Ryanair fixe un ultimatum à ses pilotes

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Carotte et bâton : le nouveau chef des opérations de Ryanair écrit aux pilotes pour leur proposer des augmentations de salaires, à prendre ou à laisser avant le 31 octobre. Mais refuse d'emblée les contrats locaux et la reconnaissance du "Comité représentatif européen des pilotes", exigés l'un et l'autre par les navigants.

Surnommé "Terminator" par de nombreux employés de Ryanair, le chef du personnel de la compagnie a repris le poste de Chef des opérations abandonné tout récemment par Mick Hickey, jugé responsable du récent chaos. Et manifestement, Eddie Wilson tient à sa réputation. Dans un courrier adressé aux pilotes pour sa prise de fonction, il précise les offres de la compagnie. Il rappelle ainsi que Ryanair propose une augmentation de salaire annuel allant jusqu'à 22 000 euros (bruts) pour les commandants de bord et 11 000 euros (bruts) pour les copilotes. Mais précise que tous les pilotes ne recevront pas le même montant en fonction des bases : "Les compagnies multinationales n'acceptent pas un paiement centralisé à travers 30 pays européens. Les gens sont payés différemment à Dublin qu'ils ne le sont à Athènes".

Et pourtant, il n'est pas question d'accorder des contrats locaux, ni la création de quelque forme de syndicat que ce soit : "Une tentative de créer une sorte de syndicat a déjà existé en 2004 et 2012, et cela n'a jamais fonctionné. Nous ne rencontrerons aucun syndicat, ni cette soi-disant organisation qui s'appelle le comité représentatif européen des pilotes". Pour le gestionnaire, "Ces accords ne peuvent être acceptés qu'entre Ryanair et ses représentants de chaque base", selon la formule mise en place par la compagnie.

Pour conclure, le chef du personnel est ferme : "Si vous n'acceptez pas cette proposition avant la fin du mois d'octobre, ces paiements pourraient être retardés à l'année prochaine ou ne pas être accordés du tout".

Le ton ne risque pas d'adoucir la position des pilotes qui ont d'ailleurs délégué une femme pour les représenter. Prenant tous les risques, Imelda Comer - commandante de bord à Dublin depuis dix ans - a écrit à Michel O'Leary en annonçant être mandatée par le Comité représentatif européen des pilotes pour entamer des négociations avec la direction et argumente : "La compagnie nous refuse le droit de nous engager dans un groupe collectif", explique-t-elle, "Cette manière de faire n'est pas en ligne avec les pratiques normales des autres compagnies vers lesquelles de nombreux collègues sont partis ces derniers temps. (…) Votre vieux modèle nous a amené à nos difficultés actuelles. Répéter les erreurs du passé n'aidera personne à avancer pour trouver les solutions à nos difficultés actuelles".