Ryanair, une compagnie à coups bas pour les conditions de travail

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Surprenant papier que celui publié vendredi 15 octobre, sous la plume de Philippe Larue, dans le quotidien la Provence. Après l'annonce du départ de la compagnie irlandaise, les langues se délient. L'intérêt public évoqué par Michael O'Leary en prend un sacré coup. Sociétés écrans, retraites complexes à récupérer. L'Europe sociale évoquée est loin d'être atteinte.

Ryanair, une compagnie à coups bas pour les conditions de travail
"Nous ne sommes pas tous directement salariés de Ryanair, mais aussi d'une sorte d'agence d'intérim, Crewlink, qui ne travaille que pour Ryanair", explique ainsi un salarié qui a accepté la mutation proposée par la compagnie. "Dans ce cas, le salarié n'est payé que pour la durée du vol et pas pour sa préparation ni l'escale où il nettoie l'avion. Et il ne touche rien s'il est malade. Pour ceux qui font peu de vols, cela fait des salaires dérisoires de 300 € par mois. Aussi Ryanair a ajouté des aides de 300 € par mois pour ceux qui restent trois mois dans la boîte, 600 pour ceux qui restent six mois. Car les gens quittaient vite la société. A Londres, des hôtesses Ryanair gagnent 800 livres et ne peuvent pas vivre". Autre exemple cité par le journaliste "en cas de maladie, les employés payent une pénalité de 30 à 50 euros par jour et un rendez-vous obligatoire à Dublin au bout de la troisième absence pour maladie".

Même difficulté en matière de retraites : "Pour faire le point", explique un ex-salarié, "il faut que je fasse le déplacement en Irlande. Ryanair ne se charge pas de cela, ne vous adresse rien. D'ailleurs, j'étais affilié à une des sociétés 'tiroirs', Dalmac, payée au vol. C'est 'démerdez-vous'. Il faut savoir ce qu'est un bulletin de salaire de cette société. On le télécharge soi-même sur internet. Et contrairement à un bulletin français qui est très détaillé sur les cotisations, les charges sociales, il y a deux lignes pour les retraits sur votre paye, sans précision. Après mon départ, j'ai reçu deux chèques de mise à jour de quelques centaines d'euros, sans précision".

Pour le Guardian qui avait dénoncé en Angleterre les conditions de travail "épouvantables" des personnels de Ryanair, la compagnie pourrait se retrouver rapidement acculée à des modifications de ses structures salariales qui viendraient pénaliser les coûts d'exploitation. Des députés européens, saisis par d'anciens salariés, planchent à une modification de la loi européenne pour les salariés des compagnies aériennes.