Oubliez cravates et costume avant d’aller au Japon

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Vous connaissez la susceptibilité de nos amis japonais qui détestent se retrouver dans des situations non maitrisées qu'ils pourraient juger offensantes. S'il existe une règle de base dans l'approche culturelle du pays du Soleil Levant, c'est bien celle qui invite le voyageur à ne jamais chercher à "diminuer" son interlocuteur, que ce soit par l'approche vestimentaire ou les gestes familiers que l'on serait tenté de faire. Mais une révolution nipponne s'est engagée. Discrètement, sans bruit ni même manifestation. Le "cool bizz amélioré" est en vigueur depuis le 1er juin

Tous les spécialistes vous le diront, un patron japonais sans costume et cravate pour recevoir un européen est un japonais au bout du rouleau. Et pourtant, depuis la catastrophe de Fukushima, une denrée est devenue plus importante que le tofu ou le thon rouge : l'énergie électrique. Dans un pays aux températures marquées, la climatisation est un confort acquis... Qui consomme pas mal de courant. Pour en limiter la voracité, le Ministre de l'environnement Ryu Matsumoto a eu une idée simple : oublier le costume, la cravate et les chemises "manches longues". Conséquence, il a déclaré l'arrivée du "super cool bizz" qui va transformer en touriste chaque japonais dans sa propre entreprise. On imagine la scène chez Nikon au Canon, appareil photo à la main. Et pourtant, cette simple idée va faire économiser entre 15 et 30 % des ressources énergétiques du pays entre le 1er juin et le 30 septembre. Avec une baisse de la production d'électricité depuis le 11 mars dernier, le Japon ne veut pas se retrouver avec une capitale de 35 millions de personnes qui serait sans cesse victime de coupures. Et pour conforter cette idée que l'été est un moment idéal pour ne pas porter de costume, Ryu Matsumoto demande aux visiteurs d'affaires au Japon de se plier à ces nouvelles règles. Désormais chemises à fleurs et pantalons de coton sont de mise pour une signature de gros contrats ou des échanges commerciaux soutenus. Dans les entreprises nipponnes, cette nouvelle approche vestimentaire laisse sceptique. Même si dès le premier jour, la mode du "super cool bizz" a été un succès, la veste est une tradition difficile à faire tomber. Néanmoins, le Ministre du Travail pourrait demander que soit renouvelée cette opération qui fait appel au civisme très développé des Japonais. Reste à savoir qui va s'adapter le mieux à cette nouvelle vision vestimentaire : les Japonais ou les voyageurs d'affaires européens ? On risque d'être surpris par la réponse.

Marc Dandreau