Ryanair refuse de dédommager les passagers impactés par la grève

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La mobilisation des PNC belges, italiens, espagnols et portugais a été forte les 25 et 26 juillet. La compagnie a supprimé 600 vols au cours des deux jours. Toutefois, elle refuse de dédommager les passagers impactés estimant que ces annulations ont été causées par des "circonstances exceptionnelles".

Ryanair a annulé 600 vols les 25 et 26 juillet en raison d'une grève des PNC belges, portugais, espagnols et italiens. Elle avait alors indiqué dans ses communiqués avoir averti les 50 000 passagers concernés, ajoutant avoir proposé des vols alternatifs ou un remboursement des billets.

Mais quand il faut parler des compensations - et par conséquent ouvrir son porte-monnaie - la compagnie n'a plus un discours aussi accommodant. La low-cost a indiqué le 26 juillet qu'elle refusait de dédommager les voyageurs impactés pendant le mouvement.

La compagnie a expliqué "Ryanair se plie entièrement à la législation européenne. Toutefois, comme ces annulations ont été causées par des circonstances exceptionnelles, il n'y aura pas de compensation". Elle estime qu'elle n'a pas à payer de dédommagement "quand un syndicat agit déraisonnablement et totalement en dehors du contrôle de l'entreprise".

La législation européenne prévoit qu'une compagnie aérienne offre une compensation financière aux passagers des vols retardés ou annulés, sauf en cas de circonstances exceptionnelles. La compagnie fait ici une lecture plus large de ces termes que les traditionnelles tempêtes, urgences médicales ou éruptions volcaniques.

Test-Achats menace de porter l'affaire devant les tribunaux
L'association des consommateurs belge Test-achats est rapidement montée au créneau après cette annonce. Elle prévoit d'attaquer l'entreprise en justice. "La compagnie a officiellement annoncé qu'elle n’indemnisera pas les passagers pour les vols annulés suite à la grève interne. Ryanair se moquant des droits des passagers aériens, nous entamerons des actions judiciaires si la société ne revient pas sur sa position", explique-t-elle dans un communiqué.

"La jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne est claire : une grève interne à une compagnie aérienne ne constitue pas un cas de force majeure et ouvre donc le droit à compensation pour les passagers".

Elle rappelle "Outre le choix entre un vol alternatif ou un remboursement de leur billet, les passagers ont droit à une indemnisation forfaitaire allant de 250 à 600€ en fonction de la distance qui devait être parcourue par le vol, sauf en cas de force majeure tel que des circonstances météorologiques difficiles ou un attentat terroriste".

L'organisation encourage également les voyageurs impactés à exiger une indemnisation sur le site web de Ryanair via ce lien.

L'Espagne fait une mise au point
Le gouvernement espagnol partage l'agacement de l'association belge. Dans un communiqué il a assuré "l'annulation d'un vol en raison d'une grève des employés d'une compagnie n'est pas considérée comme une circonstance exceptionnelle. Cela signifie que la compagnie doit payer une compensation pour les vols annulés si le passager a été averti moins de 15 jours à l'avance".

Madrid précise que le transporteur doit aussi fournir nourriture, boisson, transport et hébergement aux clients des vols annulés. Elle ajoute "si un passager choisit un transport alternatif, la compagnie doit trouver l'option la plus rapide. Elle ne peut pas seulement offrir des sièges sur ses propres vols ou des places sur des vols programmés un ou plusieurs jours plus tard s'il y a des sièges disponibles sur des vols exploités par d'autres compagnies aériennes le jour même".

Le site spécialiste des indemnisations aériennes AirHelp a analysé les programmes de Ryanair pendant les mouvements des PNC ainsi que des pilotes irlandais. En 8 jours de grève, 120 000 passagers seraient éligibles à une indemnité. La facture totale s'élèverait alors, selon ses calculs, à 33 millions d'euros