Pour payer moins cher, je suis prêt à aimer le monde entier !

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Je suis surpris qu’en ce jour de la Saint valentin, pas une seule étude sur le comportement amoureux des voyageurs ne soit venue perturber la sagacité des rédactions. Une belle enquête qui aurait démontré que l’altitude titille la libido et qu’un voyageur sur quatre rêve d’épouser une hôtesse de l’air (sauf celle d’American Airlines) ou un pilote de ligne pour les dames. Bref, du croustillant, du «osé»… Pire, du sexy un peu solide.

Pour mémoire, l’origine de la Saint Valentin n'a rien du romantisme échevelé - et commercial - de la fête d'aujourd'hui puisqu'il s'agissait, à l'arrivée des bateaux outre-Atlantique, de la «distribution des catins» aux messieurs partis à la conquête de l'Ouest. Depuis cette époque, les temps ont changé mais les compagnies aériennes exploitent le filon. On est loin du voyage d'affaires et pour être honnête, c’est un mail de lecteur qui m’a incité à revenir sur le sujet. Son calcul est simple : quatre à cinq fois par an, au prétexte d’une fête quelconque, les compagnies proposent des billets à tarif réduit pour partir à deux. Aucune d’entre elles n’oblige les deux voyageurs à être marié, fiancé ou paxé. Aucune ne les oblige à passer par la lagune vénitienne ou via un coucher de soleil à Key West. On peut être « amoureux » et bosser comme des fous. Bref, le prétexte est bon mais chacun fait ce qu’il veut de ses billets !
Conclusion, il est bon de placer ses réunions internationales à ces périodes-là. En divisant par deux le billet de l’accompagnant, on arrive ainsi à voyager partout dans le monde à un prix ultra compétitif pour des motifs moins futiles que la fête des Amoureux. Inutile non plus d’en faire trop. Pas la peine d’embrasser votre secrétaire ou votre collègue une fois arrivée au guichet d’enregistrement. Inutile non plus de lui tenir la main. On peut s’aimer avec pudeur. Mieux, notre lecteur me dit qu’en cette période de lutte contre l’homophobie, personne ne se permettra de critiquer un couple d’hommes ou de femmes. Tout bénef. C’est d’une justesse inattaquable. L’an prochain, je demande à ma patronne un séminaire à l’île Maurice. Six personnes pour le prix de 3. Je deviens le Leader Price du voyage d’affaires.

Marc Dandreau