Pour consulter intégralement une journée d’internet, il faut 15 ans à temps plein !

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Il y a des chiffres qui étonnent, surprennent, choquent et interrogent. Ceux régulièrement publiés par l’université de Stanford font partie de ces données insolites que l’on a du mal à se représenter. Imaginez que pour lire tout ce qui est publié en une journée sur le net, il vous faudrait, à raison de 10 heures par jour, 5475 journées de travail, week-end compris.

On pourrait s’interroger longuement sur ce calcul, volontairement absurde comme le précisent les étudiants, mais qui révèle à lui seul le poids du numérique dans notre vie quotidienne. Première observation, derrière les datas, il faut y voir des ordinateurs, des réseaux de fils et de câbles, des millions de serveurs, des bornes wifi implantées un peu partout. Bref, derrière le contenu, c’est toute l’arborescence technique qui transparait. Il est bon d’en prendre conscience. Autre remarque, tout cela n’existe qu’en raison d’un besoin de communiquer des internautes. Que ce soit du réseau social, de l’actualité, de la vidéo, des textes techniques ou professionnels, nous avons tous une bonne raison de publier de l’information.
Mais la vraie question que pose ce chiffre, c’est le besoin aujourd’hui d’apprendre à trier les contenus. Gérer les plus performants, ceux qui s’adaptent très exactement à notre activité quotidienne et tous les autres, moins indispensables mais susceptibles d’attirer notre curiosité. A priori, traquer l’information nous semble à tous naturel. Mais savons-nous le faire ? Pas vraiment, disent les spécialistes qui évoquent alors la technicité des outils de recherche et le besoin d’apprendre un langage qui est loin d’être naturel. Pour les sociologues, la vision est différente. L’attirance de l’information fait le plan de lecture. Il faut être fort pour lutter contre ses pôles d’intérêt et s’arrêter aux seuls besoins professionnels. Aussi, quand j’entends parler de mobilité à outrance chez les acteurs technologiques du voyage d’affaires, je m’inquiète. Trop d’infos tuent l’info. Et à l’exception de deux ou trois données essentielles du dossier de voyage, toutes les autres innovations semblent superflues. Que ce soit l’agenda du lieu où l’on se rend, les restaurants ou les animations proposées. Autant de données que l’on ira volontairement rechercher en cas de besoin. Bref, mobile voudra dire aussi habile. Et l’habileté, c’est vrai que cela s’apprend.

Philippe Lantris,
New-York.