Pierre-Henri Gourgeon va travailler sur la desserte directe entre Paris et CDG

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Je n'ai rien contre Pierre Henri Gourgeon, contrairement aux salariés d'Air France qui lui mette sur le dos la crise actuelle que traverse la compagnie. Mais force est de constater qu'il est un peu surprenant de reclasser l'ancien patron de la compagnie française à la tête d'une mission sur la création d'une desserte directe entre le cœur de Paris et Roissy. D'autant qu'au temps de sa Présidence, le sujet ne lui semblait pas essentiel.

Pierre-Henri Gourgeon va travailler sur la desserte directe entre Paris et CDG
Pourquoi ? Tout d'abord parce que c'est l'envoyer au casse pipe. Il y a 20 ans déjà, on parlait de cette ligne en disant à l'époque qu'elle "serait un exemple mondial en matière de trafic urbain entre une capitale et son aéroport". On attend toujours ce pur chef d'œuvre de l'industrie française. Arnaud Montebourg a là un dossier de taille. Autre raison de l'étonnement des professionnels à cette nomination de P.-H. Gourgeon : ses mandants sont, entre autres, l'Etat, la RATP, la SNCF, RFF et Aéroports de Paris. Des sociétés qui ont entre elles autant de points commun qu'un cachalot avec une danseuse étoile. ADP se soucie peu des voyageurs à moins d'y voir une rentabilité immédiate. Le projet est coûteux et le groupe ne voudra pas mettre la main au portefeuille sans un retour financier. A moins qu'ADP n'installe des boutiques dans les rames (je plaisante, bien sûr). Quant à RFF et la SNCF, on sait l'état de leurs relations. Autant dire que rien ne pourra avancer sans un médiateur diplomate. Et c'est justement ce qui coince avec P.-H. Gourgeon. S'il est brillant, il n'en demeure pas moins plutôt individualiste et "difficile à travailler", selon ses anciens collaborateurs. Une couche de plus à la complexité du dossier. Mais soyons positif, on a attendu plus de 20 ans, on peut encore attendre un demi siècle de plus.
Seule consolation, même avec des billets gratuits en première, il ne devrait pas ruiner la future compagnie ferroviaire... Si elle voit le jour.

Marcel Lévy