Pascal de Izaguirre, Tui-Corsair : « Nous nous sommes attaqués avec succès au marché du corporate travel »

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"Faire évoluer la compagnie", voilà le mot d'ordre de Pascal de Izaguirre depuis qu'il est à la Présidence de TUI France et de sa compagnie aérienne Corsair. Longtemps décriée pour une piètre qualité de service, Corsair a repensé l'ensemble de son offre. Un travail en profondeur tant au niveau des services qu'au niveau du plan de vol. Avec une pensée toute particulière pour le voyage d'affaires.

Retravailler les destinations porteuses et les marchés attendus, il fallait du courage pour rayer des lignes et s'ouvrir à d'autres liaisons plus difficiles, comme Dakar ou Abidjan. Fini le charter, bonjour le régulier. Preuve de ce nouvel engagement, l'arrivée de deux A330-300 neufs et un vaste programme de reconfiguration des appareils vieillissants. Fin 2012, quatre avions étaient ainsi modernisés. En mai 2013, la flotte aura finie sa mue. Avec 491 millions de chiffre d'affaires en 2011, 1 300 000 voyageurs et 1 220 collaborateurs, Corsair s'attaque désormais au marché du voyage d'affaires. Un pari plus long et plus complexe qui privilégie une cabine "affaires" plus proche d'une premium de qualité que d'une business classique. Mais pour Pascal de Izaguirre, "Il y a un marché pour une offre qualitative proposée à un tarif compétitif". Toute la clé de la stratégie est là. Rencontre avec le Président de la compagnie.

DeplacementsPros.com : Quelle est la stratégie de Corsair dans le monde du Corporate travel ?

Pascal de Izaguirre : Dans le passé, Corsair ne s'intéressait pas à cette clientèle affaires. Nous étions une compagnie plus orientée vers le loisir que le business. Il est clair aujourd'hui que nous visons ce segment de voyageurs. Depuis un an, nous avons non seulement rénové notre cabine "grand large" mais aussi repensé nos appareils et intégré deux nouveaux avions neufs à notre flotte. Le dernier, l'A330-300 a été imaginé tant en matière de confort que d'équipements pour nos voyageurs. On a augmenté le nombre de siège "business" et veillé à ce que la chaîne complète, de l'embarquement au débarquement, soit faite de petits détails qui privilégient cette clientèle "affaires". Nous ne prétendons pas copier la clase affaires d'Air France mais simplement offrir le meilleur rapport qualité/prix sur nos lignes régulières que ce soit vers les Antilles, le Canada, Dakar ou Abidjan. Cette stratégie du meilleur rapport prix/qualité porte ses fruits car nous avons une très forte progression de la classe "grand large", d'environ 35 %.

DeplacementsPros.com : Peut-on comparer cette classe à une Premium ?

Pascal de Izaguirre : Je pense que nous sommes qualitativement au delà de la premium classique. L'inclinaison du siège à 126°, un espacement au sol de 117 cm, une prise de courant, des écrans individuels de 25 cm et un repose jambes permettent au voyageur de se déplacer confortablement. Nous avons également travaillé le service dès l'accueil à l'aéroport avec un guichet d'embarquement dédié, un salon d'attente à Orly et diverses petites attentions qu'attendent les voyageurs fréquents. L'ensemble de l'éclairage de l'avion a été retravaillé avec la mise en place du "moodlighting" qui module l'intensité lumineuse en fonction des différentes phases du vol. Autre nouveauté, notre nouveau système de divertissement IFE qui propose des longs métrages récents mais aussi des documentaires, un programme musical varié ou des jeux interactifs. C'est cet ensemble de détails qui rend très agréable le voyage en classe "grand large".

DeplacementsPros.com : Pensez vous développer des Contrats corporate avec les entreprises ?

Pascal de Izaguirre : Pas réellement. Nous sommes plutôt présents sur les réseaux comme CWT ou Amex et d'autres circuits avec qui nous avons de solides contrats de partenariats. Bien évidemment, nous pourrions avoir quelques contrats spécifiques avec des comptes privilégiés mais je crois que le travail réalisé par les réseaux porte ses fruits et pour l'instant, nous n'envisageons pas de faire évoluer cette stratégie de développement commercial. Nous avons également un travail d'information à assurer auprès de nos clients potentiels. C'est ce que nous avons engagé depuis quelques mois.

DeplacementsPros.com : Les trois qualités d'une compagnie qui vise le corporate travel sont la réactivité, la flexibilité et les prix, êtes vous dans ce triptyque ?

Pascal de Izaguirre : Je le crois. Nous avons renforcé le nombre de fréquences. Nous sommes en quotidien sur les Antilles et la Réunion, sur Dakar depuis peu de temps. Vers Abidjan début mars. Nous le serons cet été sur Montréal. Le nombre de fréquences est en hausse tout comme la flexibilité proposée à nos voyageurs pour leur permettre d'optimiser et d'anticiper leurs déplacements. Nous avons également renforcé notre programme de fidélisation pour qu'il puisse permettre aux voyageurs de bénéficier rapidement d'avantages sur nos lignes. Ce sont des points importants que nous avons retravaillé ces derniers mois. Enfin, le prix que vous évoquiez est une composante essentielle de notre offre corporate car, à qualité identique, nous sommes moins chers que nos concurrents en offrant aux acheteurs de bonnes conditions de voyages pour leurs salariés. En ce moment, on le voit bien, c'est une demande qui nous est souvent formulée. Nous ne visons pas la demande mondiale de très grands groupes, mais nous intéressons des PME/PMI implantés sur nos destinations et qui veulent un bon rapport qualité/prix. C'est une clientèle exigeante que nous devons aller chercher.

DéplacementsPros.com : Envisagez vous d'ouvrir de nouvelles destinations ?

Pascal de Izaguirre : Dans l'immédiat, non. Mais une compagnie aérienne doit toujours avoir des projets. Nous regardons là où se portent les demandes et quelles seraient les liaisons capables de nous offrir un développement économique réel. De plus, vous avez évoqué la flexibilité, il nous faut réfléchir à des destinations susceptibles d'être servies quotidiennement, même temporairement. Nous venons d'ouvrir Abidjan. Nous avons un peu de temps devant nous pour déterminer quels seront nos axes futurs. Pour l'instant, je me fixe un objectif de remplissage de cette classe "grand large" que je voudrais voir atteindre 75 à 80 %. C'est ambitieux et réaliste à la fois, même si ce taux là est celui que nous avons aujourd'hui en classe économique.

DéplacementsPros.com : Lors d'une conférence de presse, vous avez récemment affirmé que Corsair allait mieux. Vous confirmez ?

Pascal de Izaguirre : Le premier et le seul critère, ce sont les résultats financiers. Si on améliore l'ensemble des prestations et qu'au final nos résultats ne progressaient pas, on serait déçus. J'ai toujours dit que ce ne sont pas les volumes, pas le chiffre d'affaires ou la part de marché qui m'intéressent.... C'est la rentabilité. Elle seule détermine la réussite de nos plans de développement. Nous nous sommes fixés un cap : améliorer sensiblement cette rentabilité en septembre 2013. A ce jour, nous sommes dans les objectifs fixés. Il faut tenir ce cap. C'est ma mission.