Mirage à Abu Dhabi

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Des plages, du désert, un patrimoine culturel méconnu et des activités de groupes à décliner à la demande, Abu Dhabi a des atouts dans l’activité incentive. Même si son voisin, Dubaï, lui fait encore de l’ombre aujourd’hui.

Quatre minarets immenses surmontant une mer de coupoles, de colonnes et d’arabesques d’un blanc éclatant : la mosquée Cheikh Zayed est à elle seule le symbole d’un pays dans toutes ses contradictions. Elle revendique plusieurs records battus : la hauteur des minarets (107 mètres), la taille du tapis de la salle de prière (7 119 m²), les 7 lustres qui l’éclairent ornés de cristaux Swarowski, sans oublier le nombre de colonnes à son périmètre (1092). Et la coupole principale en lumachelle, parmi les 82 dômes de l’édifice, est l’une des plus grandes au monde avec 33 mètres de diamètre et 70 mètres de haut ! La porte est grande ouverte aux étrangers en dehors des heures de prière. Mais la femme est priée pour entrer, quelle que soit sa tenue, de se couvrir d’une abayah noire bien serrée sous le menton. Fierté, ouverture au monde mais préservation très stricte de ses racines. Un triptyque revendiqué. Nous sommes à Abu Dhabi.

Une alternative à Dubai

Mirage à Abu Dhabi
Abu Dhabi est le plus grand, le plus riche et le plus peuplé des 7 Emirats Arabes Unis : 80% du territoire, 70% de la richesse, 40% de la population. Mieux pourvu en pétrole et en gaz que son voisin Dubaï, il a moins vite diversifié son économie mais depuis 2004 et la mort de Cheikh Zayed (à qui est dédiée la grande mosquée), son fils Cheikh Khalifa démultiplie les projets. Pas question de faire un autre Disneyland du Proche-Orient, Abu Dhabi revendique le titre de capitale culturelle de la région. Et s’en donne les moyens : la ville elle-même ressemble aujourd’hui à un gigantesque chantier à ciel ouvert pour créer des îles artificielles, tracer des avenues et aménager des quartiers, notamment la ville nouvelle Khalifa City, développer des musées qui s’annoncent parmi les plus beaux du monde (voir encadré). L’objectif est de doubler le nombre de ses visiteurs pour atteindre 3 millions de touristes en 2015, dont 40% pour des congrès, séminaires et incentive.

Les atouts d’Abu Dhabi, face à Dubaï ? Une destination tout aussi sûre et une accessibilité identique (avec là aussi une compagnie aérienne nationale dédiée à son développement, Etihad) mais pour desservir un territoire infiniment plus grand. Du désert mais aussi du balnéaire sauvage, une myriade d’îles naturelles au long des 400 km de côtes de l’Emirat (dont des sanctuaires pour les tortues et les dauphins) et des oasis au milieu du désert comme Al-Ain, le berceau de la famille dirigeante, doté d’un fort et d’un musée archéologique, ou Liwa, aux portes du désert Roub Al-Khali.

Abu Dhabi, une oasis... d'immeubles

De grandes avenues larges, peu de circulation, Abu Dhabi City héberge ses 100 000 habitants dans des quartiers résidentiels immenses et verts regroupés autour d’un centre-ville implanté le long de la Corniche et constitué de tours à profusion, situé à 35 km de l’aéroport (1/2 heure en voiture). Peu de monde dans les rues, pas beaucoup de charme, la vie se situe dans les grands malls à l’américaine. Le Marina Mall et l’Abu Dhabi Mall alignent des vitrines internationales qui permettent aux Emiriennes de pratiquer leur sport préféré, le shopping. A voir pour le coup d’œil mais ces centres commerciaux ne présentent guère d’intérêt pour les européens, pas même les prix pratiqués. Le choix de l’hôtel ne réside donc pas dans la proximité d’un centre-ville inexistant mais dans les installations proposées. Et dans l’implantation par rapport au bord de mer.

