Montréal, la Françamérique

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Son nom évoque une montagne dédiée au roi. Ce fut le cas. Aujourd’hui, la capitale économique de l’Etat du Québec, fief de la francophonie au Canada depuis le fameux "Québec Libre" du Général de Gaulle, veut jouer dans la cour des grands, être l’étendard d’une autre manière de vivre en Amérique, d’y inventer le plaisir de vivre, sans oublier d’y faire des affaires.

La première ville du Québec (3 millions d’habitants pour l’agglomération) est une radieuse cité du monde. Américaine avec ses avenues rectilignes et ses rues qui croisent à la verticale. Française aussi via quatre siècles d’histoire qui lui dictent une relation de cœur avec ses enfants marins venus de Bretagne, de Normandie ou de Vendée et dont les patronymes remplissent l’annuaire et peuplent ses cimetières. Sans oublier l’emblème de son drapeau, la fleur de lys, pas plus que sa devise, « Je me souviens », inscrite sur les plaques d’immatriculation de ses voitures. On sait tout autant la vitalité de ses vocalises, Céline, Garou, Isabelle, Natacha… qui jettent un pont joyeux au dessus de l’Atlantique. On sait aussi que Bombardier équipe les navettes d’Eurotunnel qui traversent la Manche, que les partis indépendantistes ont leur siège ici et patientent jusqu’au prochain referendum, que les francofollies fixent chaque été nos cultures réunies sur le continent américain… On sait moins que depuis une trentaine d’années, Montréal accueille toutes les migrations du monde. De manière originale, elle les fixe quartier par quartier. D’accord, par tradition, les francophones préfèrent habiter à l’Est du boulevard Saint-Laurent, alors que les anglophones choisissent plutôt l’Ouest. Mais derrière ce schéma trop simplificateur, et au-delà du cœur de gratte-ciel qui marque le centre de la ville moderne (le quartier historique est soigneusement protégé), les Grecs ont leur repaire, comme les Turcs, les Juifs, les Haïtiens, les Polonais, les Africains, les Libanais, les Russes… C’est son talent d’avoir adopté tous ceux qui l’aimaient assez pour vouloir venir y construire leur avenir, tout en respectant l’identité de chacun. Pour le visiteur, Voici une sorte de voyage inédit autour de la planète : boutiques, accents, vêtement, restaurants, rien ne manque. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Cette agrégation se fait au nom du Canada. Un pays de moderne conquête, de construction, d’invention. Une manière de revenir aux sources de l’Amérique. Accent français compris.
Montréal, la Françamérique
A faire, à ne pas faire…
* D’accord, ce sont les Français qui ont fondé Montréal en 1611. Ce n’est vraiment pas une bonne raison pour faire preuve de condescendance ou avoir l’esprit propriétaire. Depuis bientôt quatre siècles, les Montréalais sont devenus grands.
* Savourer en revanche le plaisir de pouvoir parler français de l’autre côté de l’Atlantique.
* Le « tu » est presque systématique. Même si certains Canadiens montrent leur maîtrise du français en servant du « vous ». En tous cas, on s’appelle par son prénom dès les présentations faites. Et on échange, of course, une carte de visite.
* En affaires, on aime travailler à l’américaine. Ponctualité exigée aux rendez-vous, séances de travail soigneusement préparées, obligation d’aller droit au but…
* Se faire assister d’un avocat est une pratique très courante, comme aux Etats-Unis.
* Agrément de Montréal, on s’y déplace à pied ou en transports en commun.
* Le cadeau à ses interlocuteurs n’est pas une obligation. Sachant qu’une bouteille de grand bordeaux ou de champagne millésimé sera toujours très appréciée.
* Côté tenue, costume et cravate, élégance française bienvenue. Il n’y a que le vendredi qui tolère un vêtement casual chic, entendons par là sportswear griffé (Lacoste, Polo, etc.).
* Bonne nouvelle, on commence le travail à 8 heures. Il ne s’éternise jamais après 17h30. Place, en hiver, au cocon familial, en été aux activités toniques comme on affectionne en Amérique du Nord : jogging, tennis, VTT, muscu en salle, golf ou même pêche. Il n’est pas rare d’être invité à suivre le mouvement. Excellent pour détendre l’atmosphère et tisser des liens personnels qui faciliteront les prochaines affaires.
* Autre bonne nouvelle, nos cousins canadiens n’hésitent pas à inviter leurs hôtes à passer le week-end à la maison. Il se déroule souvent dans un superbe chalet posé aux environs de Montréal. Immense forêt, lac limpide, village d’un autre temps, nature intacte… Le dimanche soir arrive toujours trop vite.
Montréal, la Françamérique
A voir si vous avez….

Une heure
Aucune hésitation, c’est sur la rue Sainte-Catherine que ça se passe ! C’est ici que bat le cœur de Montréal, entre boutiques branchées, bistros chaleureux, galeries souterraines particulièrement agréables en hiver, terrasses joyeuses dès les premières douceurs du printemps, spectacles improvisés par les artistes de rue…

Une journée
C’est le temps nécessaire pour flâner dans le vieux Montréal, un ensemble du XVIIIème siècle construit à proximité du Saint-Laurent. Il regroupe la place royale, l’hôtel de ville, de charmantes maisons de maître, des rues pavées à l’ancienne, la basilique Notre-Dame… Dans ce quartier s’est développée une vie d’échoppes croquignolettes et de bars intimes. Poussez les portes du musée des Beaux-Arts ainsi que du musée du rire, probablement unique au monde. Enfin, retrouver la rue Sainte-Catherine pour une séance de shopping. Dîner sur place. C’est ici que se trouvent les meilleures tables de Montréal.

Un week-end
A Montréal, vis comme les Montréalais. Donc, le week-end, c’est voiture de location et mise au vert. Soit en roulant plein nord pour partir à la conquête des grands espaces. Soit en longeant les boucles du Saint-Laurent. A l’Ouest, c’est Ottawa, la capitale politique et administrative du Canada, les chutes du Niagara ou encore Toronto la capitale économique du pays. A l’Est, voici la charmante ville de Québec et, plus avant, les landes de Gaspésie battues par les bourrasques de l’Atlantique. Trois directions qui mènent au bonheur du regard et de la visite.
Pratique
* Air Canada (0 825 880 881 et www.aircanada.com), Air Transat (0 825 120 248 et www.airtransat.com) et Air France (36 54 et www.airfrance.fr) desservent Montréal au quotidien depuis Paris. Voir aussi Corsairfly (0 820 042 042 et www.corsairfly.com). Le vol dure 8 h 30. L’aéroport Trudeau est à une vingtaine de kilomètres du centre ville. La course en taxi coûte environ 30 €.
* Formalités. Passeport valide obligatoire pour les Français.
* Argent. L’euro s’échange actuellement contre environ 1,60 dollar canadien.
* Heure. Quand il est midi en France, il est 6 heures le matin à Montréal.
* Se renseigner. Destination Québec (0 800 90 77 77 et www.bonjour quebec.fr quebec.fr ou www.ville.monreal.qc.ca).