Quand un aéroport fait plus de 30% de hausse d’une année sur l’autre

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Il y a des chiffres qui surprennent. En lisant notre excellent confrère aerobuzz, on apprend que peu d'aéroports peuvent se vanter de faire + de 30% de hausse entre 2010 et 2011. Le grand gagnant de cette course aéroportuaire a de quoi surprendre, il s'agit de Beauvais, devenu le fer de lance du transport aérien low cost en Ile de France. On peut contester l'existence même de ces compagnies "low fares", toujours est-il qu'elle sont devenues aujourd'hui incontournables avec des progressions annuelles à deux chiffres de leurs résultats.

Personne ne doute désormais de la puissance des low cost et de leur empreinte dans le paysage économique européen. Leur force n'est pas seulement dans leurs tarifs mais surtout dans leur stratégie. De fait, en construisant un modèle bâti sur quatre heures de vol au maximum, en redéfinissant les fonctions du personnel de bord, en exploitant au mieux les nouvelles technologies et en ne communiquant que sur des prix bas, elles se sont donné une stature et une envergure que bien des compagnies régulières leur envient. Et de fait, la bataille économique est loin d'être finie même si elle peut s'avérer dangereuse pour les low cost.
Premier constat, la guerre des prix est associée à l'ouverture permanente de lignes. Pas de répit dans la liste des destinations ouvertes... Et fermées. L'offre est en perpétuel mouvement. C'est la seule possibilité de garantir un renouvèlement de la clientèle. Autre remarque, si elles ne disposaient pas de budgets "marketing" sollicités au titre de la communication, beaucoup d'entre elles ne s'équilibreraient pas. Ryanair est un exemple parfait avec un peu plus de 30 % de son chiffre d'affaires issu de l'argent versé en Europe par les collectivités locales pour attirer la compagnie irlandaise. De plus, si elles ont créé le modèle du fonctionnement à l'économie, rien ne dit que les compagnies dites "régulières" ne vont pas les copier. Air France, par exemple, en ouvrant Marseille et bientôt Nice et Toulouse, reproduit (à des coûts sociaux supérieurs) le modèle. Peut-être l'adoptera t-elle plus complètement un jour. Enfin, ultime remarque, elles commencent à s'intéresser au long courrier (Air Asia, Sunwing...) sans pour autant démontrer que les mêmes règles donnent d'aussi bons résultats économiques. Et au final, ces low cost sont devenues des compagnies comme les autres, voire mieux que les autres sur certaines destinations. Beauvais a bien compris qu'il fallait saisir cette opportunité ou disparaitre... A moins que demain, ultime développement commercial, la compagnie irlandaise ne se pose à Orly ou Roissy. Finies alors les hausses spectaculaires des résultats. Dans le monde du transport aérien, le succès est particulièrement fragile.

Hélène Retout