Quand les quenelles de la CGT d’Air France énervent la direction

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C’est une photo révélée par Libération qui a mis le feu aux poudres de la CGT d’Air France. Une photo loin d’être anodine qui fait gronder à l’étage de la direction. Sur cette photo, on voit le porte-parole de la CGT d’Air France, un secrétaire de section et un membre de la commission exécutive. Mais la photo est loin d’être classique: tous les trois, dans le groupe, reproduise le geste de la quenelle inventé par le très antisémite déclaré, Dieudonné.

Dans un communiqué transmis à la presse, David Ricatte, le porte-parole de la CGT Air France, précise «Cet article au titre tapageur (Des syndicalistes de la CGT pris en flagrant délit de « quenelle ») tente de discréditer notre syndicat en l’amalgamant à des thèses contraires aux valeurs de la CGT. Nous en sommes indignés». Et de jouer l’air du complot cher à l’organisation syndicale proche du PC : «Concernant le fond nauséabond de cet article, plus proche de la presse people que d’un contenu d’information objectif et indépendant, notre Syndicat s’élève contre cette grossière manipulation qui vise à nous amalgamer à des thèses de l’extrême droite».

On aurait pu le croire, si le Net n’avait pas amplifié la réalité en démontrant que la CGT Air France a largement subventionné des places pour le spectacle «le mur» : 29,26 € au lieu de 41,80 €. Plusieurs membres du syndicat s’étaient publiquement étonnés de cet amalgame rapide faite par l’organisation. Pour seule réponse, citée par le Figaro, un éditorial du secrétaire du CE, Mounir Matili qui affirme qu'il n'est «pas question de refuser de programmer un artiste demandé par un nombre important d'agents Air France [...] Nous avons donc fait le choix de subventionner un spectacle demandé par le personnel, mais surtout, une prestation artistique et humoristique reconnue par la critique.» Mais pour beaucoup, Mounir Matili ne serait pas aussi neutre qu’il veut bien le dire. Des propos qui, faute de preuves, ne seraient que des accusations gratuites.

Côté Air France, on prend l’affaire très au sérieux même si s’attaquer à des délégués syndicaux serait compliqué en cette période d’équilibre social fragile autour de Transform 2015. Selon nos sources, la direction qui se dit «choquée» cherche à comprendre et veut faire toute la lumière sur cette affaire. Plusieurs pistes sont en train d’être analysées par les responsables juridiques de la compagnie qui ne veut, en aucun cas, être assimilée à ce qu’elle considère comme «une vision éthique très éloignée de celle de l’entreprise».