Seattle, sur un air de rock n’ roll

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Ici, l’Amérique regarde le Pacifique. Avec la certitude d’être à la source des pulsions qui feront le monde à venir, celui qui conjuguera grand ouest américain avec extrême-est asiatique. Sur ce registre, Seattle se pose en sentinelle du futur. Bienvenue dans le troisième millénaire.

Seattle, sur un air de rock n’ roll
Attention, ne pas confondre. Seattle (2,5 millions d’habitants) est la principale ville de l’état de Washington, sur les rives de l’océan Pacifique. Rien à voir avec la capitale politique des Etats-Unis posée côte est, et qu’il convient de faire suivre d’un indéfectible D.C. (pour district of Columbia), histoire de respecter la rigueur de l’administration américaine. Bref, à Seattle, nous sommes au nord de la Californie et à la frontière du Canada. Mieux, nous sommes au cœur de la nouvelle Amérique, celle qui vit hi-tech, qui ne jure que par les mérite de sa nature –elle est grandiose- et qui cultive par-dessus tout le plaisir de vivre « cool » comme on dit, fuyant le stress autant que le gaspillage, militant pour l’efficacité, la santé et la prospérité. Qui trouve à y redire lève le doigt et cherche rapidement ailleurs une autre félicité.
Toutes ces déterminations ne sont pas nées par hasard. L’ouest garde son esprit pionnier. Il insuffle à tous ceux, ils sont nombreux, qui viennent s’y installer, comme un élan, une volonté d’inventer des lendemains qui chantent. La raison en est probablement la géographie locale, celle qui, entre montagnes verdoyantes (la chaîne des Olympics) et vision du Pacifique, donne un esprit grand large. Elle est aussi guidée par les ténors qui assurent à Seattle sont rang actuel. Boeing d’abord, avec sa volonté de régner sur le monde des transports aériens. Microsoft ensuite dont l’un des fondateurs, Paul Allen est natif de la ville et continue, via ses multiples fondations, à en assurer la vitalité. Starbuck enfin, roi du café, qui entend instaurer un nouveau mode de convivialité, sur la planète entière. Avec de tels pères fondateurs, on peut envisager l’avenir avec sérénité. C’est ce qui se passe.
Seattle, sur un air de rock n’ roll
Comme un hommage à ses origines, la ville a conservé son centre historique. Il est en bord d’océan, tout de bâtisses briquées, disposées autour d’un marché aux poissons incongru sur le continent américain tant il rappelle la criée de Concarneau ou les halles de Rungis. Tout autour, s’est développée la ville moderne, verre et acier, parcs et galeries marchandes. Et au-delà, ce n’est que verdure, forêts, rivières, sentiers pour joggers, bikers et autres randonneurs, sans oublier les maisons de huit pièces semées en ordre parfait, comme dans un feuilleton télé. This is America et prière de ne pas déranger. Ici, on vit et très bien merci. Malgré une température invariablement frisquette, mais il parait que c’est tonique, et 350 jours de pluie par an, on dit que c’est la nature. 4X4 ou cabriolet, chacun son style, mais c’est forcément pour avoir le temps d’accompagner les enfants à l’école avant de filer vers son bureau multimédia qu’on quittera à 17 heures, histoire d’aller courir, pédaler, golfer, régater ou pêcher.
Pour le visiteur, ce sera le bonheur de découvrir un art de vivre new look, tout de vitalité et de fausse facilité. Car le travail reste une valeur dominante. Le dollar aussi. Tout est possible à Seattle, à la condition que la valeur ajoutée se transforme vite en billets verts. La preuve par le rock. Les deux enfants du pays, Jimmy Hendrix (génie absolu de la guitare) et Curt Cobain (le leader du groupe Nirvana, inventeur du grunge) ont contribué à la gloire de la ville. « Shocking » aurait-on murmuré à Londres ou à Boston. « Formidable ! », pense-t-on ici. C’est la marque, à deux générations d’écart, que la ville est à la pointe du jour. A Seattle, les frontières sont dessinées pour être repoussées.