Le Kempinski Emirates Palace est dans son genre la référence hôtelière d’Abu Dhabi. Gigantesque, impressionnant, les superlatifs ne manquent pas pour décrire cet hôtel qui a été voulu par la famille régnante pour accueillir ses hôtes. C’est ici que sont descendus Bush, Sarkozy et toutes les têtes couronnées de passage dans le golfe. Ici que la famille royale vient régulièrement séjourner au 8ème étage qui lui est réservé. Le hall est immense sous une coupole qui écrase de ses dimensions. Dans les suites des 6ème et 7ème étage, la soie recouvre les murs, le verre ne peut être que de cristal, ce qui ressemble à de l’or est effectivement en or, et la vasque de la salle de bain est en argent. Depuis 2005, les congrès, séminaires et incentives sont les bienvenus et Microsoft, Bentley et plusieurs banques régionales s’y sont déjà donné rendez-vous. Avec sa capacité hôtelière (394 chambres) et sa conception en 2 ailes, l’Emirates Palace permet effectivement de privatiser des espaces sans gêner aucunement les clients habituels de l’hôtel. Et avec ses 48 salles de réception, son auditorium (un vrai théâtre) de 1100 places, sa ballroom de 2800 places (elle peut être divisée en 4 parties), le lieu s’adapte à tous les projets. Seul bémol : il faut y séjourner au moins deux jours pour maîtriser la circulation et les espaces ! A noter que l’hôtel est en bord de mer, le long d’une plage pas très large mais très longue, avec une partie piscine bien équipée.

L'embarras du choix hôtelier

Mirage à Abu Dhabi
Les hôtels 3, 4 ou 5 étoiles sont assez nombreux à Abu Dhabi pour donner l’embarras du choix. Mais en réalité, certains sont un peu anciens. Ou superbes mais mal situés par rapport aux travaux en cours dans la ville. Ainsi le Beach Rotana Hotel and Towers, en plein centre de la capitale, 358 chambres (55 suites), 2 ailes distinctes (donc privatisable), 12 salles de réunion, possède un jardin et une piscine en bord de plage. Très bien.

Un Banyan Treee est achevé, un Shangri-La a déjà ouvert ses portes en 2007. Situé à l’écart du centre, dans un quartier résidentiel en plein développement à un quart d’heure de l’aéroport, il offre une vue magnifique sur la mosquée Zayed, ce qui n’est pas le moindre de ses mérites puisque le lieu du congrès ou de l’incentive est ainsi fixé au premier regard jeté par la fenêtre (toutes les chambres ont la vue). Il possède 214 chambres, qui commencent avec les Deluxe de 40 m², 26 suites de plusieurs catégories, toutes meublées dans un style mêlant l’orient et l’Asie extrêmement chic. Il offre trois restaurants, chinois, vietnamien et français, courus comme étant parmi les meilleurs tables de la ville. Deux bars les complètent, l’un pas très intime à la réception et le Hanah Bar au troisième niveau, privatisable. Cinq grandes salles de réunion, des petits bureaux, une salle de réception pouvant recevoir jusqu’à 300 personnes, il s’adapte à différentes configurations et possède un plus, son spa. Le CHI’s est la marque des spas Shangri-La, et ses 13 salles à l’écart de l’hôtel font déjà courir la meilleure société émirienne.

A voir également, le Royal Méridien (il existe aussi un Méridien, plus ancien). La tour très moderne compte 276 chambres (dont 77 suites), la plupart donnant sur Lulu Island et le jardin public de la Corniche. La grande ballroom Liwa peut recevoir de 300 à 600 invités, les 6 salles de réunion (toutes à la lumière du jour) sont très équipées techniquement. Les plus de l’hôtel ? Son yacht Shuja. Il est le seul hôtel de la ville à proposer ainsi des croisières le long de la corniche, avec une capacité de 80 personnes assises pour un banquet. Autre atout, le restaurant tournant Al Fanar, au sommet du building, accessible par les clients de l’hôtel mais aussi par les extérieurs, il peut se réserver en partie ou en totalité.

