Qatar Airways, la stratégie raisonnée de l’alliance

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La plupart des compagnies du Golfe doivent désormais réfléchir à leur stratégie de développement. Acheter des avions, ouvrir des lignes, nouer des partenariats privilégiés ou intégrer une alliance sont autant de sujets de réflexion qui s'offrent à ces entreprises, appelées à devenir les leaders mondiaux de l'aérien. Qatar Airways n'échappe pas à ce travail de fond même si, au final, le choix retenu est différent de celui de ses concurrentes du Golfe: elle va rejoindre une alliance.

En octobre prochain, Qatar va rejoindre OneWorld. On aurait pu s'attendre à ce qu'Akbar Al Baker, le patron de Qatar, fasse le choix de Star Alliance, globalement plus équilibrée que ses concurrents en matière de destinations desservies. Mais pour celui qui est surnommé "le renard de l'aérien", rejoindre OneWorld c'est une stratégie dans la stratégie. Premier constat, OneWorld - qui couvre le monde entier - est composée de compagnies très complémentaires à Qatar. Autre remarque, cette alliance comporte deux compagnies qui sont déjà "associées" à des transporteurs concurrents des qataris : Air Berlin proche d'Etihad et Qantas partenaire privilégié d'Emirates. A l'évidence, Qatar Airways veut se proposer comme l'alternative et développer elle aussi des relations commerciales sur des destinations présentées parfois comme prioritaires et largement dans le collimateur d'autres transporteurs du Golfe. Enfin, Akbar Al Baker va retrouver dans OneWorld British Airways et American Airlines, indispensables à l'extension de son réseau nord américain.
Face à ce choix de Qatar, Emirates ne veut s'appuyer que sur des contrats privilégiés, voire exclusifs avec des transporteurs, parfois en difficulté économiques et prêts à tout pour se placer sous l'aile d'un géant. Etihad de son côté fait le choix d'une prise de participation financière. Une politique qui demande beaucoup de moyens. Abu Dhabi n'en manque pas. On susurre toujours qu'une bonne partie du capital d'Emirates serait aux mains des banques d'Abu Dhabi. En tous cas cette stratégie financière paye : les résultats d'Etihad sont en hausse de 8% pour les premiers mois de 2013.

Pour le voyageur, les changements ne seront pas forcément immédiatement visibles dans l'immédiat, à l'exception de billets "porte à porte" pour des trajets complexes et surtout des Miles qui deviennent ainsi propriété partagées d'une douzaine de compagnies. Un vrai plus. C'est dans le long terme que tout va se jouer. Si la crise persiste, les règles d'investissements dans les compagnies européennes pourraient changer. Qui, mieux qu'un partenaire, pour vous aider alors à sortir la tête de l'eau ? Enfin, avoir un regard sur les tarifs est utile à se positionner. Qatar Airways a joué un coup malin et futé. Qui en douterait ?

Hélène Retout