Orly et le Grand Paris

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Ouf, la décision a été prise par le Gouvernement ! La crise n’y a rien fait, on construira le Grand Paris. Et c’est très bien. Tant qu’à dépenser de l’argent, autant que ce soit pour des infrastructures elles-mêmes porteuses de richesses supplémentaires. Dans ce contexte, l’aéroport d’Orly parait être le grand gagnant.

Orly et le Grand Paris
Il faut dire que la situation actuelle n’est pas brillante. En dépit des nombreuses petites améliorations apportées par les patrons de l’aéroport, Franck Goldnadel nommé ensuite à Roissy, puis Franck Meyrede qui lui a succédé, la plateforme parisienne la plus pratique n’a pas un niveau de prestations suffisant. Les deux terminaux en service ont été construits l’un en 1960 et l’autre en 1972, autant dire une éternité si on en juge par les formidables transformations de la société et, plus particulièrement, du transport aérien. Tant et si bien qu’Orly a un trafic stagnant à 27 millions de passagers par an.

Certes, tout n’est pas la faute d’Aéroports de Paris. Les Politiques s’en sont mêlés et naturellement ils ont fait de la démagogie. C’est ainsi que l’on a limité le nombre de mouvements d’Orly à 250.000 par an en 1994, pour des questions de bruit alors que les appareils actuels ont une empreinte sonore de 5 fois inférieure aux avions de l’époque. Bien entendu l’affaire arrangeait bien Air France qui ne voulait surtout pas voir British Airways mettre les pieds significativement à Orly. Pour des raisons qui m’échappent, le décret ministériel n’a jamais été modifié près de vingt ans plus tard alors qu’il aurait tout de même été plus logique de gérer Orly à partir de quotas de bruit, comme cela se pratique à Roissy CDG. Cela aurait débloqué une situation qui devient de plus en plus ingérable, tout en protégeant, comme cela est normal, les populations riveraines.

Mais, bon an mal, an, même avec une croissance de 3% par an largement inférieure à la moyenne mondiale, il faudra tout de même traiter en 2020, 35 millions de passagers. Et les exigences des clients du transport aérien ne feront que s’accroitre au fur et à mesure de leurs déplacements dans des pays où les aéroports sont de très grande qualité.

Les plans sont prêts et les travaux ont d’ailleurs déjà démarré par la modification des accès à Orly Sud qui en ont bien besoin. Ils devraient être terminés en 2018 avec la construction d’un module de jonction entre les terminaux actuels et la création d’une extension du pouce Est d’Orly Sud. En tout 100.000 nouveaux m² viendront s’ajouter aux 290.000 actuels, soit tout de même 1/3 de plus. Signalons que ces travaux seront entièrement auto financés par Aéroports de Paris.

Cerise sur le gâteau, la création des infrastructures du Grand Paris permettra d’installer un pôle multimodal à proximité immédiate du module de jonction. C’est ainsi que l’on trouvera la ligne de métro 14 qui traversera tout Paris et qui permettra de rejoindre Charles de Gaulle avec un seul changement, une ligne de tramway et même une jonction TGV. Il en sera ainsi terminé de l’indigente desserte ferrée actuelle qui dépose les passagers à Pont d’Orly soit à 2 kilomètres des aérogares alors qu’un emplacement pour une gare a été prévu par les concepteurs en … 1960.

Il reste à voir ce que décideront les autorités Gouvernementales quant au nombre de mouvements. Il serait en effet indécent de faire tous ces nécessaires mais coûteux investissements (400 millions d’€ rien que pour Aéroports de Paris), si c’est pour verrouiller le nombre de mouvements à son niveau de 1994. Les populations sont parait-il effrayées de voir arriver de très gros porteurs comme l’A 380. Mais Orly accueille déjà le B 747 qui est presque aussi gros et qui fait beaucoup plus de bruit que l’A 380. Il serait temps que les Elus locaux prennent conscience des formidables progrès du transport aérien, faute de quoi, l’aéroport stagnera, les clients trouveront des solutions alternatives, les compagnies iront vers d’autres pays plus accueillants et les emplois disparaitront.

Le signal donné par le Gouvernement en approuvant le lancement des infrastructures du Grand Paris est très positif. La volonté d’Aéroports de Paris de moderniser la plateforme d’Orly est réelle et les financements sont trouvés.

Pour une fois que les nouvelles sont agréables, on aurait tort de bouder son plaisir.

Jean-Louis BAROUX