Autre rénovation réussie, l’Intercontinental, fréquemment utilisé pour des rendez-vous diplomatiques par les autorités de la ville. Une réception très classique, 336 chambres (dont 54 suites) qui ne le sont pas moins mais de niveau 5 étoiles. Il possède 17 salles de réunion équipées dernier cri. Ses atouts : 5 restaurants et une très belle plage privée dotée d’une marina. Son Club Intercontinental Lounge est d’ailleurs situé sur cette plage sur un long ponton en bois. Les équipes savent organiser sur place des animations thématiques comme la nuit des bédouins (repas extérieurs sous la tente) avec tenues et orchestres locaux de qualité.
Contacts

Hotels
● Beach Rotana Hotel and Towers
Tél.: +971 2 644 3000
mail [email protected] et www.rotana.com
● Intercontinental Abu Dhabi
Tél. : + 971 2 666 6888
mail [email protected] et www.intercontinental.com
● Kempinski Emirates Palace
Tél. : +971 2 690 9000 mail [email protected] et www.emiratespalace.com
● Royal Méridien Abu Dhabi
Tél. : +971 2 674 2020
mail [email protected] et www.leroyalmeridien-abudhabi.com
● Shangri-La Hotel
Adrien Pons, Business Development Manager
Tél. : +971 2 509 8888
mail [email protected] et www.shangri-la.com

Organisation
● Abu Dhabi Tourism Authority (Office de tourisme)
11 bis rue Blanche 75009 Paris Tél. : 01 53 25 02 52
Mail [email protected]
Web: www.visitabudhabi.com ou www.abudhabitourism.ae
Mirage à Abu Dhabi
Activités à la carte

Côté activités, la mer et le désert ouvrent bien des possibilités qui commencent à s’aligner sur ce que peut proposer Dubaï, d’autant que les principales agences réceptives sont originaire de chez le voisin qui n’est qu’à 1h30 de route.

Pour tout groupe une découverte de la ville s’impose et débute par un tour d’une à deux heures pour sentir la convergence orient-occident. Le Fort Al Hosn (18ème siècle) s’impose avec ses remparts, ainsi que la visite à la Abu Dhabi Cultural Foundation et au Heritage Village, pour un regard sur le patrimoine local (un film y retrace la création des Emirats, des pêcheurs de perles à la découverte du pétrole). La promenade le long de la Corniche permet ensuite de se rendre compte de l’imbrication des mosquées avec les immeubles de verre ultra-modernes. Le port est également un point d’attraction, avec la construction toujours en activité des bateaux en bois. Il est à deux pas des souks aux poissons, aux légumes et aux dattes. La grande Mosquée Zayed, ouverte à tous en dehors des heures de prière, est également une visite à faire.

Parmi les grands classiques des activités de groupe, le dîner dans le désert (aux portes de la capitale) sous tente bédouine, avec danses et cafés arabes, peintures de henné pour les dames, démonstrations de vols de faucons (tout émirien qui se respecte pratique cet art), caligraphes et fumée de shishas. Ou, dans le désert encore, le safari en 4X4 dans les dunes, avec leçons de conduite, promenades ou courses de chameaux ou…ski sur le sable ! Les journées se terminent généralement par un campement avec barbecue à la belle étoile et animations. Le réceptif Net Tours a notamment installé à 80 km de la capitale un campement fixe Khayal Al Sahara dans les dunes de sable doré, le seul du genre actuellement. Il peut accueillir jusqu’à 1200 convives.

En bord de mer, la première activité n’est autre que la promenade en Dhow, ces bateaux traditionnels privatisables, ou en yacht lorsque cela s’adapte mieux au standards de l’entreprise. Les petites îles au large sont privatisables pour des activités bains et nature (il y a 200 îles dans l’archipel, voir notamment www.torath.ae, on peut ainsi faire, en plus de la baignade et du snorkeling, de la pêche, du jet ski, du windsurf ou de la plongée. La plus fréquentée des îles, juste en face de la ville, est celle de Lulu.
Le golf est également une activité largement développée à Abu Dhabi, malgré le désert. Trois club sont à disposition dont l’ Abu Dhabi Golf Club qui compte un 18 et un 9 trous où sont organisés des compétitions. Le profil de sa réception est celui d’un faucon aux ailes déployées ! Les équipements sont remarquables, parcours dans les palmiers dattiers). A noter également, l’Abu Dhabi Golf and Equestrian Club ou, plus récent, du golf sur le sable au Al Ghazal Golf Club.
L’accueil de groupes n’est encore qu’une activité récente à Abu Dhabi mais les équipements hôteliers et la diversité des activités lui promettent des lendemains de grande qualité. Une fois passée la phase des travaux en cours, les équipements culturels constitueront une nouvelle attraction. Faut-il attendre ? Tout dépend des centres d’intérêt de l’entreprise susceptible de partir à la découverte d’une ville réellement étonnante.

Anne Le Goff