Quand le Ministre de l’intérieur veut gérer les passagers aériens

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"Le risque de menace terroriste sur la France est latent mais bien réel", affirme en substance le Ministre de l'intérieur après la tentative d'attentat sur le vol Amsterdam-Détroit du 25 décembre. Mais la volonté de Brice Hortefeux de resserrer la surveillance des passagers qui partiront des aéroports français laisse pourtant sceptiques les spécialistes de l’aérien.

Quand le Ministre de l’intérieur veut gérer les passagers aériens
Dès le 1er janvier 2010, Brice Hortefeux a décidé que des sanctions très dissuasives pourront être prises contre les compagnies aériennes qui négligent ou refusent de transmettre à l'avance les listes de leurs passagers aux autorités. Conformément à la loi antiterrorisme, il a donné instruction à la police aux frontières pour que ces compagnies fautives soient systématiquement verbalisées et que les amendes - de 50 000 euros par vol concerné - soient effectivement recouvrées. Enfin, le ministre souhaite la mise en place, au plan européen, d'un système PNR (Passenger Name Record) ambitieux qui permettrait de disposer et d'exploiter les données relatives aux passagers dès la réservation, pour identifier très en amont, avant même leur arrivée à l'aéroport, les individus suspects.

Pour André Marinier, spécialiste canadien de la sécurité « la France n’a pas les moyens humains et techniques de sa politique car la validation des informations est plus importante que le fait de récolter des données ». Même point de vue en Angleterre où Jack Lome pense qu’il n’y aura de sécurité réellement renforcée qu’avec la mise en place d’une politique européenne solide et qui repose sur une gestion des faits très poussées ». Face à ces critiques, Brice Hortefeux devrait présenter d’ici quelques mois l’organigramme d’une structure spéciale uniquement destinée aux contrôles aériens.

Pour mémoire, voici un résumé des décisions annoncées par le Ministre
- l’accès contrôlé pour des zones de sûreté où ne peuvent pénétrer que des personnes habilitées par le préfet ;
- La mise en place obligatoire de dispositifs de vidéo-protection ;
- La restriction du transport en cabine de produits se présentant sous la forme de gels et de liquides.
- Le renforcement de la présence policière dans les zones publiques aéroportuaires, par une augmentation de la fréquence des patrouilles ;
- Le renforcement, en personnel de la PAF, du contrôle transfrontalier, c'est-à-dire du contrôle des titres de transport ;
- Le renforcement, par des patrouilles de la gendarmerie des transports aériens, de la sécurité des aéronefs en zones réservées et de l'accès à ces zones ;
- Depuis le 27 décembre, mise en place de trois zones sécurisées, afin d'améliorer la fluidité de fouilles et des palpations supplémentaires que les compagnies aériennes ont l'obligation d'effectuer.