SNCF : rencontre Pepy/Borne, la montagne accouche d’une souris

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Tout le monde le savait à l'avance, la rencontre entre Guillaume Pepy et Elisabeth Borne s'est soldée par un long communiqué d'intentions qui ne fait que confirmer ce que le Président de SNCF avait annoncé en décembre dernier : plus de proximité et plus de grands travaux de maintenance.

Ils étaient rares les observateurs avertis du dossier à parier sur un big bang à la SNCF. Et pour cause, Pepy est à ce jour le meilleur connaisseur du dossier et le remplacer au pied levé était dangereux. Certes, le Président de SNCF est un fin politique qui sait botter en touche quand il ne veut pas répondre aux journalistes mais face aux dernières crises, force est de constater qu'il subissait plus qu'il ne pouvait agir. D'autant que les premières fuites du rapport Spinetta confortent ce qu'il dit lui-même depuis des mois : "SNCF paye aujourd'hui une absence d'investissements réguliers quant à la modernisation du réseau". Certes, en l'affirmant, il oublie avoir été le Directeur de Cabinet de Jacques Fournier, Président de la SNCF en 1988 avant de revenir prendre le même poste dès 1997 avec Louis Gallois…. Il y a vingt ans ! Autant dire qu'il connaît les arcanes de la SNCF et qu'il aurait pu peser sur bien des décisions. On ne refait pas l'histoire.

Sans surprise, le communiqué rédigé à la suite de la rencontre de ce lundi enfonce quelques portes déjà ouvertes et rappelle qu'il faut œuvrer "à préserver la confiance des voyageurs dans le système ferroviaire, auquel les Français sont très attachés". Une fois tant de banalités affirmées, les trois interlocuteurs présents à la réunion (Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau, était aussi de la fête) n'avaient plus qu'à dérouler le programme des réjouissances pour2017, déjà évoqué en novembre dernier.

Sans surprise, la priorité ira à l’entretien et à la modernisation du réseau existant avec des investissements ferroviaires de l'Etat qui se concrétiseront dans un projet de loi d’orientation des mobilités présenté en avril prochain. Spinetta peaufine son rapport, il serait - dit-on - favorable à un effacement de la dette par l'Etat pour permettre la relance des investissements. Dès 2018, ce sont 5,2 milliards d’euros qui seront consacrés à l’entretien et à la modernisation du réseau ferroviaire, soit près du double d’il y a dix ans. Cette année, SNCF annonce plus de 1 600 chantiers.

Pour Elisabeth Borne, il ne faut pas perdre de vue l'action de la SNCF qui doit, souligne t-elle, "Assurer la sécurité et la fiabilité du transport ferroviaire, mener les travaux nécessaires et en maîtriser les conséquences et enfin renforcer la confiance et mieux informer les voyageurs".

Première conséquence des grandes pannes de ces dernières semaines, SNCF Réseau lancera un diagnostic complet sur l’ensemble des systèmes d’alimentation électrique, de signalisation et sur les postes informatiques de toutes les grandes gares parisiennes (Paris Saint Lazare, Paris Nord, Paris Est, Paris Gare de Lyon, Paris-Bercy, Paris Montparnasse et Austerlitz) ainsi que sur les principales gares en région.

Der son côté Guillaume Pepy a confirmé la réorganisation interne à SNCF qui "repose notamment sur un nouveau management de la gestion des grands travaux et de l’ingénierie".

Enfin, sans surprise, l'information voyageur est une priorité tant pour l'Etat que pour la SNCF. La chaîne actuelle de suivi des incidents a largement montré ses faiblesses. Pour atteindre un niveau acceptable sur le sujet, SNCF a travaillé sur trois axes :
- Plus de transparence sur les travaux programmés avec un affichage systématique et lisible dans toutes les gares concernées.
- La mise en œuvre d'un indicateur de gravité des incidents d’exploitation du réseau qui permettra d’attribuer un indice de gravité à chaque incident, de façon transparente.
- La publication dès ce mois de janvier 2018, de la régularité observée pour les trains TER, Transilien, Intercités et TGV, qui permettra de connaître, dès le lendemain, la régularité par ligne ou axe, des 15 000 trains qui circulent sur le réseau français. Les résultats par lignes, par régions et par axes seront accompagnés d’informations sur les causes des principaux incidents.

Toutes ces mesures, mises en place immédiatement, ne devraient pas empêcher de nouveaux incidents de se produire. Pour la CGT comme pour Sud Rail, la baisse des effectifs est la première raison des défaillances constatées depuis des années. Et les syndicats de prévenir : "la réforme de SNCF ne saurait toucher au statut des cheminots sans susciter une grave crise au sein de l'entreprise". Une manière comme une autre de rappeler que l'emploi est la première richesse de la compagnie ferroviaire.