Soyons optimistes

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De petites en grandes actualités de la semaine, Jean-Louis Baroux puise dans l'information du transport aérien toute une série de raisons d'être confiant dans l'avenir. De la méthode Coué ? Notre spécialiste a en tous cas décidé d'être cette semaine un augure aussi agréable que la météo de ce week end de Pentecôte...

Soyons optimistes
Ça y est ! Monsieur de Juniac a commencé ses annonces quant au plan de restructuration d’Air France. Il est beaucoup trop tôt pour se lancer dans une analyse car les informations disponibles sont certainement incomplètes. Attendons donc tranquillement le nécessaire complément qui n’arrivera qu’après les élections législatives. Tout au plus peut-on dire que les dirigeants d’Air France semblent prendre enfin la mesure du sujet. Il reste à savoir comment les puissantes organisations syndicales vont réagir. Seront-elles assez fortes pour comprendre que rien ne sert de s’opposer à l’évidence ? Si c’est le cas, tous les espoirs sont permis. Par contre si, comme par le passé, les réactions sont trop négatives et si chacun cherche encore à défendre sa petite soupe, alors la pente vers les grandes difficultés sera presque impossible à remonter. Espérons dans la sagesse des responsables.

C’est fait. Selon toutes les hypothèses, Pierre Henri Gourgeon recevra bien son indemnité alliée à sa clause de non concurrence. C’est un peu dommage. On aurait préféré qu’elle n’existe pas et qu’il puisse librement vendre ses services à des transporteurs ennemis. Compte tenu de ce qu’il a réalisé pour la compagnie dont il avait la charge, nul doute que cela aurait été bénéfique à notre transporteur national. J’ai fait un petit calcul. Monsieur Gourgeon a pris les commandes d’Air France le 01 janvier 2009 après avoir été pendant plus de 10 ans le numéro 2 de la compagnie derrière Jean-Cyril Spinetta. Il l’a quittée contraint et forcé le 17 octobre 2011. Autrement dit il est resté aux affaires pendant 33 mois et demi. Pendant ce temps, le transporteur dont il avait la charge a perdu un peu plus de 2 milliards d’euros, et même 3 si on enlève la plus-value comptable réalisée sur Amadeus. La trésorerie s’est affaiblie de 1.468 Millions d’euros et la dette nette s’est accrue de 315 millions d’euros. Formidable bilan. En fait Monsieur Gourgeon a perdu par mois une trésorerie de 44,5 millions d’Euros. Au fond, on a très bien fait de lui payer une indemnité de non concurrence de 400.000 euros pour qu’il ne dirige plus la compagnie.

Et pendant ce temps-là, Roissy s’améliore. Certes cela n’est pas encore très visible, mais un travail de fond a été entrepris depuis plusieurs années pour faire retrouver à cette plateforme si complexe, un standard international. L’enjeu est colossal. C’est tout simplement le maintien à Paris d’un point d’entrée convenable dans un période où les accords d’ »Open Sky » vont se multiplier. Si cette transformation n’est pas réussie, c’est toute l’économie française qui en pâtira. Il convient à tout prix d’éviter le scénario qui s’est produit pour les ports français. Mais les efforts ont été consentis.
Depuis plusieurs années, la direction d’ADP a pris conscience du déficit de qualité des aéroports qu’elle gérait. Je n’ai pas cru, pendant longtemps à la détermination de son président Pierre Graff, mais je dois admettre aujourd’hui qu’une grande amélioration commence à se faire sentir. J’en ai eu la confirmation récente à la suite d’une visite de Charles de Gaulle que Franck Goldnadel son directeur et Anne Frisch son adjointe ont bien voulu faire avec moi, sur un itinéraire que j’avais préparé. Eh bien Roissy est tout simplement en train de se transformer et dans le bon sens. D’abord il y aura prochainement l’ouverture du satellite S4 ce qui permettra de redéployer tout le trafic. Les espaces laissés ainsi disponibles ont été je dois dire habilement consacrés au confort des passagers. On s’apercevra vite que les passages des filtres des PIF qui ont été un cauchemar pendant des années, auront été très améliorés. Les étroites salles d’embarquement des terminaux A et C seront enfin agrandies. De nouveaux commerces de qualité sont ouverts pour le bénéfice de tous y compris d’ailleurs d’ADP.

Mais surtout, j’ai senti la volonté de ne pas défendre un passé certes peu glorieux, (que n’ai-je entendu auparavant), mais bien je désir d’améliorer en profondeur la relation avec les passagers. J’ai perçu une humilité de bon aloi devant l’ampleur de la tâche mais la détermination farouche de faire les nécessaires progrès. Certes tout ne sera pas simple ni rapide. Il faut bien vivre avec une architecture aberrante. On ne dira jamais assez le mal qu’a pu faire Paul Andreu pourtant architecte largement reconnu et médiatisé, seulement, voyez-vous il aimait mieux le béton que les passagers. Et cela se sent très bien.
Il restera à Roissy encore quelques points noirs : la qualité des navettes qui relient les terminaux non desservis par le VAL ou tout simplement les déposes des passagers. Et puis il reste toujours à créer une véritable signalétique en entrée de l’aéroport pour remplacer ce qu’il faut bien appeler une « indigence ».

Je fais confiance à l’équipe dirigeante pour aller au bout de la démarche de qualité entreprise et elle peut compter sur moi pour dénoncer toute dérive négative, comme je l’ai fait par le passé.

Soyons optimistes

Jean-Louis BAROUX