Rassurer les passagers

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Rassurer, encourager, informer : le travail des Travel Managers et des grands voyageurs va être double cette semaine : en plus de leurs occupations habituelles, les uns et les autres vont devoir se préoccuper de leur environnement après la catastrophe du Rio Paris qui transportait des touristes mais aussi de nombreux passagers en déplacement professionnel. […]

Rassurer, encourager, informer : le travail des Travel Managers et des grands voyageurs va être double cette semaine : en plus de leurs occupations habituelles, les uns et les autres vont devoir se préoccuper de leur environnement après la catastrophe du Rio Paris qui transportait des touristes mais aussi de nombreux passagers en déplacement professionnel. Pas simple et pourtant une évidence : l’avion reste le moyen de transport le plus sûr au monde.
Les images des premiers débris retrouvés sur l’Océan vont sans doute rapidement tourner en boucle sur tous les écrans du monde et pourtant, la vie continue. Et il va falloir repartir et encourager les collaborateurs à le faire, puisque c’est la vie de l’entreprise. Et expliquer patiemment que le niveau de sécurité du transport aérien est exceptionnel malgré les tragédies : 439 morts pour 2,3 milliards de passagers transportés l’an dernier. Même si les statistiques ne consolent pas, elles ont le mérite de remettre les choses à leur place. La route est autrement plus meurtrière, personne ne renonce pour autant au volant.

Il importe cependant de prendre en compte les questions qui se posent après ce type d’événement, à commencer par les explications techniques. Si le vol AF 447 est perdu pour des raisons mécaniques ou météorologiques, les avionneurs vont devoir passer aux explications sinon les passagers risquent de déserter leur siège. L’enquête sera longue mais les compagnies pourront difficilement attendre, car chaque vol sur le trajet d’un orage pourrait se transformer en panique à bord.
Par ailleurs les entreprises vont devoir réapprendre à gérer les risques du transport : l’entreprise qui a perdu toute son équipe commerciale dans le Rio-Paris, il faut bien le reconnaître cyniquement, va sans doute avoir grand mal à relancer sa distribution dans le Grand Ouest. La « jurisprudence » qui avait lieu dans les années 70 va devoir être réexaminée : il importe de ne pas transporter tout un Comité Exécutif dans un même appareil, un PDG avec son DG dans le même vol, une équipe marketing dans sa totalité en déplacement commun. Pas évident, surtout pour des incentives ! Mais gouverner, c’est prévoir. Même le pire. Et là diviser, c’est pour mieux protéger.

Anne Le Goff