SNCF : le low cost annoncé ne devrait intéresser que les petites et moyennes entreprises

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Peu ou pas vraiment d'intérêt de la part des sociétés du CAC 40 ou des entreprises de moyenne et grande importance face à l'annonce low cost de la SNCF. Le simple fait d'avoir à partir de Marne-la-Vallée (comme Ryanair le fait Beauvais) est un argument rédhibitoire pour la plupart des sociétés interrogées.

SNCF : le low cost annoncé ne devrait intéresser que les petites et moyennes entreprises
Les associations professionnelles qui regroupent des autos entrepreneur ou des TPE TPI se disent intéressées par la nouvelle offre de transport baptisée (temporairement ?) «Aspartam». La version édulcorée du train pourrait permettre de réduire sensiblement le coût des déplacements professionnels. Mais certainement pas les grandes entreprises : «Je vois pas des voyageurs professionnels prendre le train jusqu'à Marne-la-Vallée simplement pour économiser sur leurs prix billets de train» commente Abdelaziz Bougja, le patron des achats voyages chez Veolia. Dans un premier temps, la nouvelle offre devrait cohabiter avec IDTGV, l’autre train à prix d’appel de la compagnie ferroviaire. Une offre qui n’a pas encore fait la preuve de sa pertinence économique. Elle vient tout juste d’être recapitalisée, car ses pertes avaient dépassé en juillet 2011 la moitié de son capital social. Y aura-t-il de la place pour deux trains d’entrée de gamme ? Autre question concernant Aspartam, les rames qu’elle va utiliser. La nouvelle compagnie devrait disposer de trains dédiés ayant fait l’objet de modifications : classe unique, augmentation du nombre de sièges, réduction des espaces, notamment ceux destinés aux bagages. On ne passe pas de 525 à 630 sièges disponibles sans quelques sacrifices sur l’espace. Ce choix en entraine un autre, la politique du second bagage payant. Si elle se justifie dans l'univers de l'aérien, en raison du poids et du volume de carburant consommé, l’objectif est pour le train de fluidifier les montées et les descentes des wagons. Si ce dispositif ne gêne pas les voyageurs d’affaires, il prend le risque, bien réel, de dégouter la clientèle loisirs ! Quel sera alors la cible de ce train low cost ?

Décidée à soutenir ses ventes, la SNCF choisit la formule low-cost. Prix différent, service réduit, là où les TGV en proposent de plus en plus aux voyageurs : wifi, service à la place, réservations particulières. Le prix déplacera t-il les voyageurs d’affaires ? Abdelaziz Bougja en doute : «Les professionnels que nous sommes demandons des services permanents pour nos voyageurs. Il est donc normal que le prix du transport soit différent tout en restant raisonnable». Même vision pour Pierre Saccant, chef d'entreprise à Bordeaux, «Il aurait fallu que la SNCF annonce d'emblée l'ouverture de nouvelles lignes concernées par ces tarifs à 25 € ». Pour autant, il reconnaît que l'absence totale de services est pénalisante pour ceux qui souhaitent travailler pendant le trajet. «Si j'ai bien compris, l'offre sera encore plus attractive pour ceux qui monteront à Lyon et qui iront vers Montpellier ». Pour les lignes plus lointaines, non concernées par ces prix low cost (mais qui disposent d'offres IDTGV ou Prem's), comme Nice ou Toulouse, la concurrence avec l'avion demeure. Henri Gilles, designer sur la côte d'azur et qui sous traite ses créations en région parisienne, le prix ne changera pas sa préférence pour l'avion «qui reste quand même pour moi le moyen de transport le plus rapide pour rejoindre la capitale, d'autant qu'en trois ans le prix de l'aérien sur le Paris Nice est devenu, pour les premiers tarifs d'appel, quasi aussi compétitif que le train ». En revanche, les associations d'utilisateurs du train semblent plutôt séduites : elles regrettent principalement que l'offre soit limitée pour l'instant à une seule ligne : Marne-la-Vallée Lyon Marseille Montpellier. Comptent elles des voyageurs d'affaires parmi leurs membres ?