Marc La Vaissière
Seattle, sur un air de rock n’ roll
A faire, à ne pas faire…
* Les journées de travail commencent tôt. Souvent, dès 7 heures. Déjeuner vite expédié et on éteint la lumière rarement après 17 heures. La fin de la journée est réservée aux activités de plein air. Chacun sa passion. Il est très fréquent d’être invité par ses partenaires à chausser les baskets
* Respect impératif des horaires de rendez-vous
* A l’heure du déjeuner, il est préférable de s’en tenir à l’eau ou au café. La pratique très française du vin ne doit pas dépasser le verre. Sinon, très mauvais effet garanti. En revanche, le dîner libère toutes les envies. Vin pétillant de Californie, excellent rouge de l’Oregon voisin, blanc de la Napa Valley, c’est au choix !
* La côte ouest américaine est « No smoking ». Le fumeur est mal vu. En aucun cas, il n’allume sa cigarette dans un lieu public. Y compris chez des amis, on sort sur le pas de la porte pour en griller une
* Entre deux séances acharnées de travail, on parle de ses (très) beaux enfants, de ses (très) beaux voyages, de sa (très) jolie maison, de sa (très) charmante épouse, de sa (très) grande voiture. La philosophie, on verra plus tard.
Seattle, sur un air de rock n’ roll
Une heure
Filez vers Pioneer Square, la place historique de la ville. Elle a été restaurée avec goût et les immeubles à l’ancienne qui la bordent sont désormais garnis de boutiques, de bistros, de galeries d’art… C’est absolument charmant et idéal pour garnir sa valise avant le retour en France.

Une journée
Commencez par une curiosité américaine, un authentique marché… ! Le Pike Place Market est installé sur le port de Seattle. Il est évidemment très réputé pour ses poissons et ses crabes géants. Ne pas manquer le numéro auquel se livrent les poissonniers, experts dans l’art de jongler avec les saumons et autres cabillauds qu’ils font atterrir d’un geste dans le panier des clients. Autre possibilité, visiter le siège de Boeing. Les spécialistes et autres passionnés de transport aérien apprécieront. Enfin, dîner au sommet de l’aiguille, The Needle, cette tige qui sert d’emblème à Seattle en même temps que de tour de communication. On peut grimper les
832 marches qui butent sur le restaurant tournant installé à près de
200 mètres au-dessus du sol. Les ascenseurs sont aussi pratiques. Repas quelconque (environ 60 €) et vue époustouflante.

Un week-end
Alors, voiture de location (la conduite aux Etats-Unis est d’une parfaite fluidité) et cap sur les trésors de la région. Immenses forêts, lacs, chemins de randonnées, rivières à truites, parcours de golf… La nature, très sévèrement protégée est vénérée dans tout l’état de Washington. Prière de la respecter, sinon, c’est l’amende garantie. Le décor de montagne dominé par le Mont Rainier fait merveille. Plus avant, pousser jusque sur les îles qui bordent le nord de l’Etat : Bainbridge, Whidbey et surtout l’archipel San Juan où l’observation des orques et des baleines est courante. Quelques écolodges (certains sont de très grand luxe) permettent de passer la nuit loin, très loin des urgences ordinaires.
Pratique
* Y aller. Vols directs quasi quotidiens au départ de Paris assurés par Air France ( www.airfrance.fr). L’aéroport est à 20 km du centre-ville. La course en taxi pour le rejoindre coûte environ 40 €
* Pour se restaurer, il est vivement conseillé de réserver sa table et de respecter l’horaire fixé. El Gaucho, temple du steak sous toutes ses formes. Ambiance informelle et joyeuse. Environ 60 € avec un solide rouge de l’Oregon voisin. 2505 1st avenue (206.728.44.77)
* Se renseigner sur www.visitusafrance.com et sur www.seeseatle.org ainsi que sur www.experiencewashington.com.