Quand Jean-Louis Baroux démantèle un réseau terroriste

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Imaginez un lieu prestigieux, le Vatican. Ajoutez-y des terroristes, des homosexuels allemands et d'anciens nazis au trésor bien caché. Prenez en otage des patrons de compagnies aériennes et vous aurez les 307 pages du premier roman signé Jean-Louis Baroux : « Peur sur le Vatican », paru aux Éditions l’Archipel. Je vous livre d’emblée la conclusion : la tolérance est une qualité à exploiter.

Il y a des livres que l’on pose sur le coin de son bureau en se promettant de les ouvrir rapidement. Au fil des jours, cette pile grossit et devient une promesse pour les vacances à venir, celle de les lire en prenant le temps de les savourer. L’ouvrage de Jean-Louis Baroux va bien au-delà. Une fois le nez plongé dans les premières pages, l’envie d’aller au bout vous prend. Vous titille. Le besoin de savoir et comprendre vous fait tourner les pages jusqu’à la solution. Trop tard, vous êtes addict !

C’est cela qui signe sans doute un livre de qualité construit autour d’une histoire plus vraie que nature. Mais dans cette peur sur le Vatican, il y a beaucoup de vrai et un peu d’histoire. Si l’énigme peut surprendre au fil des pages, la réalité des faits saute au visage des connaisseurs. Nous ne sommes pas dans la fiction mais bel et bien dans l’aventure du transport aérien depuis une vingtaine d’années.

« Toute ressemblance avec des patrons de compagnies aériennes existantes sur le marché serait fortuite », voilà ce qu’aurait pu écrire l'auteur en introduction de son livre. Mais il aurait menti car au fil des pages, on découvre que les vedettes de son roman ne sont pas très éloignées de celles qui font au quotidien le transport aérien. Dès la page 93, le ton est donné. L’auteur rappelle une anecdote qui s’est déroulée à Cannes en 2002. Si les protagonistes portent des noms de romans policiers, ils sont dans la réalité plus connus sous leur véritable identité, Jean-Cyril Spinetta ou Tim Clark, le premier a présidé Air France et le second dirige Emirates. Et il en va ainsi tout au long du roman. Le lecteur découvre ainsi les coups bas et les attaques que peuvent se porter des patrons de compagnies aériennes pour prendre des parts de marché.

Mais que diable est-il allé faire dans cette aventure ? Pourquoi donc se lancer dans un thriller qui va conduire le lecteur à découvrir ces stratégies cachées des compagnies aériennes et au-delà, à comprendre comment un trésor nazi peut finir dans un tableau volé par Goering lors de la dernière guerre mondiale ? A cette question, Jean-Louis Baroux répond par une pirouette ; «J’avais envie de me prouver que j’étais capable d’écrire un roman». Mais il ne faut pas le croire car derrière l’envie, il y a des faits. Et pas une simple promenade pour faire peur dans des milieux terroristes. Jean-Louis s’est laissé porter par le quotidien de ses personnages. «Je les ai laissé vivre en pensant les orienter vers des situations que j’avais mûrement réfléchies et qui m’ont échappé au fur et à mesure que le roman s’écrivait», reconnait l’auteur qui remarque que les 18 mois de gestation ont donné naissance à un livre un peu différent de celui qu’il imaginait à l’origine.

Il y a de l’autobiographie dans un roman. Il y a du Jean-Louis Baroux dans celui-là. Certes, la modestie de l’auteur ne lui a pas permis de prendre le premier rôle d’une histoire abracadabrantesque dans laquelle le lecteur va de surprise en surprise, ne s’attendant jamais à l’issue qui lui est proposée. Là où en toute logique on imagine apercevoir la solution, on découvre qu’elle est encore cachée plus loin derrière d’autres mots et ainsi de suite jusqu’à la fin. Car la surprise, celle qui fait toute la qualité au livre, est loin d’être évidente. Mieux, je dirais qu’elle sait se réserver. Que demander de mieux?
Si J’osais, je dirais que ce livre est un livre d’avion. Non pas parce qu’il se lit vite, ce qui est le cas tant on est pris par l’énigme, mais parce qu’il replace le lecteur dans un univers proche de celui qu'il vit au quotidien lors de ses déplacements professionnels. Voilà donc pour le fonds et la forme.

Bien sûr, vous, lecteurs, pourrait me reprocher mon empathie pour Jean-Louis. Et sans doute auriez-vous raison si ce n’est que la qualité d’une relation passe aussi par la contradiction que chacun apporte à l’autre. Dans ce cas, l’auteur ne cherche pas à flatter le lecteur. Bien au contraire, il le conduit à découvrir des faits et des situations qui changent en permanence mais qui restent le lit du transport aérien au quotidien.

Aussi, mon cher Jean-Louis, vous qui êtes le chroniqueur aérien de déplacements pros, souvent pertinent, toujours passionné, ne vous demandez plus si vous êtes capable d’écrire un roman. Recommencez, vous avez prouvé que vous savez le faire.

Marcel Lévy
Peur sur le Vatican

Terror over the Vatican (version anglaise disponible)


Editions L'Archipel
ISBN 978-2-8098 - 1576-4

307 pages 19,95 €