ? Peu y croient au sein de la compagnie, préférant évoquer le réalisme du personnel plutôt que le suicide collectif.