Sécurité aérienne : trop d’infos tuent l’info

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Depuis 2001, ce sont près de 8000 personnes qui travaillent à la NSA (National Security Agency) aux Etats Unis. Selon le Washington Post, "Les agents collectent près de 1450 informations diverses par seconde". De la plus anodine à la plus sérieuse qui demande une enquête poussée. Depuis quelques années, le gouvernement américain impose régulièrement aux […]

Depuis 2001, ce sont près de 8000 personnes qui travaillent à la NSA (National Security Agency) aux Etats Unis. Selon le Washington Post, "Les agents collectent près de 1450 informations diverses par seconde". De la plus anodine à la plus sérieuse qui demande une enquête poussée. Depuis quelques années, le gouvernement américain impose régulièrement aux compagnies aériennes des mesures sécuritaires qui s'attaquent à la liberté individuelle de citoyens. Et tout cela, pourquoi ? Apparemment pour rien, si l'on en croit les informations fournies sur la tentative d'attentat du vol Amsterdam/Detroit.
Cette tentative d'attentat inquiète les voyageurs. Le terroriste aurait tenté de mélanger un liquide avec une poudre collée à sa cuisse et dans ses sous-vêtements, pour provoquer une explosion. On peut comprendre que les autorités réagissent en renforçant les contrôles. Sauf que l'enquête révèle un élément fort : le jeune homme, d'origine nigériane, avait été signalé par sa propre famille aux autorités américaines, qui le soupçonnaient de s'être rapproché de fondamentalistes islamistes et l'avaient inscrit sur la liste des personnes à surveiller! C'est pourtant sans encombre qu'il a pu embarquer dans plusieurs avions vers les Etats-Unis, y compris à Amsterdam Schiphol. Aussi, avant de soupçonner, a priori, tous les touristes et les hommes d'affaires qui viennent les visiter, les Etats-Unis ne devraient ils pas commencer par surveiller les apprentis terroristes qui leur sont signalés ?

En France, le visa électronique (ESTA) mis en place par Washington fait sourire. Jaune. Le système ne fonctionne pas et, contrairement à ce qui avait été dit, ne supprime pas la fameuse carte verte de déclaration à faire à l'arrivée. Conclusion, la NSA doit valider et vérifier deux documents identiques. Depuis quelques mois, les transporteurs doivent aussi transmettre à l'avance une liste détaillée des passagers embarqués. Certaines de ces informations sont même en contradiction avec la fameuse constitution américaine sensée protéger les droits de chacun. On vient de voir l'inintérêt de la formule et le peu de cas fait autour d'un passager pourtant identifié comme dangereux.
Tout cela n'est rien si l'on prend en compte les "grandes oreilles" de la NSA qui passent leur temps à espionner nos mails, les messages téléphoniques et quelques 6 millions de sites internet. Le résultat est décevant pour ne pas dire risible. Il apparait clairement que si l'info existe, son traitement reste faiblard et tient de l'amateurisme. Les conséquences de cette incapacité chronique à gérer l'information se font sentir dans le monde entier : contrôles poussés, retards permanents, encombrement des passages de sécurité… Tout cela pour une compenser la faillite évidente d'un système. Déjà, certaines voix s'élèvent pour se demander s'il est bien nécessaire d'aller aux Etats Unis en ce moment. Non pas par peur, mais par réaction à toutes ces mesures.

Le pays de la lutte pour la liberté est devenu une forteresse paranoïaque qui se débat dans un magma d'informations qu'il a du mal à traiter. L'inventeur de l'info en continu victime de sa propre info. On a du mal à y croire.

Marcel Levy