Quand Eurostar coûte bien plus cher que l’avion

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A force d'avoir vanté à juste titre la qualité et la rapidité de l'Eurostar pour se rendre à Londres, force est de constater que la vitesse n'est pas seulement l'apanage du train mais qu'elle concerne aussi les augmentations de prix, qui finissent par atteindre des sommets tarifaires. Un aller/retour en non flexible dans la journée coute 425 € pour un départ le matin à 7h13 et un retour après 18 heures. En business Premier flexible, on est à 620 €. Difficile dans ce cas de ne pas regarder du côté de l'avion.

Il arrive qu'il y ait des promos exceptionnelles destinées au marché du loisir et que les voyageurs d'affaires saisissent au vol, pourquoi pas. Mais le calcul tarifaire plein pot, réalisé par un chef d'entreprise parisien, a du mal à passer les fourches caudines de son service achat. Et pour cause, Easyjet propose un aller-retour à 215 € pour un départ à 8h50 et une arrivée parisienne à 17h50. Certes, l'amplitude horaire est plus courte et peu adaptée aux affaires mais en y regardant bien, le même trajet aux mêmes heures que le train est vendu par Air France à 510 €. Tout de même 110 euros de moins que le train pour une durée porte à porte, départ d'Orly/Centre de Londres, de 3h26 soit 40 minutes de plus que le train (temps d'arrivée à la gare compris). On le voit, le calcul savant mené par notre homme en faveur de l'avion est loin d'être inintéressant. Avec une vingtaine d'A/R par mois pour un projet en cours dans la capitale anglaise... L'économie réalisée est importante pour une perte de temps minime. Et, ajoute t-il, "En regroupant les réunions de travail sur deux jours, et en intégrant une nuit d'hôtel, on finit par faire entre 150 et 210 € d'économies". Loin d'être négligeable.
Alors pourquoi cette politique tarifaire élevée ? Sans doute les contraintes techniques et les taxes de passage d'Eurotunnel expliquent-elles ce fait. Mais au delà, c'est le temps de transport qui fait le reste. La politique de centre ville à centre ville se paie. Et au prix fort. En cette période d'économies, je ne serais pas surpris que ce calcul devienne celui de pas mal d'entreprises. British l'a compris avec ses vols matinaux d'Orly. Air France a maintenu ses lignes et reconnait qu'elle sont très fréquentées. Eurostar n'est-elle pas en train de jouer avec le feu ? Son argument "vitesse" n'est-il pas surfacturé ? Autant de questions posées par les acheteurs et qui attendent des réponses commerciales. D'autant que si la crise s'installe, 100 ou 200 euros d'économie seront toujours bons à prendre.

Marc Dandreau