Quand le prédictif permet d’anticiper les perturbations de vols

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La révolution de la Data est en marche et fait évoluer la perspective des politiques voyage. De nouvelles méthodologies et progrès technologiques permettent aujourd'hui de capturer des données jusque-là intangibles pour mieux les piloter. Rencontre avec Bala Chandran, co-fondateur et CEO de Lumo, extrait du Mook for Business Travel réalisé en collaboration avec Aurélie Krau, associée Festive Road.


Quelle est la spécialité de Lumo ?

Bala Chandran : Nous avons analysé plus d’un million d’itinéraires aériens et avons démontré que 1 retard sur 4 pouvait être prédit avec une précision fine, et ce, plus de 16 heures avant que le retard ne soit annoncé par la compagnie aérienne. Lumo prédit donc des retards de vol des semaines, des jours et des heures en avance. Nous agissons en quelque sorte comme une prévision météo pour les voyages. Nos prédictions aident les entreprises, les compagnies aériennes, les TMC, les outils de réservation en ligne et d'autres entités de voyage à gérer les perturbations de vols.

Quelles difficultés rencontrées par les travel managers et acheteurs une telle technologie résout-elle ?

Bala Chandran : Premièrement, les travel managers veulent s'assurer que leurs voyageurs soient satisfaits et productifs durant le déplacement. Les retards de vols sont coûteux : pensez aux réunions manquées, aux longues attentes à l'aéroport, à la baisse de moral et de satisfaction au travail qui entraînent une augmentation du turnover des employés. Et pourtant, aujourd’hui, les travel managers ne peuvent pas y pas faire grand-chose. Eviter les retards de manière proactive, c’est s'assurer que les employés aient une meilleure expérience de voyage. Deuxièmement, il y a un cruel manque de visibilité. Si vous demandiez aujourd'hui à un travel manager combien de voyageurs vont se déplacer demain et combien d'entre eux risquent de subir des perturbations, ils ne disposent d’aucun moyen clair de le faire. Nous contribuons à cette visibilité en leur permettant de savoir où se trouvent leurs voyageurs et à quels problèmes ils peuvent être confrontés.

Selon vous, dans quelle mesure la technologie prédictive permet-elle aux travel managers et acheteurs d'avoir une meilleure visibilité sur la data liée aux déplacements ?

Bala Chandran : La visibilité dont ils disposent concerne le post trip : il est possible d’obtenir des rapports pour savoir combien de personnes ont voyagé de Boston à Londres le mois dernier, combien ces voyageurs ont dépensé et combien de nuits d’hôtels ont été annulées, par exemple. Je pense qu'il est devenu plus facile d'agréger les données de plusieurs sources pour donner aux managers une vue de bout en bout des données historiques de leurs voyageurs. La prochaine étape est d’apporter aux travel managers une visibilité sur l'avenir. Par exemple : combien de voyageurs seront en déplacement la semaine prochaine depuis Boston et Londres, y a-t-il des événements qu'ils doivent connaître, ont-ils déjà réservé leurs vols ou attendent-ils la dernière minute? La prochaine génération de technologie du voyage devrait aider à résoudre ceci.

Selon vous, quel impact aura l’accès à ces données prédictives sur le rôle de l’acheteur et du travel manager ?

Bala Chandran : Le rôle du travel manager consistait traditionnellement à contrôler les coûts en assurant la conformité à la politique voyage, à négocier les tarifs avec les fournisseurs etc. Nous les aidons à dépasser ceci en veillant à ce que leurs passagers soient bien informés et disposent des outils nécessaires pour une meilleure expérience. Nous avons constaté qu’avec Lumo les voyageurs sont mieux informés des perturbations. Ils
ont la capacité de gérer leurs vols et nous avons démontré un réel retour sur investissement grâce à la réduction du stress lié aux voyages et à l'augmentation de la productivité.
Cette interview est issue du MOOK #2, plus d’infos ici

Propos recueillis par Aurélie Krau.