Ni foi, ni loi, ni Dieu, ni maître mais juste un billet en business

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On imagine la génération Y un peu «roots» et peu friande de ce qui faisait le charme des déplacements pour les anciens, le confort. On les voit routards et baroudeurs. Une sorte de Tanguy de seconde classe et de siège éco. Un seul slogan : qu’importe la qualité pourvu que l’on puisse voyager. Autant de clichés qui volent en éclat aux USA où une étude Gallup démontre qu’au contraire, la soie et les fanfreluches ne déplait pas à ces jeunes voyageurs!

Rebelles jusqu’au bout de l’attaché case mais amateurs de bonnes choses, voilà résumée les leçons d'une enquête réalisée en septembre 2013 pour des universités américaines. Au-delà, on se rend vite compte que les jeunes pousses, celles qui demain nous remplaceront, apprennent plus vite qu’on ne l’imagine. Oui voyager est une approche carriériste mais pas tout le temps et pas n’importe comment. Bref, la business et les quatre étoiles ne sont pas absents de l’image de rêve qu’ils se font d’un déplacement professionnel.

On apprend également que le net ne sert pas seulement à trouver le meilleur prix mais qu’il est utilisé pour le meilleur rapport qualité/coût. Un conseil d’hôtel sur un réseau social peut conduire à trouver un hébergement bien plus qualitatif que celui inscrit sur un SBT. Beaucoup de jeunes cadres restent persuadés que l’absence des acheteurs sur le terrain est le piège majeur des outils technologiques mis en place dans l’entreprise. Ils n’ont pas tort d’autant qu’en France, et le baromètre 3mundi/DéplacementsPros l'a toujours démontré, l’écart se creuse entre acheteurs et voyageurs. Écart que tout le monde veut voir se combler. Mais qui fera le premier pas et comment ?

Sont-ils si différents de ce que nous constatons en France ? Certainement pas ! Les agitations de l’Escaet qui se déroulaient vendredi dernier, 27 juin, pour fêter les 30 ans de l’école, font apparaître une vision assez proche des jeunes étudiants français qui piloteront demain les achats voyage. Et pour cause, ils sont convaincus que de la qualité d’un vol dépend le résultat d’une prospection commerciale. Et ils ont raison. Mais peu d’entre eux se doutent que la vraie bataille se fera avec la hiérarchie et les directions financières car ne nous y trompons pas, tout est affaire de gros sous !

Toujours est-il que ces évolutions, en Europe comme aux USA, sont récentes. Vont-elles changer la vision, parfois simpliste, que nous avons de nos jeunes ? Sans doute car elle démontre que derrière une apparente nonchalance, voire un esprit rebelle, se cache une génération consciente que l’avenir est affaire de bataille économique… Dans les meilleures conditions possibles.

Philippe Lantris