Sécurité : trop, c’est trop ?

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D'accord, on n'en fait jamais assez trop en matière de sécurité des voyageurs. Mais il ne faut pas confondre ce qui tient du spectacle et ce qui est réellement utile. A peine oublié le bruit de l'explosion moscovite, voilà que la plupart des grands pays industrialisés veut renforcer de façon drastique les accès aux aéroports. Une couche supplémentaire de contrôles dont l'efficacité est loin d'être évidente.

Parmi les idées qui commencent à émerger : le contrôle des bagages et des passagers avant même qu'ils ne pénètrent sur une plate-forme aéroportuaire, et l'impossibilité pour les voitures de se garer ou de s'approcher des terminaux de départ. Les Américains, jamais en reste en matière d'idées sécuritaires, veulent même aller plus loin et proposent que soient définitivement mise en place, dans les 10 années à venir, une carte d'identité numérique universelle qui, comme certains billets de banque, posséderait un grand nombre de points de sécurité infalsifiables.
Il est vrai, et les derniers événements le prouvent, que depuis quelques mois tous les gouvernements attirent l'attention de leurs ressortissants sur les risques d'attentats potentiels, que ce soit dans leur propre pays ou à l'étranger. Les Britanniques, il y a quelques mois, faisaient même état d'une attaque imminente qualifiée par leur ministère des affaires étrangères « d'opération bien préparée et dont la finalité est de faire le plus grand nombre de victimes ». Même ambiance d'alerte en France, où l'on a évoqué les risques d'enlèvement au Mali et au Niger et où l'on vient de rappeler les dangers de mener des activités économiques avec des pays en guerre comme l'Irak ou l'Afghanistan.
Toutes ces annonces doivent au final faire le jeu des ennemis de la démocratie qui, à des milliers de kilomètres de là, arrivent à semer le doute dans l'esprit des forces de l'ordre des pays occidentaux. D'autant, et la plupart des experts le disent, que la dissuasion ne peut s'exercer que très en amont de l'acte terroriste. Pour certains, la pression qui est mise de façon très discrète par les services de sécurité des territoires européens sur les groupuscules islamistes ou autres donne depuis quelques mois d'excellents résultats. Il est vrai que, complété par la surveillance aéroportuaire, ce travail de fond est rassurant.

Faut-il alors chercher à rajouter des contraintes sur celles déjà existantes ? "Non", répondent les mêmes spécialistes qui demandent seulement que soient appliquées de manière rigoureuse les mesures qui existent déjà aujourd'hui. On l'a vu il y a quelques semaines, lors d'un reportage diffusé sur France2, l'absence de formation des personnels de sécurité, le laisser-aller dans les process de surveillance et de contrôle des bagages, le laxisme dont peuvent faire preuves les contrôleurs ou les surveillants aux portes d'embarquement sont autant de risques invisibles mais bien présents. Ajouter des forces de l'ordre, des caméras de télésurveillance, des détecteurs thermiques ou des engins encore plus sophistiqués… Voilà des pistes à développer. Mais sans stopper la fluidité, la liberté de circulation. Les voyageurs d'affaires vous seront reconnaissants de prendre ainsi soin de leur sécurité, sans les brider davantage.

Marcel Lévy