SNCF : après l’heure, c’est plus l’heure…Avant, c’est le procès

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La victoire est symbolique mais elle souligne assez bien les difficultés que rencontre la SNCF avec ses clients. D'habitude, elle est condamnée pour des retards répétés. Aujourd'hui, elle l'est pour avoir fermé les portes d'un TGV deux minutes avant l'heure du départ. Dur, dur d'être chef de gare.

Pour Maître Jérôme Bertrand, le combat n'aura rapporté que 129,30 €. Une somme qui est sensée couvrir les frais supplémentaires occasionnés par l'achat de nouveaux billets. L'histoire est étonnante. Le 21 juillet 2009, notre avocat doit prendre un train vers Bourg en Bresse, départ prévu 11h10. Notre client se pointe à 11h09. Impossible pourtant pour lui de monter dans le train: sur les TGV, les portes sont fermées deux minutes avant le départ pour permettre à la rame de partir strictement à l'heure. Enervé, il doit reporter son voyage, acheter de nouveaux billets que la SNCF refuse de lui rembourser. D'où le procès. D'autant que la question qu'il pose est légitime. Un train annoncé partant à 11h10 ne peut-il fermer ses portes deux minutes avant sous prétexte de ponctualité ? "Si cela était le cas, l'horaire annoncé doit être 11h08 et non 11h10", remarque Maître Bertrand qui souligne que "La demande de la SNCF à ses voyageurs d'être dans le train deux minutes avant le départ n'est qu'une recommandation et ne peut être en aucun cas une règle".
Concrètement, ces deux années de procédure devraient modifier l'approche de la SNCF pour ses horaires de départ. "L'heure annoncée doit être respectée", c'est la conclusion que l'on peut tirer de cette procédure. Pour autant, ces deux minutes de mise en route sont, sans doute, nécessaires au bon fonctionnement du système ferroviaire. Peut être faudra t-il les ajouter aux temps de trajets, comme on le fait aujourd'hui pour le temps de roulage des avions jusqu'à la piste de décollage. Au delà des faits, la condamnation de la SNCF marque l'ouverture d'un temps des procès qui ne fait que se développer. Désormais, l'icône du transport ferroviaire n'est plus intouchable et les règles émises ne sont pas des vérités inattaquables. Vendredi dernier, les passagers du train qui relie Lyon à Lille via Marne-la-Vallée et Roissy se sont retrouvés bloqués pendant cinq heures à la suite d'une panne technique. Plusieurs d'entre eux ont raté leur avion et leur voyage. Là aussi, les procès pour le remboursement des billets d'avion devraient s'engager. La SNCF est loin d'être sortie de ce tunnel judiciaire.

Marc Dandreau